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Yugen Blakrok, le rap sud-africain débarqué à Marseille.


Cette rappeuse sud-africaine et son DJ, basés à Marseille, la ville de L’OM, de la bouillabaisse, de la Bonne Mère, le public fontenaysien a fait sa connaissance par un concours de circonstance en décembre 2019 au Festival des Aventuriers. En effet, non prévu à la programmation, le duo avait remplacé au pied levé comme cela arrive parfois, une autre artiste de sud-africaine qui pratique le rap, Dope Saint Jude. Là encore, comme pour Suzane, que j’évoquais dans un article précédent, je ne vais pas revenir sur la prestation tonitruante effectuée ce soir d’hiver, devant une salle bien remplie. Non je vais m’attarder sur l’album « Anima mysterium ».

C’est un disque plein d’énergie, à l’image de celle que met sur scène la rappeuse sud-africaine, une galette pleine de révolte aussi, car la chanteuse ne manque de dénoncer la situation sociale dans son pays, le racisme toujours présent malgré la période Mandela, la difficulté d’être une femme noire, métisse, la misère, bref, tout un tas de sujets qui restent d’une brûlante actualité dans ce pays aux immenses ressources (diamants, pétrole…).

Le disque se déroule sans lasser jamais l’auditeur, ce qui est un vrai gage de qualité, et prouve surtout que Yugen Blakrok sait avoir une écriture qui si elle va dans différentes directions, n’égare pas celui ou celle qui écoute. Ca fait un bien fou, surtout pour moi, qui ne suis pas de base un énorme auditeur de ce genre musical. Mais sa prestation au Festival des Aventuriers m’avait convaincu que cette artiste, désormais basée en terre marseillaise, serait à suivre. Son album confirme cette sensation.

Pour accompagner votre pérégrination estivale, vos soirées en bord de mer, de piscine, ou de cascade de montagne, après une longue marche, et une observation de la nature, rien qu’un petit Yugen Blakrok pour se donner la pêche.

Alors, si un jour, vous voyez une affiche annonçant le passage de cette artiste dans votre ville, n’hésitez surtout, vous passerez un moment plein d’énergie, de feeling, de bonnes vibes.

Guillaume.

Les Aventuriers 2019, Clap de fin!


Pour sa 15ème édition, le festival des Aventuriers aura une fois encore révélé son lot de bonnes surprises. Je ne m’attarderai pas sur les déceptions. A noter que parmi la programmation figuraient 8 femmes (La Dame Blanche, Muthoni Drummer Queen, Soom T & the Stone Monks, Suzane, Yugen Blakrok, Irene Dresel, La Chica, Estelle Meyer). Une volonté affichée de la part de la programmation de montrer qu’aujourd’hui les femmes ont bel et bien toute leur place dans le monde macho-masculin de la musique, comme le démontre le très beau film documentaire « Haut Les Filles » de Luc Armanet et Bayon, qui fut programmé au cinéma Kosmos le 16 décembre.

La première des satisfactions tient à la fréquentation, qui malgré les difficultés à trouver des transports, s’est avéré encore une fois plutôt satisfaisante pour les organisateurs (Service Culturel). A titre personnel, ayant assisté à plusieurs concerts du festival, voilà mon palmarès du cru 2019 :

-La première soirée, le 11 décembre, avec la rappeuse cubaine La Dame Blanche, qui dès son entrée théâtrale (cigare cubain aux lèvres, excusez du peu !) sur la scène de l’EGP a mis la foule dans sa poche. Une belle présence, un art consommé de la scène, et un set d’une heure parfaitement mené ont conquis le public présent pour cette soirée d’ouverture.

Le lendemain, j’ai été, comme le public dans la salle, très agréablement surpris par la prestation scénique de groupe Normcore, dont les membres se sont rencontrés lors des éditions précédentes du festival. Comme quoi, un festival ça sert aussi à ça, et le destin fait le reste. Une prestation très péchue, 4 garçons qui se donnent à plein… et le résultat fut là, le public étant conquis par ce jeune groupe. A revoir sur d’autres scènes.

La rappeuse Yugen Blakrok et son DJ, duo sud-africain venus de Marseille au pied levé remplacer l’artiste initialement prévue (Dope Saint Jude), ont livré une belle performance, mélange subtil de rap et de nappes électro. Le tout fonctionne très bien. Ensuite, Muthoni Drummer Queen, venue du Kenya, accompagnée de 2 danseuses et de musiciens, livra le 13 décembre, une prestation endiablée, chaleureuse. La salle fut encore une fois sous la charme de cette artiste.

Avant de terminer, je ne peux pas passer sous silence le très joli moment offert par Estelle Meyer, au public venu l’écouter à la médiathèque Louis Aragon le 14 décembre dernier. Une heure de bonheur, en mode piano-voix, entre textes intimistes et plus osés, mais avec une écriture superbe et parfois très poétique. Une chanteuse rayonnante, qui aime à se rapprocher du public, à circuler parmi ses rangs. Bref, ce fut un joli concert donné par une artiste généreuse. Au piano, Grégoire Letouvet, pour qui c’était la première au côtés d’Estelle Meyer, a sû parfaitement accompagné Estelle Meyer. Le public est sorti conquis de ce concert.

Enfin, comment ne pas évoquer la bondissante Suzane, seule en scène avec son synthé, véritable caméléon scénique, bondissante, qui enflamma la scène de L’EGP le 17 décembre, passant du morceau virevoltant au plus tragique, avec des références aussi élargies que Brel, Mylène Farmer, et un sens aigu de l’écriture. Ancienne serveuse dans un restaurant, théâtre professionnel où elle fit ses ses premières armes d’écritures après observations, elle a déjà une belle maîtrise de la scène. Si elle passe près de chez vous, ne la ratez pas! Un vrai talent !

Pour clore cette quinzième édition, Richard Kolinka a convié quelques ami.e.s. à venir faire la fête sur la scène de la salle Jacques Brel, . Ainsi le public pourra apprécier les prestations de Cali, Jeanne Cherhal, Bachar Mar Khalifa, Stéphane Eicher entre autres. A noter qu’une sculpture magistrale, un cavalier Samouraî réalisée par Fabrice Brunet a troné sur la scène. Un double rappel, puisque cette oeuvre avait été emmenée en tournée en 2006, par Kolinka et consorts (Bashung, Raphael, Aubert, Cali), et qu’elle figure parmi les nombreuses très belles oeuvres présentées actuellement à la halle Roublot, dans le cadre de l’exposition « Ciel Terre Homme » qui se tient jusqu’au 22 février 2020.
La soirée fut belle, bien que longue à prendre son vrai envol. De belles et émouvantes prestations signées tour à tour Jeanne Cherhal ( « l’an 40 », « Tombé du ciel » en hommage à Jacques Higelin), Mademoiselle K dans un registre plus rock ou Bachar Mar Khalifa, mélangeant sonorités arabes et musique rock, sans parler de Stéphane Eicher, qui visiblement affaibli et marchant avec une canne, nous livra quelques-uns de ses joyaux et une superbe version de « Déjeuner en paix ». La suite, après l’arrivée sur scène de Jean-Louis Aubert,  offrit au public près d’1h de rab musical.. en mode Téléphone… »ça c’est vraiment toi », »New-York avec toi », « la bombe humaine », et une reprise en duo avec Cali de « One » du groupe U2. Cali se fendant même de reprendre « Beds are burning » de Midnight Oil.
Bref la fête fut belle pour cette 15ème édition du festival des Aventuriers.

Rendez-vous l’an prochain, pour une nouvelle édition de ce festival qui est devenu un vrai temps fort de la vie culturelle à Fontenay-sous-Bois.

Guillaume.

Avec La Dame Blanche, C’est Cuba qui s’invite aux Aventuriers.


Yaïté Ramos Rodriguez, plus connue à Cuba sous le nom de La Dame Blanche, programmée au Festival des Aventuriers pour la soirée d’ouverture le 11 décembre (avec également Soom T &the Stone Monks) à l’Espace Gérard Philipe de Fontenay-sous-Bois, est une chanteuse qui mélange allègrement plusieurs styles musicaux, puisqu’elle mélange joyeusement la cumbia, le rap, reggae et dancehall. Vous le voyez, avec elle, on peut s’attendre donc à de belles ambiances musicales riches et colorées.

Sorti en mai 2018, « Bajo el mismo cielo » donne parfaitement l’idée du talent de cette artiste. Un flow très fluide et compréhensible, un univers sonore et musicale très ouvert, mélangé, fait de ce disque une pépite que j’aime beaucoup ( mon attrait pour la langue espagnole et l’Ile de Cuba doivent y être pour quelque chose 🙂 ).

« Bajo el mismo cielo » contient une dizaine de titres, qui promettent une chaude ambiance le 11 décembre prochain. Parfait pour lancer l’édition 2019, quinzième du nom, du Festival des Aventuriers. Dans ce cocktail musical, on trouve certes des styles musicaux différents, mais aussi l’utilisation d’instruments tels que la flûte traversière, l’accordion, le bugle.

Fille du directeur artistique de Buena Vista Social Club, ce groupe (dont le nom fait référence à une ancienne boite de nuit de la Havane) de vétérans musiciens révélés par le documentaire du même nom réalisé par Wim Wenders en 1999, qui remit au goût du jour des artistes comme Compay Segundo, Ibrahim Ferrer, Guillermo Portabales, Maria Teresa Vera, Yaïté Ramos Rodriguez a donc toujours baigné dans la musique. Mais loin de se contenter de chanter des airs traditionnels cubains, elle s’est attaché à écrire et chanter des airs qui parlent de la négritude, ainsi que les orishas, invocations aux esprits des afro-américains. Elle fut choriste et flûtiste pour le groupe Sergent Garcia, puis publia son premier album « Piratas » en 2014. Quelques années plus tard elle enregistre son second album « 2 ». Puis elle multiplie les rencontres et collaborations de qualités et dans des styles très différents, de Youssoupha à Salif Keita en passant par Oxmo Puccino, Adrienne Pauly (Aventiers 2012), Jeanne Cherhal (Aventuriers 2007), Pauline Croze, MC Solaar, ou encore No One is Innocent.

Tout cela fait autant de bonnes raisons de venir voir cette artiste venue de Cuba, pour démarrer l’édition 2019 des Aventuriers en mode festif, chaleureux. alors n’hésitez pas, prenez vos billets pour le 11 décembre et rejoignez la famille des « Aventuriers.ères. »

Cela promet d’être muy caliente !!

Guillaume.

Nos Samples Rendez-Vous #32 : Future et “The Selma Album”



L’un des gros gros bangers de 2017, le fameux “Mask off” de Future, alors c’est pas le titre où il faudra chercher des paroles profondes hein? Le refrain “Molly, percocet” autrement dit le mélange détonnant de l’ecstasy et d’un anti-douleur bien bien costaud, l’une des habitudes des jeunes Américains résume assez bien le morceau. Future y parle de son addiction aux substances illicites, mais aussi de son ascension au succès, le “Rags to riches” comme ils disent.
Bon, si les paroles ne sont pas le point fort, le flow de Future, lui, est costaud et par dessus tout, ce beat produit par Metro Boomin’ est tout simplement une tuerie!!! Le producteur à succès du Missouri a utilisé le sample d’une comédie musicale à propos de Martin Luther King Jr et de son passage à Selma, composée par Tommy Butler, ce “Prison song” est un mélange de Gospel et de Soul qui ne peut laisser indifférent.
Les chants repris dans la boucle me font frissonner et la flûte, ah la la cette flûte est désormais mythique, une tonne de rappeur ont repris l’instru pour poser dessus, notamment Joey Badass, Joyner Lucas ou Dave East, mais le plus dingue, c’est le remix officiel de Future, qui choisit de mettre Kendrick Lamar en featuring et là, je sais pas si c’est une erreur ou un coup de génie, parce que K.Dot brule le beat et efface clairement Future du morceau, alors, oui, c’était vendeur, mais personnellement, depuis, j’écoute uniquement le remix et principalement pour la perf’ de “Kung-fu Kenny”, alors je vous laisse juger…

Laurent

1 an en musique : 1983


Aie aie aie!!! Très très dur de faire des choix en cette année 1983, je crois que jusque là, c’est celle qui a été la plus compliqué à composer, pardonnez-moi si votre chanson favorite n’a pas fait le cut… allez DJ, Rewiiiiiiiiind!!!

Rien à faire, ce gif m’éclate toujours!!! Nous voici donc en 1983 et comme je vous le disais en préambule, c’est une énorme année en terme de sorties musicales, notamment l’incontournable “Billie Jean” du “King of pop” Michael Jackson himself!!! L’un des titres les plus fort de l’un des albums les plus incroyables de tous les temps, “Thriller”, vous vous rappelez, Michael qui en marchant, illumine le sol? Les débuts du fameux moonwalk, ah la la, rien que d’en parler j’ai des frissons!

Mais ce n’est pas tout, une autre immense star de la pop explose aux yeux du monde cette année-là, Louise Ciccone, alias Madonna! Vous voyez, je vous racontais pas de bêtises, 1983 était chargée musicalement et c’est pas fini!!! Pour la Madone, j’ai choisi le titre “Holiday” issu de son premier album éponyme, la chanson est fraîche, Madonna n’est pas encore l’icône sexy qu’elle s’apprête à devenir et ça fonctionne tout aussi bien à mon avis.

Hormis les deux plus grandes stars de l’histoire de la pop, le reste de la liste à également du talent à faire valoir, vous retrouverez notamment l’un des plus beaux morceaux de U2 avec “Sunday bloody sunday” en hommage aux 14 personnes décédées durant la marche pour les droits civiques en Irlande du nord, Bono et son groupe ont écrit un morceau intemporel qui résonne encore aujourd’hui dans notre actualité. Plus léger, mais pas moins talentueux, Eurythmics et son “Sweet dreams” ou Annie Lennox nous éclabousse de son talent, d’ailleurs je vous en reparlerais plus longuement dans un Sample Rendez-vous à venir…

Plus festif encore, l’inoubliable “Reggae night” de Jimmy Cliff, dans le genre chanson qui donne la pêche, ça le fait non?

Je continue aussi dans la douce insertion du rap dans le monde de la musique et après Blondie et son “Rapture” en 1983, c’est un autre géant de la musique qui donne un coup de pouce au hip hop, MONSIEUR Herbie Hancock avec “Rock it”. Je vous parlais de MJ plus haut, on retrouve aussi le groupe qui a été considéré comme la relève des Jackson 5, les New Edition et leur “Candy girl” dont je vous ai déjà parlé.

Plutôt pas mal non? Je vais vous laisser découvrir le reste de la liste que j’ai découpé au laser, croyez-moi, j’ai eu des choix cornéliens à faire et je vous laisse choisir selon vous lequel de ces douze morceaux est mon inavouable…

Je serais aussi curieux de savoir quel morceau vous auriez choisi, savoir si ils faisaient parti de ma liste de départ, en attendant retour en 2018…

Laurent

Nos Samples Rendez-Vous #28 : Kanye West et Luther Vandross


Luther Vandross, c’est fait je vous en ai déjà parlé dans une édition des Soulections, donc si vous me lisez un peu, vous savez que j’adore le type et le morceau dont il sera question aujourd’hui ne fera pas exception, “A house is not a home”.
A l’origine, le titre est chanté par Dionne Warwick pour la B.O du film du même nom en 1964, il connut un succès assez modeste et passa vite aux oubliettes jusqu’à ce jour de 1981, où MONSIEUR Luther a sorti son premier album solo, “Never too much”.

Dionne Warwick, elle-même a reconnu que le titre était fait pour Vandross et que selon elle, sa version était bien meilleure que l’originale.
Quant au sample utilisé par Kanye West, c’est sur le morceau “Slow jamz” en featuring avec Jamie Foxx, aussi doué comme acteur que comme chanteur et le rappeur le plus rapide de Chicago, Twista. Un track rap/séduction où Kanye a samplé la voix de Luther, l’a accéléré et en a fait un accompagnement à la mélodie de sa chanson.
Les 3 artistes font tour à tour un numéro de séduction aux demoiselles présentes à une soirée, notamment en leur proposant une sélection musicale pour leur faire passer un agréable moment, au programme, Luther, bien sûr, Marvin Gaye, Minnie Ripperton et j’en passe… On se croirait presque dans une édition des Soulections 〈( ^.^)ノ
A ce jeu-la, c’est Twista qui s’en sort le mieux, il balance des jeux de mots à la vitesse de la lumière avec le nom des artistes, un vrai exercice de style!
La chanson est issue du premier album de Kanye, le meilleur, si vous voulez mon avis, quand Yeezus était l’un des plus gros sampleurs de l’industrie hip hop et il n’allait pas piocher dans du n’importe quoi non plus…
Ca m’étonne d’ailleurs d’avoir attendu le 28ème pour vous en parler, ce que je peux vous promettre par contre, c’est que j’y reviendrais…
Laurent

Christian Scott, transmetteur de mémoires.


Souvenez-vous, j’avais déjà évoqué Christian Scott, le talentueux trompettiste américain après l’avoir vu en concert en mars dernier à Paris. Cette fois, l’homme étant assez prolixe, à la manière d’un Miles Davis par exemple, nous propose 2 cadeaux musicaux !!! le premier, « The emancipation procrastination » qu’il signe de son nom complet Christian Scott Atunde Adjuah (en hommage à ses ancêtres africains).

Le second, un album triple intitulé « The Centennial Trilogy », qui outre l’album précité, regroupe deux autres disques sortis en 2017, à savoir « Diaspora » et « RulerRebel ». De quoi se faire une belle idée du talent de ce musicien de 35 ans, grandi à la Nouvelle-Orléans, baigné des cultures africaines, de la soul, du blues, du hip-hop. Un mélange culturel et sonore dans lequel Christian Scott pioche avec un bonheur non dissimulé au gré de ses envies, de ses humeurs

« Centennial Trilogy » est un projet important pour Christian Scott. Une forme de revanche sur les clichés portés par les blancs à l’époque de l’esclavage au Etats-Unis : « fêter les 100 ans du premier enregistrement d’un album de jazz, que l’on doit à l’original dixieland jass band. Datant de 1917, le disque avait été fait par des blancs… pour se moquer du jazz noir ! Une sorte de satire de mauvais gout, inimaginable aujourd’hui. Cette trilogie serait donc une revanche, un rêve de gosse : « je voulais remettre dans la tête des gens que le jazz est une multitude de sons et d’influences et pas juste une blague ». Avec trois albums aux concepts musicaux différents, il remplit parfaitement cette mission : « Ruler Rebel » pour « qui tu écoutes », « Diaspora«  pour « qui parle à qui » et « The emancipation procrastination«  pour « ce que l’on raconte ».

Si le premier volet, « Ruler Rebel » fait la part belle aux racines africaines de la musique noire américaine moderne, le second, « Diaspora » se veut plus éclectique mettant en lumière les différentes diasporas qui ont composés le socle de la nation américaine et qui continuent aujourd’hui encore d’y contribuer. A travers ce disque, il marque son envie, sa nécessité viscérale d’étendre le jazz aux autres musiques, de ne pas l’enfermer dans une chapelle, de lui garder une fraicheur, une modernité accessible, mission qu’il confie à  ses jeunes acolytes, qu’il considère comme ses héritiers, de la transmettre. Le 3ème volet, « The Emancipation Procrastination« , contient une musique revendicative, pleine de sens politique, pour lui qui ne souhaite plus que les afro-américains restent passifs face à l’ordre des choses dans la société américaine. Il les invite à se lever, à se prendre en mains, ne pas rester résignés.

Dans les deux cas, donc, Christian Scott, entouré de ses comparses habituels, à savoir Elana Pinderhugues (flûte), Braxton Cook(saxophone alto), Stephen J.Galdney(saxophone ténor), Lauwrence Fields (piano, fender rhodes), Corey Fonville (batterie), Luques Curtis (basse), s’évertue à nous emmener dans son sillage sur les traces de la musique jazz, sur la terre de ses ancêtres, là où tout a vraiment démarré pour le Jazz, nous faire découvrir sa vision très large de la musique jazz, marquée par le talent de ce musicien aussi singulier que talentueux. Un homme-citoyen engagé, un musicien à forte personnalité, une démarche revendicative, qui plairaient à des figures telles Miles Davis, Sonny Rollins, Malcolm X, ou Martin Luther King.

En oubliant pas d’où il vient, ni les racines de sa musique, Christian Scott se fait ici gardien et transmetteur d’un mémoire historique, qu’il est,par les temps qui courent, utile de rappeler. Dans l’espoir qu’un jour l’Homme apprenne de ses erreurs et errements du passé pour mieux construire son avenir. En paix.

Deux disques à écouter de toute urgence pour comprendre qui est Christian Scott.

Guillaume.

La Canaille….collectif en rap majeur!


Non loin d’ici, à Montreuil, La Canaille, quatuor rap, a vu le jour en 2003, mené par le chanteur Marc Nammour, dont le parcours personnel est à lui seul une aventure. Il a grandi dans le Jura à Saint-Claude (ville célèbre pour ses fabriques de pipes), au milieu de ses parents et grands-parents ayant fui la guerre qui faisait rage au Liban, il va se mettre à écrire, se passionner pour Aimé Césaire.

Viendra donc la formation de La Canaille, avec à ses côtés Valentin Durup (guitares), Alexis Bossard (batterie, machines), Jérôme Boivin (basse, claviers, arrangements). Le groupe sera programmé au Printemps de Bourges en 2007 et obtiendra une nomination dans la catégorie « révélation hip-hop » du festival. « 11/08/73 » (en référence à la date de la première soirée hip-hop organisée par Kool Herc dans le Bronx) est donc le quatrième album de La Canaille, après « une goutte de miel dans un litre de plomb » (2009), « Par temps de rage » (2011), « La nausée » (2014).

Alors que dire de cet album?

Que pour moi c’est une belle surprise, bien ficelée, où la production musicale est très propre, et où l’équilibre textes/ musique est maitrisé. L’univers du groupe oscille entre le rock pour les instrumentations et le rap pour les textes. Un savant mélange, où la qualité est omniprésente, menée par le bon flow de Marc Nammour.

Parmi les titres qui m’ont beaucoup plu, figurent « Connecté » avec l’apparition du rappeur américain new-yorkais Mike Ladd, que certains ont pu voir à l’œuvre en 2016 lors d’une rap-jam au Comptoir à Fontenay, « 11/08/73 », « Sale boulot »… « République »… La violence de la société, le racisme au faciès, la découverte d’un pays terre d’accueil, de son histoire, autant de thèmes ici traités avec une plume de qualité et de perspicacité, sans jamais aucune violence gratuite dans le propos.

Assurément conquis par ce quatuor à suivre, La Canaille a devant lui des lendemains prometteurs. A découvrir.

Guillaume.

Nos samples rendez-vous #27 : Oxmo Puccino et Con Funk shun


Je vous en parlais il n’y a pas si longtemps dans l’article sur le hip hop et le storytelling car Oxmo Puccino est un des maîtres dans le genre et le morceau dont je vais vous parler aujourd’hui en est un autre exemple, “Le mensongeur”.
La chanson parle d’une histoire de séduction entre Oxmo et K-Reen, avec qui, il a enregistré plusieurs duo à l’époque, ces deux-là ont toujours fonctionnés à merveille ensemble et “Mensongeur” en est sans doute l’exemple le plus parlant.
Ici, Ox essaye par tous les moyens de séduire une K-Reen réfractaire à ses avances, car elle connait le pedigree de dragueur de ce dernier. La boucle ultra funky de Con Funk Shun a fait danser toute une génération, moi y compris et jusqu’à aujourd’hui, c’est l’un de mes morceaux préférés de l’immense discographie de Puccino.
Quant au sample, de Con Funk Shun donc, il provient de la chanson “If I’m your lover”, tiré de l’album “Fever” en 1983, c’est le dernier morceau du disque et il n’a étonnamment pas fait l’objet d’un single, je pense qu’avec le recul, ils auraient dû!
Pour le thème, on reste sur l’amour, mais c’est l’inverse du “Mensongeur”, il s’agit d’un couple en perdition, ou le gars essaie tant bien que mal de garder la flamme vivante, se sentant délaissé par sa tendre et douce…
Oxmo a réutilisé la boucle sans vraiment la retravailler, comme quoi, Funk, Rap et une bose dose d’amour sont un savant mélange qui fonctionne.
Laurent

Nos Samples Rendez-Vous #26 : Ja Rule et Ashanti/ Patrice Rushen



Always there when you call, always on time… allez, si vous avez écouté un peu de hip hop dans les années de 2000, vous avez forcément entendu ce refrain et la grosse voix de Ja Rule qui rappe les couplets, ça y est? Ca vous revient? C’était la belle Ashanti, compère historique du rappeur qui était en charge du refrain.
C’était la grosse période ou Ja Rule régnait sur le rap mainstream New Yorkais, il était une sorte de DMX édulcoré et ses nombreux duos avec les chanteuses R’n’B de l’époque lui ont garantit un succès pendant une petite dizaine d’années.
Le morceau dont il est question aujourd’hui, c’est, vous l’aurez compris, “Always on time”, ou le New Yorkais reprend le standard de la chanteuse funky Patrice Rushen.

Si vous ne la connaissez pas forcément, vous avez malgré tout sans doute déjà entendu ses tubes, “Always on time” donc ou le plus connu de tous, “Forget me nots”, repris par un certain Will Smith pour la B.O de Men in black.
La chanteuse tressée à a son actif une bonne douzaine d’albums entre 1974 et 1997 et a connu un beau succès pendant l’ère du disco et de la funk. Cependant, vous ne retrouverez pas ce morceau sur l’un des albums de Patrice, il a en fait été enregistré pour la collection “Unwrapped” du label Hidden beach, sur le volume 2.
Ces disques qui étaient, à l’origine, fait pour rester uniquement, à disposition du label, sont tombés dans l’oreille des DJ locaux, qui ont complètement halluciné du niveau de ces disques et du coup, ont poussé pour sortir ceux-ci, et heureusement pour nous, on serait passé à côté de sacrées pépites!!!
Quoi qu’il en soit, Rule, lui en a bien profité et ne s’est pas trop cassé la tête, le refrain est identique, la mélodie aussi, ils ont juste ajouté des grosses basses et le tour était joué, pour le plaisir de nos oreilles.

Laurent

Pour Orelsan, la fête est finie.


Orelsan est de retour !

Vainqueur récent aux Victoires de la Musique 2018 (ce qui a d’ailleurs créé une polémique, puisque certains esprits étriqués n’ont pas manqués de ressortir des propos écrits par le chanteur sur un précédent album-qui donnait c’est vrai une image très peu flatteuse de la  femme- le tout dans un contexte de libération de la parole féminine suite aux affaires Weinstein aux Etats-Unis et à des affaires similaires en France incluant de grands patrons, des députés ou des ministres), le rappeur français nous revient avec un album percutant, incisif, toujours avec ce flow qui lui est si particulier. « La fête est finie » est le 3ème album concocté par l’artiste, après « Perdu d’avance en 2009 » et « Le chant des sirènes » en 2011. L’artiste possède plusieurs cordes à son arc, puisqu’en dehors d’être chanteur, il est aussi instrumentiste (piano), mais aussi réalisateur, acteur, producteur.

Au cours des 13 titres qu’il nous propose, il aborde plusieurs thèmes (ses origines, la famille, le racisme, et le fait que nombre de chanteurs blancs français se soient inspirés au départ de musiques noires, tels le blues, le reggae, le ragga…) et s’offre des collaborations prestigieuses telles que celles de Maître Gims sur « Christophe », Stromae sur « La pluie », NekFeu et Dizzee Rascal sur  « Zone », enfin Ibeyi sur le dernier titre « Notes pour plus tard ».

Très bien accueilli par la critique musicale spécialisée comme généraliste, « La fête est finie » nous offre l’occasion de découvrir un artiste apaisé avec son passé, celui qui fut autrefois qualifié de « Eminem français », nous offre un album fort, dont les textes sont engagés sont sans concessions. Car, s’il a mûri, Orelsan reste un homme et un citoyen vigilant sur l’évolution de la société, de ses mœurs, de ses dérives aussi parfois.

Moi qui généralement n’écoute pas ou peu de rap (n’est-ce pas Laurent! 🙂 ), j’avoue avoir été agréablement surpris par la qualité de l’album et l’écriture des textes.

Mes titres préférés : « San » ; « Tout va bien » ; « La pluie » (en duo avec Stromae).

Guillaume.

 

Gomorra, du Rap, du Rock … et la Mafia Napolitaine.


Ayant tout juste fini le visionnage de la troisième saison, il est grand temps que je vous parle un peu de cette immense série qu’est Gomorra. Peut être que vous avez déjà vu le film de Matteo Garrone, sorti en 2008 et dans ce cas, vous êtes familier avec le cadre, Secondigliano et sa fameuse cité en forme de pyramide. Quoi qu’il en soit, la série nous présente d’autres protagonistes, en l’occurrence, la famille Savastano et son terrible patriarche Don Pietro (Fortunato Cerlino), le parrain local.

Librement inspiré du livre du même nom de Roberto Saviano (Disponible à la médiathèque et en Italien), la série va nous faire vivre la vie de ce quartier sclérosé par la mafia Napolitaine, la fameuse Camorra. Au début de l’histoire, Don Pietro dirige le quartier avec une main de fer avec le soutien de son fils Gennaro (Salvatore Esposito), sa femme Donna Immacolata (Maria Pia Calzone) et son homme de main, Ciro, l’immortel (Marco D’amore). Au rythme des trahisons, de la guerre des familles et des trafics, les habitants du quartier doivent éviter les balles perdues et survivre au quotidien dans ces terribles conditions.

Je ne vais pas en ajouter et maintenant de vous parler de la bande originale de Gomorra et si généralement, quand je vous parle des B.O, je vous parle principalement des chansons diffusés pendant les épisodes, ici je voulais vraiment mettre en avant l’excellent travail du groupe recruté pour orchestrer tout ça, le groupe Mokadelic. Totalement inconnu de mes oreilles avant ça, j’avoue, je suis un peu light en rock Italien, Mokadelic est aujourd’hui, pour moi, indissociable de la série, notamment pour le morceau “Doomed to live” qui conclut chaque épisode et qui généralement, est là, pour accompagner un moment de grande intensité. Ce n’est pas le seul, toute la production de Mokadelic est vraiment le parfait accompagnement sonore pour le show, même si bien sûr il y a autre chose et c’est ce dont je vais vous parler maintenant.

Du rap Italien!!! Oui, oui, j’y croyais pas moi même, mais j’ai kiffé!!! Anglais, Allemand, Belge, j’avais déjà écouté et j’ai toujours réussi à trouver des choses qui me plaisaient, mais Italien? C’était une première!!! Je n’aurais probablement jamais prêté l’oreille sans la série et je regrette pas. Je vous conseille vraiment le morceau qui sert de générique de fin, de NTO’ & Lucariello “Nuje Vulimme ‘na Speranza”, ils apparaissent plusieurs fois sur le soundtrack et ils sont vraiment talentueux. Ce ne sont pas les seuls rappeurs Italiens de la B.O, il y a aussi Co’Sang ou Rocco Hunt et d’autres encore.

Au programme aussi, pas mal d’electro qui illustre les scènes dans les clubs et quelques artistes internationaux aussi comme Asaf Avidan ou Edwin Hawkins, récemment décédé.

Voilà, j’espère vous avoir donné envie de découvrir la série, elle vous glacera le sang, je vous le garantis et vous risquez, comme moi, de vous mettre au hip hop Napolitain après ça.

Laurent

Alltta


 

 

 

Alltta. Encore un duo, composé d’un artiste français, 20syl  et de Mr J. Medeiros.

Le premier, (de son vrai nom Sylvain Richard), beatmaker, producteur pour Diam’s, Fabe ou encore Disiz, membre et beatmaker du collectif C2C ainsi que compositeur pour Hocus Pocus, autre combo dont il est membre. Plus récemment il a collaboré ces dernières années avec des artistes tels que Gregory Porter (album Liquid Spirit, 2014), Ibrahim Maalouf (Red and Black Light, 2015). Il a également remixé des musiques de Kendrick Lamar -Hé oui Laurent!:-)- (Sing that Shit, 2014), Yaël Naïm (sur le titre Walk Walk, en 2016)….  Bref un vrai touche à tout! De ce fait il a une discographie en solo ou participative déjà éloquante lorsqu’il rencontre en 2016  le rappeur californien Mr J. Medeiros (pas de liens familiaux avec Elie, Glenn-qu’est-ce que tu fais pour les vacances, n’est pas Carine et Laurent :-), ou encore Lio et Elena…. 🙂 ). Producteur, compositeur, de son vrai nom Jason C. Medeiros, il a fondé le groupe the Procusives, et il est le leader du groupe Rap-punk Knives. Il a lui aussi de nombreuses collaborations artistiques à son actif : Randy Jackson, Talib Kweli, le rappeur Shad ou encore C2C et et Hocus Pocus.

Les deux artistes se rencontrent en 2016 et forment alors  le duo Alltta (A little lower than the angels). Ils créent alors un monde sonore à la croisée du rap (en utilsant le BoompBap issu de la East Coast-technique dont se servent par Kendrick Lamar, Wu Tan Clan, KRS-One ou Joey Badass- en opposition au Trap style), et de l’électro un rien planante.

Leur nouvel album est très intéressant musicalement, car les 2 compères ont du talent, de l’inventivité et le résultat est à la hauteur. Nul doute que leur passage le 21 décembre Salle Jaques Brel, en clôture de l’édition 2017 des Aventuriers devrait nous valoir un joli moment musical et festif.

http://www.festival-les-aventuriers.com/programmation/alltta-20syl-mr-j-Medeiros

Guillaume.

 

 

Chill Bump, Duo d’aventuriers


Chill Bump. Ce nom ne dira pas grand chose au grand public mais les afficionados de Rap et Beatmaking connaissent déjà surement ce duo franco-anglais, qui surfe donc depuis son origine entre le rap, la trap music (tu connais ce courant musical Laurent? :-), les influences électroniques, et le son venu de Houston et Atlanta.

Mais qui sont les 2 compères? d’un côté Miscellaneous, beat maker de sa Gracieuse Majesté, de l’autre, le pianiste français Bankal. Ces 2 Musiciens, tenant à leur indépendance,  ont quitté Paris pour s’installer à Tours et y monter un studio d’enregistrement, et de posséder ainsi la totale maitrise sur leurs compositions, leur univers sonore, qu’ils reproduisent en tournée.

Ce duo talentueux a été repéré par des groupes aussi varié que C2C ou Wax Tailor pour assurer leurs premières parties lors de tournées.  De quoi vous poser la qualité de Chill Bump et imaginer que leur prestation à venir lors de la prochaine édition du Festival des Aventuriers de Fontenay à l’Espace Gérard Philipe, le 14 décembre, vaudra le déplacement.

https://www.chill-bump.com/about/

Guillaume.

 

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