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Claude Bolling, un géant s’en va.



Décidément cette année 2020 se sera terminée de façon triste pour le monde de la culture, et je ne parle pas ici du problème plus qu’épineux de la fermeture de ses lieux culturels. Non je veux bien sûr évoquer, après les départs de Caroline Cellier le 15 décembre dernier (je lui consacrerai bientôt un article), de Claude Brasseur le 22, et du violoniste Ivry Gitlis le 24, le décès d’un très grand musicien de jazz et compositeur de musiques de films, Claude Bolling, parti le 30 décembre à 90 ans.

Claude Bolling, naît à Cannes en 1930, fera ses études musicales au Conservatoire de Nice. Enfant surdoué, il démarre à 14 ans seulement sa carrière professionnelle aux côtés du monstre sacré vibraphoniste Lionel Hampton. Puis il enchaîne en intégrant l’orchestre du Hot Club de France. Dès lors tout s’enchaîne. Au début des années 50 il joue avec les jazzmen américains Roy Eldridge et Kenny Clarke. En 1956, il décide de fonder le Claude Bolling Big Band.

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Mais Claude Bolling au delà d’être un pianiste de jazz, est avant tout et surtout un musicien. Curieux de croiser les univers sonores, les modes de compositions. C’est ainsi qu’il entreprendra de composer pour des musiciens classiques tels que Jean-Pierre Rampal (suite pour flûte et jazz piano trio,1975), Alexandre Lagoya (concerto pour guitare et jazz piano trio, 1975), Maurice André (Toot suite, suite pour trompette et jazz piano trio,1981). Il jouera aussi bien dans des registres swing en avec son Big Band, mais s’aventurera dans le ragtime (cf la B.O.F de Borsalino), et fera des rencontres musicales et humaines avec des monstres sacrés comme Duke Ellington, Michel Legrand, Stéphane Grappelli. 

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Compositeur, Claude Bolling est également un créateur, puisqu’il est à la base de la naissance du groupe vocal féminin Les Parisiennes, dans les années 60. Il leur écrira paroles et musique, qui déboucheront sur des succès : « Il faut trop beau pour travailler « , « L’argent ne fait pas le bonheur », « Le 30 février », parmi d’autres.

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Cette carrière de compositeur de musiques de films, il l’a entamé dans les années 50, avec notamment « Oh que Mambo » (1955), et « cette nuit-là »(1957). En 1963, il écrit la musique du film « Le jour et l’heure » de René Clément. Son talent de composition est maintenant reconnu dans le monde du cinéma et au cours de la décennie 70-80, il va enchaîner les gros films et certains gros succès : « Borsalino »(Alain Delon, Jean-Paul Belmondo, Nicole Calfan.. etc.. 1970), puis « Borsalino and Co » (1974), mais aussi « Le magnifique » (avec Jean-Paul Belmondo, Jacqueline Bisset, 1973), « Lucky Luke »(1971), « Flic Story » (avec Alain Delon, 1975), ou encore « L’année Sainte »(avec Jean Gabin et Jean-Claude Brialy,1976), « Un papillon sur l’épaule »(1978) ou « 3 hommes à abattre », (avec Alain Delon, Michel Auclair, Jean-Pierre Darras..etc,1981), « La Gitane »(avec Claude Brasseur et Valérie Kaprisky, 1986), puis dans les années 90, « Hasards ou coïncidences » (1998).
Il aura ainsi côtoyé les cinéastes français tels Alain Corneau, Jacques Deray, Philippe de Broca, Claude Lelouch, Claude Pinoteau, de même que des acteurs ou actrices tels que Alain Delon, Jean Gabin, Bernard Blier, Danielle Darrieux, Claude Brasseur, Valérie Kaprisky, Caroline Cellier, Jean-Paul Belmondo, et une ribambelle d’autres. 

Un grand nom du jazz s’en va. Il laisse une oeuvre importante et riche, que jeunes et moins jeunes peuvent à l’envi (re) découvrir. Je vous laisse avec une floraison de morceaux composés par ce grand musicien. 

Guillaume.

Top films et B.O.F. 2019


Pour commencer cette année 2020, nous vous proposons d’abord une sélection des meilleurs films sortis en salles l’année dernière.

Parmi les critères parfaitement subjectifs retenus pour constituer ce Top 20 films de fiction : la qualité du film (évidemment !), le plaisir pris pendant la projection (ça ne va pas toujours de pair), la diversité des genres et des nationalités : de la France aux Etats-Unis en passant par la Corée du Sud.

Un cru 2019 où se dégagent des films à la croisée des genres (Parasite, Once upon a time… in Hollywood), à l’approche documentaire (Grâce à Dieu, Le Traître) et surtout engagés (Joker, Les Misérables, Bacurau), y compris sous l’angle de la comédie (Green book, Tel Aviv on fire).

Certains de ces films sont déjà disponibles en DVD à l’Espace Musique et cinéma de la Médiathèque (cliquez sur les titres soulignés pour vérifier leur disponibilité) et d’autres le seront prochainement.
Autre possibilité : la plateforme de ressources en ligne Eurêka, dont le catalogue de film est régulièrement enrichi de nouveautés. En savoir plus sur Eurêka.

En vous souhaitant de bons visionnages et surtout une très bonne année 2020 !

01. Joker de Todd Phillips
Un « blockbuster d’auteur » sur la persécution et la folie du futur meilleur ennemi de Batman, magistralement interprété par un Joaquin Phoenix qui fait froid dans le dos.

02. Douleur et gloire de Pedro Almodóvar
Une autofiction bouleversante et magnifiquement écrite. Un nouveau coup de maître après Julieta du cinéaste espagnol, qui vient de remporter pas moins de 7 prix Goya.

03. Parasite de Joon-ho Bong
La Palme d’or du dernier Festival de Cannes, où s’entremêlent brillamment le drame, la comédie, l’horreur… le tout revisitant la lutte des classes.

04. Les Oiseaux de passage de Ciro Guerra & Cristina Gallego
Un film sur la naissance des cartels de la drogue en Colombie dans les années 1970, dont l’approche ethnologique tranche avec les films de gangsters habituels.

05. Bacurau de Kleber Mendonça Filho & Juliano Dornelles
Un village brésilien disparaît brutalement de la carte… Point de départ scénaristique mystérieux d’une dystopie aussi réjouissante sur la forme qu’inquiétante sur le fond.

06. Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
Un film à la mise en scène épurée et d’une rare délicatesse sur la passion amoureuse naissante entre une peintre et son modèle.

07. Midsommar d’Ari Aster
Un film d’épouvante original, riche et parfaitement mis en lumière (d’autant que c’est le soleil de minuit l’été en Suède où se passe l’action !) par une B.O. aussi anxiogène que réussie.

08. Les Misérables de Ladj Ly
Un état des lieux coup de poing échappant subtilement au manichéisme. Grand prix du jury au Festival de Cannes, il défendra la France et ses quartiers (!) aux prochains Oscars.

09. L’Adieu à la nuit d’André Téchiné
Un film sur la radicalisation religieuse mettant en scène une fracture générationnelle et qui ne sombre jamais dans le pathos.

10. L’Heure de la sortie de Sébastien Marnier
Un film intriguant de bout en bout (mais que préparent donc ces ados surdoués bizarres ?) où la musique électronique sombre de Zombie Zombie joue un rôle essentiel.

11. Grâce à Dieu de François Ozon
Un hommage à ceux qui ont le courage (et la foi oserait-on dire…) de briser le silence, et dont l’importance nous est rappelé par l’actualité de ce début d’année…

12. Once upon a time… in Hollywood de Quentin Tarantino
Un film tragi-comique sur le cinéma, l’un des plus touchants et nostalgiques (et des moins violents ! quoique…) de Tarantino.

13. Ad Astra de James Gray
Un autre film où Brad Pitt excelle ! Une aventure spatiale où le réalisateur américain préférés des critiques français (sinon pas loin) parvient à poursuivre son exploration des relations familiales.

14. La Favorite de Yórgos Lánthimos
Avec son habituel mélange de drôlerie et férocité, ici magnifié par Olivia Coleman (à qui les rôles de reines d’Angleterre réussissent bien), le sulfureux réalisateur grec revisite cette fois le film d’époque en costume.

15. Geen book : sur les routes du sud de Peter Farrelly
Un road movie drôle et émouvant inspiré d’une histoire vraie, du temps de l’Amérique ségrégationniste.

16. Tel Aviv on fire de Sameh Zoabi
Un autre exemple de comédie insolite autour d’un sujet lourd, cette fois… le conflit israélo-palestinien, oui oui c’est possible !

17. Le Traître de Marco Bellocchio
Le portrait classieux et fascinant de Tommaso Buscetta, l’un des premiers repentis de la mafia sicilienne Cosa nostra.

18. Sibel de Çagla Zencirci & Guillaume Giovanetti
L’histoire envoûtante d’une jeune femme en quête d’émancipation… ne « parlant » que le langage sifflé des montagnes turques !

19. So long, my son de Wang Xiaoshuai
Une fresque familiale déchirante, magnifiquement écrite et filmée. 40 ans d’histoire de la Chine en 3h05 dont on ne peut ressortir indemne.

20. Rêves de jeunesse d’Alain Raoust
Une ode à l’utopie où l’on retrouve une certaine… Estelle Meyer, récemment vue en concert à la Médiathèque lors du dernier Festival Les Aventuriers !! Lire l’article Les Aventuriers 2019, Clap de fin!

Et pour finir :
2 films d’animation particulièrement sensibles et émouvants : J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin et Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman & Eléa Gobbé-Mévellec.
Sans oublier pour un public plus familial : Toy Story 4 de Josh Cooley, Le Roi Lion de Jon Favreau et la relecture de Dumbo par Tim Burton

– et 1 film documentaire pour les fans de foot mais pas que : Diego Maradona d’Asif Kapadia.

Autres films de 2019 à voir disponibles en DVD :
Les Crevettes pailletées de Cédric Le Gallo & Maxime Govare, Qui a tué lady Winsley ? d’Hiner Saleem, La Mule de et avec Clint Eastwood, Arctic de Joe Penna, Les Météorites de Romain Laguna, Border d’Ali Abbasi, Vice d’Adam McKay, Une intime conviction d’Antoine Raimbault, Styx de Wolfgang Fischer…

Et du coté des meilleures bandes originales de films 2019 :
Disponibles en CD : Midsommar de Bobby Krlic, L’Heure de la sortie de Zombie Zombie, Grâce à Dieu des frères Evgueni et Sacha Galperine, Green book de Kris Bowers, Brooklyn affairs de Daniel Pemberton, Les Hirondelles de Kaboul d’Alexis Rault, Yesterday interprétée par l’acteur du film Himesh Patel…

Et à écouter en streaming sur diMusic depuis Eurêka : Douleur et gloire d’Alberto Iglesias, Roubaix, une lumière de Grégoire Hetzel, Au nom de la terre de Thomas Dappelo, Papicha de Rob, Yves de Bertrand Burgalat… et de nombreuses autres !

Le meilleur du meilleur dans la playlist YouTube ci-dessous :

Julien

Burton / Elfman, duo inséparable.


Pour démarrer 2020, remis des agapes traditionnelles et son cortège de bulles notamment, j’avais envie, après Leone-Morricone, Spielberg-Williams, Besson-Serra, d’évoquer ici un quatrième duo de cinéma réalisateur / compositeur de musique de film, à savoir l’association entre le réalisateur-scénariste-producteur Tim Burton et son acolyte de toujours, le musicien Danny Elfman.

Le premier souvenir que j’ai de l’univers concocté par l’alchimie de ces deux talents, fut quand j’ai découvert au cinéma le film génial qu’est « Edward au mains d’argent ». Un film brillant, drôle, grinçant, qui met en avant un Johnny Depp brillantissime dans le rôle d’Edward, ce personnage aux mains en forme de ciseaux, au sein d’une petite ville de province dans l’Amérique des années 50. Un formidable plaidoyer sur la tolérance, le respect de la différence.

Tim Burton n’est pas un cinéaste qui se laisse enfermer dans un genre cinématographique. Sa filmographie parle pour lui, puisqu’il a exploré aussi bien le monde l’animation, avec des films comme « Noces Funèbres », « L’étrange Noël de Monsieur Jack » en tant que co-scénariste), « Frankenweenie », « James et la pêche géante » ou encore « Vincent », les grosses productions hollywoodiennes telles la série des Batman (« Batman », « Batman returns » et « Batman forever »), avec dans chaque film tout ce qui le caractérise, à savoir la noirceur, la dérision, l’ironie, sur fond de critique du monde tel qu’il est aujourd’hui, servi par des castings étincelants, puisqu’on retrouve aussi bien Michael Keaton (Batman), Jack Nicholson (The Joker), Michelle Pfeiffer (Catwoman), Christopher Walken (Max Shreck), ou encore Danny de Vito (Osvald Cobblepot).

Dans le dernier volet, Burton réunit là aussi un casting de prestige avec Val Kilmer (Batman), Chris O’Donnell (Robin), ou encore le génial Tommy Lee Jones, les talentueuses Drew Barrymore, Nicole Kidman et le fantasque comédien Jim Carrey.

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Il a aussi réalisé « La planète des Singes », avec là aussi une distribution 5 étoiles, jugez plûtot : Marc Wahlberg(« Boogie Nights », « Les infiltrés » avec Leonardo Di Caprio), Tim Roth (« Reservoir Dogs », « Pull Fiction »), Michael Clarke Duncan (« La ligne verte », « Armageddon », « La planète des Singes », « Sin City », avec Mickey Rourke), Helena Bonham Carter (« Frankenstein », avec aussi Robert De Niro et Kenneth Brannagh), ou encore le chanteur de country-folk et comédien américain Kris Kristofferson, et la présence de Charlton Heston ( « Ben Hur », « Les Dix Commandements »), et Linda Harrison, qui étaient les rôles principaux de la première version de ce film réalisé en 1968 par Franklin J. Shaffner. Mais à côté de ça, Tim Burton nous a aussi offert des films pleins de poésie, tels « Charlie et La Chocolaterie », « Alice in Wonderland », un biopic sur le comédien-réalisateur-producteur Ed Wood, des films plus ténébreux comme « Dark Shadows », inspiré d’une série des années 60-70’s. Son acteur fétiche, tout au long de sa filmographie reste sans conteste le fantasque Johnny Depp avec qui il a tourné 7 films.

Bref le gars est éclectique, brillant, et la réussite est souvent là, en terme de succès critique et populaire, ce qui lui permet d’être encore aujourd’hui assez libre dans ses choix de films.

Mais son oeuvre ne serait pas ce qu’elle est sans le travail, à ses côtés, depuis de très nombreuses années, du compositeur Danny Elfman. Issu d’un père militaire et d’un mère romancière, il grandit à Los Angeles. Adolescent, il décide de partir rejoindre son frère aîné à Paris, et joue du violon dans la troupe du Grand Magic Circus, dirigée par le comédien et metteur en scène Jérôme Savary.

En 1973 il rejoint le groupe formé par son frère, une formation orienté New Wave, voire parfois attirée par le ska, genre musical issu de la Jamaïque, popularisé en Europe par le groupe anglais Madness et son fameux tube « One step beyond ». Il compose en 1982 sa première musique pour le film de son frère « Forbidden zone », puis rencontre Tim Burton en 1985 et compose la musique de « PeeWee Big Adventure ». La collaboration entre les deux hommes est lancée. Après ce premier essai, il écrira les musiques de : « Beetlejuice », « Batman », « Batman returns », « Edward aux mains d’argent », « Mars attacks ! », « Sleepy hollow », »La planète des Singes » ou encore « Les noces funèbres », « Big fish », « Dark shadows »… Bref une sacrée collaboration, qui a accouché de très beaux succès.

Mais Danny Elfman n’a pas travaillé uniquement avec ce génie de Tim Burton. Il a en effet composé des musiques pour de très illustres réalisateurs tels que Martin Brest (« Midnight Run »), Warren Beatty (« Dick Tracy »), Henry Sellick (« L’étrange Noël de Monsieur Jack »), Brian de Palma (« Mission : Impossible »), Barry Sonenfeld (« Men in Black) ou encore Sam Raimi (« Spider-man » et « Spider-man 2 ». Il a également travaillé pour la télévision, puisque c’est à lui que l’ont doit la musique des fameux « Simpsons », et des célèbres « Desperate Housewives » et les « Contes de la Crypte ».

Pour autant donc, le travail du duo Burton-Elfman est assez remarquable, et en général le public retient bien l’ambiance, le climat sonore créé par le compositeur pour illustrer le récit du réalisateur.. La marque des très grands. Espérons que ce duo, qui travaille ensemble depuis bientôt 35 ans soit encore prolixe dans les années qui viennent, pour notre plus grande joie.

En attendant, je vous laisse avec un florilège de musiques de films de Danny Elfman, à écouter ou découvrir.

Bonne année à vous toutes et tous.
Qu’elle vous apporte cinématographiques et de belles musiques de films.

Guillaume.

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