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GOGO PENGUIN, EPISODE V.

Le trio irlandais de jazz Gogo Penguin, a sorti en 2020 son cinquième opus au titre éponyme « Gogo Penguin ». J’avais découvert ce groupe en 2018, lors de son passage à la salle Jacques Brel de Fontenay-sous-Bois, lorsque le trio était venu y présenter « A hundrum star« , sorti cette année-là. Le concert avait été magique. Intense. Le public présent ce soir-là réservant d’ailleurs une ovation au trio irlandais en fin de concert.
Alors quid de « Gogo Penguin », cinquième avatar musical du trio britannique ?
Hé bien, franchement, je dois avouer que ce cru 2020 est dans la droite lignée de « Hundrum Star » et ses prédécesseurs. Il brille par cette unité et cette signature sonore qui rend désormais le trio irlandais reconnaissable, fait d’intensité, d’espace et de mélodies savamment travaillées, triturées. Les trois compères, Chris Illingworth (piano), Rob Turner (batterie), Nick Blacka (contrebasse) s’entendent à merveille. La musique est parfois spatiale, en tous cas très épurée, encore une fois dans le droit fil de leurs productions précédentes, mais sans jamais se laisser aller à une quelconque facilité commerciale ni de production. Tout est soigné, au cordeau. Le son léché donne à leur univers musical une ampleur unique. Les titres qui défilent ne faiblissent pas,
« Atomised » qui ouvre l’album nous indique tout de suite que le trio n’est pas là pour faire n’importe quoi. Le piano de Illingworth est d’entrée des plus hypnothiques, soutenu magistralement par ses compères Rob Turner et Nick Blacka. Ca tourne magistralement. La musicalité du groupe est toujours là. C’est puissant, précis, mélodique, entêtant.. Une mélodie qui vous emmène vers des contrées lointaines. Immédiatement. Le suivant « Signal in the noise » démarre de manière métronomique, un base rythmique vant soutenir sans faille la cadence infernale imposée par le piano. La machine Gogo Penguin, ultra rodée, s’entend à merveille et cela se ressent. Et le reste est à l’avenant. Une farandole de notes, de rythmes maitrisés, avec des embardées sonores parfois inattendues comme dans « Kora » aux accents électro teintés d’ambiance asiatique.
Par la suite, des morceaux comme « Totem », « To the Nth », « Don’t go » restent dans le droit fil de ce que sait faire avec brio ce trio irlandais. Avec parfois un petit sentiment de répétition…mais léger.
Egoïstement, j’attends le jour où ils intégreront un nouvel élément instrumental (guitare, saxophone) à leur groupe, pour élargir le champ des possibles.
J’ajoute que ce jazz très maîtrisé n’aurait sans doute pas déplu à un grand musicien récemment disparu, Chick Corea, ou à un autre grand nom du jazz, Esbjorn Svensson, disparu tragiquement en 2008. Pureté, minimalisme, mélodies sont au rendez-vous de ce « Gogo Penguin », qui est un album à écouter, découvrir.
Gogo Penguin
Voilà donc le 4ème opus de ce trio originaire de Manchester! Autant vous dire tout de suite, après avoir découvert ce groupe en live à Fontenay en 2017 et sur disques au travers des 2 précédentes réalisations, j’étais impatient d’écouter leur nouvel album « A Hundrum Star« . Qu’on se le dise, Gogo Penguin, est bien de retour, avec toujours chevillé au corps cette envie de concocter une musique très aérée, quasi spatiale.
Les morceaux s’enchainent, sans relâche, une constante de construction musicale chez ce jeune trio. En découle ici, plus aboutie encore, une musique parfois déroutante, presque proche d’un répertoire de musique répétitive ou contemporaine, mais qui réussit à ne jamais perdre en route son auditeur. Le piano de Chris Illingworth sait se faire tantôt hypnotique, parfois lyrique, envoutant, laissant la rythmique basse-batterie de ses compères Nick Blacka et Rob Turner venir se greffer et prendre en charge la structure du morceau. L’autre constante est, mis à part « Prayer » qui ouvre l’album, de proposer à l’auditeur des morceaux moyennement ou assez longs (le plus long « Strid », dure 8’11!). Outre « Prayer », ce sont neuf plages musicales très réussies, à savourer jusqu’au terminal « Window », qui nous font voyager vers des univers musicaux très dépouillés, très épurés. L’alchimie, la potion magique qui animent ces 3 garçons, ne se démentent jamais. Le plaisir d’écoute est total, pour qui sait et veut se laisser porter.
La formule historique du trio en jazz (nombreux sont les exemples à citer, je ne le ferai pas ici….) prouve, encore une fois, par le talent de ces garçons, que c’est efficace, tout en offrant de multiples combinaisons sonores et rythmiques. Rien que du bonheur!
Une très belle réussite que j’ai déjà hâte de voir sur scène.
Guillaume.