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Michel Legrand, entre jazz et musiques de films, chapitre 2.

Suite au volume 1 déjà chroniqué ici, voilà donc le second volet du coffret « Le monde musical de Michel Legrand » concocté par l’excellent label Frémeaux & Associés. Dans le précédent article consacré à ce coffret magistral, je m’étais arrêté sur la partie jazz de ce grand musicien, qui consacrait un disque entier à Cole Porter, immense musicien de jazz du début du vingtième siècle.
Pour ouvrir ce deuxième chapitre du coffret intitulé « Le monde instrumental de Michel Legrand : Jazz et Musiques de films », sur le disque numéro 7, on démarre avec la formation orchestrale de Michel Legrand, qui interprète le titre « Falling in love again », classique du jazz américain, puis on arrive à la chanson « Avoir un bon copain » chanté par Jean Boyer, puis on découvre « qu’avez-vous fait de mon amant », le fameux « Cheek to Cheek » de Irving Berlin », la belle chanson de Jacques Prévert « Démons et merveilles », l’illustre thème musical composé par Dimitri Tlomkin, du film « Le train sifflera trois fois » (1952, Fred Zinnemann), avec notamment Gary Cooper et Grace Kelly. Puisque j’évoque les musique de films, vous y retrouverez aussi la musique de « La rivière sans retour » (1954), d’Otto Preminger, avec le duo Robert Mitchum-Marilyn Monroe. Une version orchestrale surprenante de « Only you » est au menu de ce disque. Le saxophone remplace le lead vocal. S’en suit « Un américain à Paris », morceau écrit par le célèbre compositeur de jazz George Gershwin, et qui servit de bande-son au film du même réalisé par Vincente Minnelli en 1951, avec à l’affiche Gene Kelly, Leslie Caron et George Guétary. Cette fois Michel Legrand reste au piano tout en dirigeant un orchestre symphonique. Pour finir ce disque, Michel Legrand nous gratifie de morceaux qui composent la bande originale du film « Une femme est une femme » (1961, Jean-Luc Godard), avec Anna Karina, Marie Dubois, Jean-Claude Brialy et Jean-Paul Belmondo.
Dans le disque suivant, le numéro 8, Michel Legrand nous emmène cette fois dans l’univers des musiques de films qu’il a écrit et dirigé. Cela démarre par « L’Amérique insolite » (1960), documentaire de François Reichenbach, sur le quel il a travaillé et dont il composé la musique. Puis on enchaine avec « Terrain vague »(1960), réalisé par Marcel Carné, dont là encore il écrit en collaboration avec Francis Lemarque la musique. Après arrivent plusieurs titres évoquant « Le Cave se rebiffe », célèbre film de Gilles Grangier (1961), sur des dialogues de Michel Audiard, avec un casting au petits oignons, puisque Jean Gabin est entouré de Bernard Blier, Maurice Biraud, Françoise Rosay, Robert Dalban ou Ginette Leclerc. En 1962, Michel Legrand retrouve le trio Grangier-Audiard-Gabin pour « Le Gentleman d’Epsom » (1962), avec sa thématique autour des courses de chevaux… monde cher à Jean Gabin. Y figurent Louis de Funès, Paul Frankeur, Jean Lefebvre, Madeleine Robinson. Puis on change de registre cinématographique avec tout d’abord « Eva » (1962, Joseph Losey), avec Jeanne Moreau dans le rôle principal. Michel Legrand nous invite à écouter le thème d’Eva, puis celui de Adam et Eva, chanté par Tony Middleton. Enfin pour clore ce disque, Michel Legrand nous offre des extraits de la bande musicale de « Lola » (1962, Jacques Demy), avec Anouk Aimée dans le rôle-titre. Un joli choix.
Pour aborder le neuvième disque, Michel Legrand nous offre un voyage entre la France et es Etats-Unis, entre Paris et New-York, plus précisément Broadway, deux villes où il a vécu, travaillé pendant de longues années. Dans la première partie de ce disque, là encore avec son orchestre Michel Legrand revisite ou joue fidèlement des airs de chansons comme « C’est si bon », « Milord » (écrite par Marguerite Monnot et Georges Moustaki pour la grande Edith Piaf), « que reste-t-il de nos amours » et « Boum » du grand Charles Trenet, un standard du jazz signé Cole Porter « c’est magnifique », « la maladie d’amour », morceau traditionnel antillais, puis la « Petite Fleur » du clarinettiste Sidney Bechet. C’est très agréable de replonger dans ce patrimoine musical, qui avec le temps, peut avoir tendance à disparaître des rayons, des mémoires. C’est donc un travail bien utile accompli par Michel Legrand et encore davantage par Frémeaux & Associés, de ressortir ces pépites. Sur l’autre partie du disque, consacrée à sa période « Broadway », Michel Legrand nous sert une farandole de titres jazz, toujours accompagné de son orchestre. On y trouve « On the street where you live », « Yesterdays », ensuite deux titres de Georges Gershwin, le classique incontournable multi-interprété « Summertime », de même que « I got plenty of nuttin’ « , ou encore « Smoke gets in your eyes ».
Enfin pour clore ce deuxième chapitre de ce long coffret, le dernier disque rassemble 3 albums, « Strings on fire » (1962), puis un album avec orchestre à cordes, et le troisième, « Michel Legrand se joue Nougaro » (1962) . Sur « Strings on fire », on trouve des perles de morceaux orchestrés, comme « Perfidia » chanté à l’origine par Alberto Dominguez, « Boulevard of the Broken Dreams », autrefois chantée par Frances Langford, « Close your eyes » immortalisé par Bernice Petkere en 1933, « Come-back to Sorrento » donnée en version originale (italien) par Dino « Dean » Martin en 1953, et pour terminer, une orchestration du « All or nothing at all » que Franck Sinatra chanta merveilleusement dès 1939. Sur le second album, ça démarre en douceur avec la chanson « Venus » mise en valeur par des cordes très en avant et des choeurs trop discrets hélas. Puis nous avons droit à une très belle version de la chanson d’Orphée (Mahna de Carnaval), tirée du film Orfeu Negro, réalisé par Marcel Camus (1959), dont la musique originale est dû à Luiz Bonfa et Antonio Carlos Jobim. Figure aussi le titre « Adieu tristesse »(Felicidade), également extrait de Orfeu Negro.
Sur le disque consacré au taureau de Toulouse, Claude Nougaro, Michel Legrand reprend quatre chansons célèbres du chanteur français. Il s’agit de « Les Dom Juan », « Le cinéma », « Où? », et « Le jazz et la java ». Que du bonheur en barre d’écouter les orchestrations de ces morceaux. Le son ici est plus moderne, les orchestrations plus jazz-pop, en tous cas sur « Les Dom Juan » où synthés classiques, piano et synthés électroniques se côtoient joyeusement. « Le cinéma » se voit habillé d’un orchestration swinguante et syncopée, un peu folle, mais bien dans l’esprit original. « Où » nous embarque sur des atmosphères très habitées, des rythmes qui se suivent à une cadence folle, le tout dans une ambiance sonore qui fleure bon le psychédélique des 70’s. « Le jazz et la java » qui clôt ce disque et ce long coffret est un morceau qui résume parfaitement ce qu’a été la vie et la musique pour Michel Legrand. Une promenade sonore dans des univers différents, un amusement permanent effectué dans le sérieux, pour toujours donner le meilleur de lui-même.
Le résultat est magnifique.
En cadeau bonus, nous avons droit à des titres comme « Sans toi », chantée par Corinne Marchand, « La belle P…. », « La joueuse », La menteuse », ces titres figurant sur la bande originale du film « Cléo de 5 à 7 » (1962) d’Agnès Varda. Bref c’est un joli coffret, un objet musical à savourer tranquillement.
Guillaume.
Michel Legrand, entre jazz et musiques de films, chapitre 1.

Michel Legrand, pianiste-compositeur de génie, décédé en janvier 2019, à qui j’ai déjà consacré ici un article, lsur sa collaboration musicale avec le réalisateur Jacques Demy, fait l’objet par le label Frémeaux, d’un coffret 10 cd retraçant son travail de création de musique jazz, ses orchestrations de chansons françaises, d’airs traditionnels, de musiques de films, sur lesquels il a travaillé ou non. L’inventaire est copieux et ne couvre que la période allant de 1953 à 1962. Avant que Michel Legrand ne devienne un musicien ultra demandé après les succès des « Parapluies de Cherbourg »(1963), et quatre ans après des « Demoiselles de Rochefort »(1967), réalisés par Jacques Demy. Une nouvelle carrière s’offrira lui désormais.
Dans la première partie du coffret, qui regroupe les six premiers disques, que je vais évoquer ici, il est possible de découvrir un Michel Legrand, qui dès 1953, dirige, sous le pseudo de Big Mike, un orchestre à cordes, avec lequel il interprète des chansons françaises de Gilbert Bécaud (« viens »), puis en 1955 Vincent Scotto (« sous les ponts de Paris »), ou Francis Le marque (« à Paris »). Et même du jazz avec Cole Porter (« I love Paris »).
Dès le second disque, qui aborde l’année 1956, on passe aux musiques de films que Michel Legrand, sans les avoir écrites, dirige avec sa grande formation orchestrale. On y trouve « La complainte de la butte », tirée du film « French Can-Can » (1955) de Jean Renoir, « le grisbi », extrait de « Touchez pas au grisbi »(1954), de Jacques Becker, avec un casting royal Jean Gabin-Lino Ventura-Paul Frankeur, « si tu m’aimais » tirée du film de René Clair « Les grandes manoeuvres »(1955), ou encore « Smile » qui vient de « Les temps modernes » (1936) de Chaplin. Les orchestrations sont brillantes, parfois enjouées, toujours dans un style très aéré, plaisant à écouter. Il en va de même pour le rock, nouveau genre pour lui, vers lesquels il se dirige, avec entre autres « rock around the clock », popularisé aux États-Unis par Bill Haley.
Dans le troisième disque, Michel Legrand aborde avec bonheur les airs traditionnels notamment américains. Ainsi « Red river valley », « Greensleeves », « All throught the night » et « Along the Colorado » subissent-ils sa patte orchestrale. Le résultat est frais, agréable à entendre. Il ajoute même sa patte musicale sur la fameuse chanson française » en passant par la Lorraine ».
Sur le quatrième opus, année 1957, on change d’univers, pour aborder le jazz. Là, on sent que le musicien-mélomane se régale véritablement. Michel Legrand aborde le morceau mythique écrit par Duke Ellington (« Caravan »), puis il nous embarque vers les rivages colorés du Brésil avec « Bahia », de Ary Barroso, et d’Espagne avec le chatoyant « Granada » signé de Augustin Lara. Il nous régalé aussi d’une très belle version de « Besame mucho ». C’est un régal que d’écouter ce voyage en musiques ici rassemblées par Frémeaux. Et le plaisir n’est pas terminé.
En effet dans le chapitre 5 de ce gros coffret, est abordé la partie jazz de Michel Legrand, à travers l’année 1958. Imaginez le bonheur ressenti par ce musicien-mélomane lorsqu’il fut amené à diriger des oeuvres écrites par de grands noms de l’histoire du jazz. Que ce soit Duke Ellington (photo ci-dessus) avec « Dont get around much anymore », Fats Waller (première photo ci-dessus) et sa « The Jitterburg waltz », Benny Goodman avec « Stompin’at the Savoy », Dizzy Gillespie et son célèbre « Night in Tunisia », ou encore Django Reinhardt et son fameux « Nuages », que demander de mieux ? Michel Legrand a donc eu le plaisir de jouer de faire revivre ces standards du jazz sous sa direction, sentiment jubilatoire à n’en pas douter. Le résultat est une fidélité à l’esprit des oeuvres telles que conçues par leurs auteurs, mais là encore Michel Legrand y met sa touche personnelle, tout en subtilité.
Sûr la sixième partie de ce coffret, qui évoque là aussi l’année 1958, on retrouve Michel Legrand à la direction d’orchestre pour honorer l’un des plus grands compositeurs de musique jazz du vingtième siècle, Cole Porter. A ce monsieur désormais un peu oublié, et c’est fort dommage, le grand public, les musiciens, chanteurs et chanteuses de jazz doivent de pouvoir entendre, jouer, chanter des titres tels que : « Just one of things », « in the still of the night », « What was this thing called love », « Anything goes », « I get a kick out of you », « I’ve got you under my skin », « Night and Day »…et beaucoup d’autres encore. Des interprètes aussi nombreux et célèbres que Frank Sinatra, Michael Bublé, Jamie Cullum, Ella Fitzgerald, Sarah Vaughan, Diana Krall, Lisa Ekdhal, Harry Connick Jr., Herbie Hancock, Bill Evans, Oscar Peterson, Dinah Washington, Charlie Parker, Marlène Dietrich, Natalie Cole, Rod Stewart, pour ne citer qu’eux …ont repris un jour où l’autre les chansons citées ci-dessus. Michel Legrand se tire à merveille de cet exercice et on sent pleinement le plaisir qu’il prend à jouer ce répertoire de standards.
Cette première partie du coffret consacré à Michel Legrand nous montre donc un musicien multi-cartes, passionné et passionnant, sautant d’un genre à l’autre avec une aisance déconcertante et une facilité incroyable.
La suite sera l’occasion d’une prochaine chronique.
En attendant je vous laisse avec une playlist regroupant les titres évoqués dans cet articles, soit interprétés donc par Michel Legrand, mais aussi par leur compositeurs originaux, et par quelques interprètes célèbres. Régalez-vous.
Guillaume.
Dr. John, l’âme soul.

Malcom John Rebennack, alias « Dr. John« , originaire de la Nouvelle-Orléans, est parti sans prévenir au début du mois de juin.
Son allure toujours excentrique, avec des costumes incroyables, parfois surmontés de plumes, sa voix traînante, nasillarde à souhait, le rendait très identifiable et en faisait un personnage à part dans l’univers du jazz, de la soul-music.
Ce pianiste, également chanteur et guitariste, a démarré sa carrière en 1959 avec le double 45 tours Storm Warning / Foolish Little Girl. Il était aussi à l’aise dans les domaines du blues, du rock, du rythm and blues, mais aussi de la musique zydeco. « Mélangeur »de sons très doué, son talent, sa capacité a tout jouer ou presque, lui ont valu de côtoyer la fine fleur des musiciens jazz et rock, des années 70 à aujourd’hui. Il a en effet joué aux côtés de Etta James, B.B. King, Johnny Winter, Eric Clapton… parmi beaucoup d’autres. C’est dire l’éclectisme du bonhomme!
A l’image d’un Elton John (bonne nouvelle pour les amateurs-trices fans de Sir Elton, il viendra nous rendre visite en octobre … 2020, patience!!!), il cultivait une image de musicien excentrique, jovial, fêtard. Le gaillard, prolifique compositeur a écrit une trentaine d’albums !
Son dernier album paru en 2014 (« Ska-Dat-De-Dat » : The spirit of Satch »), est l’ultime preuve de son talent, qui était immense.
Si vous ne le connaissez pas, je vous conseille de filer découvrir cet artiste particulier, ce compositeur si spécial, dont vous pouvez voir une participation dans le film réalisé par Clint Eastwood, « Piano blues » (2003), qui fait partie de la série produite par Martin Scorsese sur les différents aspects, musiciens, origines du blues. A voir absolument pour les amateurs du genre!!!
Je vous laisse en compagnie Mister Dr. John. Savourez… sans modération !
Guillaume.
Happy birthday, Madame Sanson!
Très discrètement, cette immense artiste de la chanson française, à la carrière discographique autant que scénique bien remplie, vient donc de fêter ses 70 ans le 24 avril dernier! Il me semblait normal d’évoquer sa carrière, son parcours.

Enfant du baby-boom issue d’une famille où la musique tient une grande place grâce à des parents très mélomanes, ces derniers décident de lui faire apprendre le piano à Véronique ainsi qu’à sa soeur Violaine, de deux ans sa cadette. Très vite Véronique Sanson va se mettre à écrire des chansons. Sa première, sera enregistrée, date de 1967, alors qu’elle évolue au sein du groupe Roche Martin, groupe également composé de Violaine et du musicien-parolier, François Bernheim. Ce trio sera produit par un certain .. Michel Berger, épaulé par Claude Michel Schoenberg. Un bel assemblage de talents. Après 2 45 tours sortis et sans aucuns succès, le trio se sépare puisque Violaine prend un autre voie professionnelle. Reste donc Véronique Sanson et François Bernheim, qui vont entamer une collaboration qui s’avère de longue durée. En 1969, Véronique Sanson publie un 45 tours avec 2 chansons, dont l’une est une adaptation d’un titre de Donovan « Sunny Goodge Street », qui donnera « Le printemps est là ». L’autre étant « le feu du ciel ».
Je l’ai dit, sa rencontre avec Michel Berger va s’avérer déterminante pour elle, artistiquement parlant. En effet, Berger, est directeur artistique chez WEA, qui regroupe plusieurs labels, dont Elektra. En 1971, Sanson signe donc sur ce label, et va travailler avec un producteur nommé Bernard de Bosson. Un an plus tard, elle publie son premier album « Amoureuse », produit par Michel Berger, devenu entre-temps son compagnon à la ville. Le début d’une grande carrière. Compositrice, auteur, interprète, mais aussi chanteuse, pianiste, guitariste, Véronique Sanson est une véritable touche-à-tout.
Son premier album donc, intitulé « Amoureuse », va connaitre un treès gros succès grâce notamment à des titres comme « Besoin de personne », ou encore « Bahia » et le titre « Amoureuse », qui sera plus tard repris par Olivia Newton-John ou Shirley Bassey, sous le nom de « Emotion ». Bref un gros carton d’entrée. Qui sera suivi de près par un deuxième album, « De l’autre côté de mon rêve », nourri par sa rencontre avec Stephen Stills, guitariste américain membre de Crosby, Stills, Nash & Young. Là aussi des morceaux vont émerger et devenir des classiques de son répertoire : « Comme je l’imagine », « Une nuit sur son épaule ». En 1974, installée définitivement aux Etats-Unis, elle enregistre avec Stephen Stills et ses musiciens l’album « Le Maudit », au son est résolument rock, les textes plus sombres. L’album connaîtra malgré cela le succès, avec surtout deux titres comme « Alia Souza », « Maudit ».
Avec le disque « Vancouver » et sa chanson-titre, Véronique Sanson va définitivement installer son style, sa personnalité musicale, auprès du public, et se faire une place dans l’univers de la chanson française de l’époque, pour ne plus en sortir et devenir, au fil des années, à travers ses disques, ses tournées, une artiste très appréciée, au talent reconnu.
Sa musique, ses textes très écrits, sa voix tantôt très mélancolique, tantôt rock, font d’elle une interprète de grande qualité. Elle va, au fil des années qui vont suivre, délivrer des titres qui vont devenir des standards de son répertoire, comme : « Je serai là » (en réponse à la chanson de Michel Berger « Seras-tu là? »), « Ma révérence », « Bernard’song », « Je suis la seule ».
Dans les années 80, deux faits marquants vont concerner Véronique Sanson. Le premier, la controverse suscitée par sa chanson « Allah », sortie en 1988, qui est vue par certains comme une atteinte à la religion musulmane, alors qu’elle ne constitue qu’une supplique à celles et ceux (déjà) qui commettent des actes horribles en son nom. « C’est une chanson contre l’intolérance », dira Sanson. La polémique que soulèvera par ailleurs la publication du livre « Les versets sataniques » de l’écrivain Indien Salman Rushdie, va obliger Véronique Sanson à retirer ce titre de son tour de chant. Malgré cela, le titre reste très diffusé et deviendra un tube.
Le second fait, sera la première tournée des Enfoirés en 1989, à laquelle elle participera aux côtés de Jean-Jacques Goldman, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday et Michel Sardou. Cette même année, elle enregistrera un album intitulé « Symphonique Sanson », avec l’orchestre symphonique de Prague. Les années 90 qui arrivent la verront composer deux albums : « Sans Regrets », « Indestructible ». Deux titres, qui lui vont bien, au vu des nombreux tourments que connait sa vie hors scène. Mais l’artiste est toujours là, debout, active. Sa popularité ne redescend pas, au contraire. Même absente des feux de la rampe comme dirait l’illustre Charlie Chaplin (revoyez donc ce beau film), Véronique Sanson est présente à l’esprit de son public. Ses retours sur scène font toujours salles combles. Que ce soit à l’Olympia, sa salle fétiche, où en tournée en France comme à l’étranger.
Pour avoir eu le bonheur de la voir à de nombreuses reprises sur scène, il est juste de dire également que Véronique Sanson est une performeuse, qu’elle « tient » la scène, et qu’elle dégage une énergie très communicative, sachant parfaitement alterner les « climats » que requièrent ses chansons. Elle occupe une place à part dans l’univers de la chanson française. Sa qualité, son humilité, son talent, sa discrétion, sont aussi unanimement louées par celles et ceux, de Michel Berger à Julien Clerc, Maxime le Forestier, Michel Jonasz, Patrick Bruel, Michel Fugain, Maurane, Catherine Lara, Eddy Mitchell, Johnny Hallyday, et plus récemment Christophe Maé ou Juliette Armanet, qui l’ont côtoyées depuis toutes ces années.
Depuis 2000, les disques de « La Sanson », comme certains l’appellent, vont se faire rares. Seulement quatre au menu : « Longue Distance »(2004), « Plusieurs Lunes » (2010), une réédition des titres de sa période américaine « Les années américaines » (2012), et plus récemment, « Dignes, dingues, donc »(2016), « Duos Volatils »(2018).
A 70 ans, après 50 ans de carrière, Véronique Sanson est une artiste accomplie, qui n’a plus rien à prouver. Son parcours, riche et varié, parle pour elle.
Je vous laisse avec un florilège de ses titres. A n’en pas douter, vous en connaissez ou reconnaîtrez de nombreux. Bonne écoute.
Guillaume.
Depuis 10 ans, Claude Nougaro & Ray Charles ont rejoints le Paradise Orchestra.
Ray Charles, Claude Nougaro. 2 univers musicaux, 2 personnages, 2 carrières riches et longues. 1même amour : La musique et les mots. 10 ans déjà qu’ils ont rejoints le Paradise Orchestra.
Ces 2 grandes figurent de la musique française et du jazz, de la soul, du ryhtm and blues, s’ils ont connus des débuts difficiles, ont par la suite, construit des carrières, et laissent derrière eux des répertoires musicaux qui sont aujourd’hui des repères et contiennent des morceaux devenus des classiques : Qui n’a pas fredonné, chanté, ou joué « Armstrong« , « Toulouse« , « La pluie fait des claquettes« , « Le coq et la pendule« , « Cécile« , « Blue Rondo à la Turk » ou « Hit the road Jack« , « What’d I say« , « You are my sunshine« , « Unchained my heart » ou « Can’t stop loving you« , « Georgia ».
Claude Nougaro, fils d’un baryton de l’Opéra de Toulouse (qu’il évoque dans « Toulouse »), ce taureau gascon était un homme des mots, un défenseur amoureux acharné de la langue de Molière (écouter « Vive l ‘alexandrin »). Le jazz, qu’il a découvert à 12 ans, en écoutant Glenn Miller, Louis Armstrong, a influencé toute son oeuvre. Ray Charles, issu d’une famille pauvre, a eu une enfance perturbée par la mort de son frère, puis par sa cécité totale (à l’âge de 7 ans), apprendra très rapidement à jouer divers instruments : saxophone alto, piano, clarinette. Le blues, le gospel, la soul, vont être les bases de son répertoire musical durant toute sa carrière.
Tous les 2, dans des styles très opposés, étaient de véritables « performer » sur scène. Nougaro, sa démarche chaloupée, boxant les mots, malaxant les rimes, triturants les sonorités, vocales et vocables, de sa voix grave et reconnaissable, sur des rythmes rock, jazz, africains, sud-américains (Brésil, Argentine). Ray Charles, sa voix rauque et son déhanchement légendaire, assis devant son piano, ont généré des imitations, qui jamais n’atteinrent l’égal du « Genius ». Musicien-compositeur, il était aussi parfois interprète, il n’est qu’à écouter ses versions de « Yesterday », « Eleanor Rigby » des Beatles, et bien d’autres encore.
Ils laissent chacun derrière eux des répertoires riches, variés, emplis de pépites musicales, dans lesquel chacun / chacune d’entre nous peut piocher. Avant de partir, il avait tourné dans le film de Clint Eastwwood, consacré au pianistes de Jazz. De même, il avait par ailleurs choisi lui-même Jamie Foxx pour interpréter son personnage dans le film « Ray » (sorti en 2004, peu de temps après le décès du chanteur).
A évoquer ces 2 figures de la musique du 20ème siècle, nombreux sont les souvenirs qui me reviennent. Sans doute en sera-t-il de même pour vous.
Vous retrouverez de nombreux albums de ces 2 artistes à l’espace Musique.
Guillaume.
Monty Alexander, pianiste multicolore.
La jamaïque, île paradisiaque (je ne dis pas cela pour les substances que l’on y cultive ou fume, bien entendu), outre Bob Marley & ses Wailers, outre Usain Bolt, a vu naître voila 69 ans, un certain Bernard Montgomery Alexander, plus connu sous le nom de Monty Alexander. Pianiste de jazz, influencé par Oscar Peterson ou Ahmad Jamal (excusez du peu !!!!), il s’évertue depuis le début de sa riche carrière musicale, à mélanger les sons, les rythmes, à croiser les ambiances, particulièrement jazz et reggae, rhythmes carribéens, comme sur « Carribean circle » (1993), « Carribean duet », avec Michael Sardaby (1999), sans oublier ses versions du répertoire de Bob Marley que sont « Stir it up » (1999), « Concrete Jungle, the music of Bob Marley » (2006). Il a également salué magnifiquement les crooners américains Tony Bennett (2008). Nat King Cole (2009).
Son dernier bébé musical, « Uplift2, higher« , fait suite au premier chapitre « Uplift » paru en 2011. Ici, Monty Alexander explore joyeusement et brillamment le répertoire jazz du début, entre gospel « When the Saints go marching in », « Battle hymn », ou encore une version inattendue et surprenante de « St. Thomas », rendue célèbre par Sonny Rollins. Tout le disque est une ballade ryhtmée, fiévreuse, souriante, dans cet univers des racines du jazz, nous ramenant à une époque où existaient également les fanfares, les big bands. Les bassistes John Clayton, Hassan Shakur, et les batteurs Jeff Hamilton, Frits Landesbergen épaulent magnifiquement les envolées pianistiques de Monty Alexander.
Vous l’aurez compris, j’ai craqué, conquis par tant de bonheur pianoté. Encore une fois, Monty Alexander nous offre un écrin musical de haut vol. Parfait pour passer les fêtes de fin d’année!
Guillaume.
Hiromi, ou l’art du… mouvement.
4 Août 2010, Marciac. Ce soir-là, alors venu voir et écouter le virtuose Ahmad Jamal et son quartet, je découvris, en première partie de soirée,comme les 6000 autres personnes présentes, une jeune pianiste japonaise, d’allure fluette, Hiromi. 1 h de récital sans faute, sans fausses notes (n’oubliant pas de parler en français entre les morceaux). Repérée lors d’un concours au Japon par Maître Jamal, elle bénéficie depuis de son appui, de ses conseils avisés.
Après « Place to be » (2009), « Voice » (2011), « Move » est le troisième opus publié en France de cette virtuose du clavier, inspirée par Erik Satie, et bien sûr Ahmad Jamal.
Move donc, est ici concocté avec la complicité talentueuse du bassiste multi-cartes Anthony Jackson et du batteur ambidextre Simon Phillips, davantage habitué aux univers pop-rock. Après un premier morceau au rythme hypnotique, qui présente le trio, la suite n’est que plaisir d’écoute et confirmation de l’étendue du talent d’Hiromi. Quelque soit le tempo, elle dévelloppe un jeu subtil, et l’indépendance des 2 mains sur le clavier est remarquable. L’univers de cet opus est une musique assez contemporaine, parfois presque urbaine, et la rythmique composé par Anthony Jackson et Simon Phillips, une base solide sur laquelle Hiromi peut laisser reposer sa créativité.
« Move » est un album très réussi… j’ai hâte de voir le résultat sur scène.
Mes titres préférés de l’album sont : Move, Rainmaker et 11:49 P.M.
Guillaume.
Connaissez-vous François Rauber?
François Rauber est né en 1933 et est décédé en 2003. il était pianiste, compositeur, arrangeur, chef d’orchestre. Son nom ne vous dit rien ? Il était l’arrangeur de Jacques Brel, il a travaillé avec Anne Sylvestre, Charles Aznavour, Juliette et bien d’autres ! Il a aussi écrit de nombreuses musiques de films : Vacances en enfer, Les risques du métier, mon oncle Benjamin… etc. Ce disque nous présente une facette peu connue de son oeuvre : des suites d’orchestre, des concertos et aussi un oratorio : Jean de Bruges. Le tout interprété par Marcel Azzola, Damien Nedonchelle, Jean-Pierre Wallez, Guy Touvron… A découvrir.
Françoise.
Peter Cincotti, crooner égaré…
Ayant rencontré son mentor Harry Connick à l’âge de 7 ans, Peter Cincotti a depuis lors embrassé la carrière musicale. En 2003, il sort un album éponyme, assez discret. Par la suite, seront publiés « On the moon » en 2004, puis « East of angel town » en 2007. Ce dernier permettra à Peter Cincotti de se faire un nom sur la scène jazz internationale, aux côtés des Jamie Cullum, Michael Bublé.
En cette fin d’année 2012, il nous revient avec un opus musical Metropolis, qui dès les premères mesures, déroute, quand il ne déçoit pas. Oublié le style crooner, abandonnées les jolies mélodies au piano, fini l’univers cuivré.
Ici le changement est radical, laissant place à une pop acidulée, avec forces synthés, très loin de conquérir l’auditeur que je suis. La démarche commerciale est clairement affiché. Le seul moment agréable du disque arrive lorsqu’il chante « Madeline », très beau morceau, qui surnage dans cet océan de mauvaise musique. Oui cet album déçoit davantage qu’il ne déconcerte, il paraît facile, voire bâclé. Une vraie sortie de route musicale !!!
il est à souhaiter que Peter Cincotti revienne à ce qu’il fait de mieux : chanter et jouer du jazz, de la soul, voire du rhythm and blues.
Pour celles et ceux qui souhaiteraient découvrir ce pianiste-chanteur, je leur conseille On the moon et East of Angel Town.
Guillaume.
Dave Brubeck, un géant au Paradis des pianistes ….
Dave Brubeck, pianiste-compositeur, auteur notamment de titres comme The Duke, In your own sweet way, Blue Rondo à la Turk et Take Five, a récemment rejoint Oscar Peterson, Michel Petrucciani, Duke Ellington au paradis du Jazz.
Né en 1920, il viendra à la musique grâce aux leçons de sa mère et surtout celles, plus tard, reçues de Darius Milhaud. Ensuite, il rencontrera Arnold Schoënberg, ce qui lui vaudra l’étiquette de fils spirituel du compositeur autrichien. En 1951, il fonde le Dave Brubeck Quartet (qui cessera d’être en 1967), au sein duquel évolue le saxophoniste Paul Desmond. 1959 est une année importante, un virage marquant pour Dave Brubeck, avec la sortie de l’album « Time out« . Take Five, et le Blue Rondo à la Turk popularisé par Claude Nougaro (sous le titre A bout de Souffle) sont des morceaux qui vont contribuer au succès de l’album, et à la renommée de Dave Brubeck.
Outre le jazz, Dave Brubeck laisse une oeuvre musicale importante puisque des cantates, oratorios, messes, comédies musicales, portent sa griffe de compositeur.
Guillaume.
Harry Connick, jazzman versatile
Celles et ceux qui sont passés à Marciac cet été, ont eu le privilège de pouvoir aller écouter Harry Connick Jr., jazzman américain né il y a 45 ans à la Nouvelle Orléans, pour ce qui fut son unique date en France cette année.
Ayant démarré très tôt le piano (5 ans !) et enregistré son premier album de ragtime à… 11 ans ! , Harry Connick Jr., va connaître un succès rapide aux abords de la vingtième année. Musicien complet, producteur (il a découvert… Michael Bublé), arrangeur, chanteur, il a été un temps appellé « le nouveau Sinatra ». Pour se démarquer de cette étiquette encombrante, il multiplie les rencontres musicales, varie les univers, passant allègrement du be bop, au funk, du big band style au trio, quand il ne fait pas le crooner en solo.
Sur scène, c’est un bonheur de le voir évoluer, jouer, chanter, diriger, communier avec le public.
A écouter : « Song I heard » ; « Come by me » ; « Lofty’s roach soufflé » ; « 30 » ; My new orleans« .
Guillaume.
Keyboards concertos par A. Tharaud
Alexandre Tharaud avait enregistré en janvier 2011 des oeuvres de Domenico Scarlatti, une pure merveille. Fin 2011, il nous a offert pour Nöel la suite des concertos de J.S. Bach, dont le célèbre concerto pour 4 pianos BWV 1065. Grâce à la technique du pré-recording, il y interprète les 4 pianos. Bravo pour la technique, mais je trouve que l’interprétation est trop uniforme, manque de relief .
Je suis déçue par ce cd, j’espère qu’ Alexandre Tharaud déposera un meilleur cd dans la hotte du Père-Noël en 2012.
Françoise
Mr. Swing !
Jamie Cullum, pianiste-chanteur, parfois guitariste, compositeur, interprète, issu d’une famille de musiciens, est apparu sur la scène musicale internationale au début des années 2000, avec l’album (Twenty something, 2003). Depuis cette date, cet artiste au visage poupon, trimballe sa voix chaude et son sens du swing partout dans le monde.
En l’espace d’à peine dix ans, et cinq albums, il s’est forgé une solide réputation, et chacune de ses prestations scéniques est un événement.
Son dernier album en date « the Pursuit » est un joyau de swing, de pop de qualité, alternant les morceaux plutôt cools et ceux qui vous emmènent et vous donnent envie de bouger, de danser. Sa voix, chaude et sensuelle (n’est-ce pas mesdames ?) est un régal et lui permet de réinterpréter des chansons standards du répertoire (voir ses 2 premiers albums).
Personnellement, je ne m’en lasse jamais.
Guillaume
A star is born
Cette japonaise de 32 ans au visage juvénile a démarré le piano à 6 ans, intégrée la Yamaha School of Music a 7 ans. En 1999, elle rentre à la Berklee School à Boston, et y rencontre Ahmad Jamal, qui devient son mentor.
Depuis lors, elle promène son talent partout dans le monde, sa virtuosité et sa fraîcheur musicale faisant le bonheur des foules devant lesquelles elle se produit.
Son talent l’a fait rencontrer des monstres sacrés tels Herbie Hancock, Stanley Clarke ou Chick Corea… que du beau linge, du haut de gamme !
Pour qui la découvre Hiromi est un choc, tant musical que visuel, tant elle vit ses interprétations, fait corps avec son piano, sur scène.
Hiromi, mêle avec bonheur le jazz, les influences classiques (Satie n’est jamais loin), et ses origines nippones.
Elle offre un jeu rigoureux, mais capable de s’échapper dans de belles improvisations.
Musicienne prolifique (6 albums depuis 2003 !), elle se produit le plus souvent en trio, en dehors de ses prestations solo.
Hiromi saura ravir les amateurs de piano.
A écouter : Place to be (2009) ; Time Control (2007), Voice (2011).
Guillaume