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Rapsody, dernière gardienne du temple?
Je dois dire que ça fait un moment que je voulais vous parler de Rapsody, mais pas évident de trouver son Laila’s wisdom sur notre plateforme de commande alors j’attendais… Et puis récemment, j’ai regardé Rapture sur Netflix, un documentaire en huit parties sur quelques figures du hip hop actuel, dont une sur Rapsody et là, je me suis dit stop, je me dois d’en parler tant cette nana est géniale!
Rapsody a un parcours assez peu commun dans le milieu du rap, loin de New York, L.A ou Atlanta,non elle est originaire de Snow Hill, un petit bled de Caroline du Nord, peut être que c’est ça qui a fait que son amour pour cet art est arrivé sur le tard, à savoir sur les bancs de la fac, avec un petit groupe de potes, ils deviennent les Kooley High et s’éclatent à l’université, mais pour Rap, c’est plus que du fun, elle se prend véritablement d’amour pour l’écriture et le hip hop et décide d’en faire une carrière quand avec son groupe, elle rencontre un certain 9th wonder, qui est bluffé par sa qualité derrière le mic et lui propose de poser un couplet sur son disque à venir, “The dream’s merchant”. A partir de là, ça clique professionnellement entre les 2 et jusqu’à ce jour, c’est un duo gagnant, l’entente entre ces deux-là semblent écrite Rap signe avec 9th sur It’s a wondeful world music group et se fait remarquer par un certain Jay-Z, accessoirement l’une des idoles de la rappeuse, qui au fil des mixtapes impressionne la légende de Marcy jusqu’au point de proposer un contrat chez Roc Nation, son label.
9th et Rapsody garde quand même un certain contrôle artistique en créant Jamla Records, un label à part entière au sein de Roc Nation et ils continuent d’y parfaire le style de Rapsody. La jeune femme de Caroline du Nord a su être patiente et se laisser guider par l’expérience de 9th Wonder, sorte de Yoda pour elle, d’autres se serait lassé, mais 9th ne veut pas la sortir trop tôt et lui brûler les ailes, alors ils continuent à travailler, de mixtapes en tournées, de featurings en freestyle…jusqu’à l’an dernier.
Après presque une décennie dans le game, elle sort enfin son premier disque studio, “Laila’s wisdom” et croyez moi, si l’attente a été longue, le résultat en vaut la peine, c’est un disque de haute volée, sans faux pas avec des invités de prestige, qui d’autre peut se permettre d’avoir, sur un premier album, Kendrick Lamar, avec qui elle avait collaborée sur son “To pimp a butterfly”, mais aussi Busta Rhymes, Black Thought de The Roots ou encore BJ The Chicago Kid… Je vous mets au défi de m’en trouver un autre comme ça.
Et par dessus tout, la qualité est au rendez-vous, on retrouve le style de Rapsody, très New Yorkais des 90’s, parfois on a presque l’impression de retrouver une version féminine de Jay-Z sur Reasonable doubt (j’exagère pas, je vous promets).
Alors voilà, pour résumer, perdue au milieu des Nikki Minaj, Cardi B et les autres filles sexys du “rap” actuel, se trouve Rapsody et si je parlais de dernière gardienne du temple, c’est que selon moi, elle est une descendante directe de la lignée des MC Lyte et Queen Latifah, Rapsody respire le hip hop a des kilomètres, je ne me suis donc pas restreint a des morceaux de son album mais je vous propose une playlist élargie avec des tracks de ses anciennes mixtapes, qui sont tout aussi bons que ce qu’elle nous donne sur Laila’s wisdom.
Laurent
Le rap, un art masculin? Détrompez-vous…
Trop souvent vu comme une musique hyper macho, réservé à la gente masculine, le rap est en réalité un art où les femmes ont une place historique et n’ont jamais été que des accessoires sexys pour les clips, elles ont du talent à revendre et des choses à dires et je vais vous en faire la démonstration aujourd’hui, j’ai pris le parti de diviser les artistes dont je vais vous parler en plusieurs catégories en commençant par celles qui ont ouvert les portes.
LES PIONNIÈRES:
A la fin des années 80, le rap est déjà bien installé comme la musique urbaine qui monte et il est vrai qu’à cette époque, le milieu est principalement masculin jusqu’à l’arrivée d’une certaine Roxanne Shanté, qui, selon mes connaissances est la première rappeuse a enregistré un morceau avec son “Roxanne’s revenge” en réponse à “Roxanne Roxanne” du groupe UFTO, voilà la guerre des Roxanne lancée et les débuts du rap au féminin. Les deux autres grandes figures de la genèse des filles dans le rap et ces deux-là ont probablement encore plus marquées l’histoire que Shanté, je parle évidemment de Queen Latifah et MC Lyte, les vrais fers de lance du mouvement ce sont elles. Queen Latifah propose un rap engagé, politique, sorte de pendant femme d’un Rakim, son “U.N.I.T.Y” résonne encore aujourd’hui comme un hymne à la paix. Quant à MC Lyte, c’est le talent à l’état pur, un flow génial, des rimes super affûtées, capable de proposer des morceaux engagés, comme des chansons pour faire la fête, la belle de Brooklyn sait tout faire. Il y eut bien sûr d’autres artistes marquantes à l’époque comme Yo-Yo, Salt’n Pepa ou Angie Martinez, la fameuse animatrice/rappeuse de la radio Hot 97 et vous les retrouverez dans la playlist.
LES FRENCHIES:
Avant de continuer sur les rappeuses US, je vous propose de traverser l’atlantique et de re/découvrir les talents hexagonaux, parce que mine de rien,on est gâtés aussi, en France. Vous connaissez probablement tous Diam’s, pas besoin d’en rajouter à mon avis, mais je vous conseille vraiment de fouiller un peu sur ce qu’elle faisait avant d’être célèbre, notamment avec Mafia Trece, “la boulette” envoyait du lourd. Je préfère me concentrer sur Casey, qui pour moi, textuellement est l’une des artistes les plus intéressantes, hommes/femmes confondus, son flow ne plaira pas à tout le monde, c’est sûr, moi j’adore, mais au niveau de l’écriture, peu de mc’s sont au niveau, son “Chez moi” où elle parle de “sa” Martinique est tout simplement génial. Dans le même genre, mais de l’autre côté de la carte, il y a Keny Arkana, cette jeune Marseillaise n’a que deux disques studios, mais de nombreuses mixtapes et des collaborations à gogo. Mais avant tout ça, nous aussi on avait des pionnières et si les noms de Lady Laistee, Sté Strausz ou Princess Aniès ne vous disent rien, s’il vous plaît, écoutez la playlist, parce que ces 3 nanas ont ouvert les portes pour les femmes dans le rap Français.
LES RAPPEUSES A TEXTE:
Retour aux US avec cette autre catégorie, celles qui ont message à faire passer et elles sont nombreuses dans ce cas. En réalité, c’est en écoutant une rappeuse actuelle que j’ai eu envie de faire cette chronique, l’artiste en question, c’est Rapsody, la nouvelle signature de Roc Nation (le label de Jay-Z) est tout simplement ma rappeuse préférée actuellement, techniquement, textuellement, je ne vois vraiment pas qui peut rivaliser avec cette nana. Ce n’est évidemment pas la seule, j’aimais énormément l’égérie féminine des Ruff Ryders, Eve, cette blonde avec ces pattes de chiens tatouées sur la poitrine avait un style unique et des morceaux mythiques. Sans doute moins connue mais tout aussi talentueuse, son équivalent dans le Flipmode Squad, la bande à Busta Rhymes, la géniale Rah Digga, au début des années 2000, elle régnait sur le rap underground, selon moi. D’autres telles que Jean Grae, l’acolyte de Talib Kweli ou Bahamadia sont à découvrir dans la playlist.
LES “SEXYS”:
L’autre catégorie et je mentirais si je disais qu’elle n’existe pas, je dirais même qu’elles sont sans doute les plus connues, ce qui ne veut pas dire pour autant qu’elles ne regorgent pas de talent, ce sont les mc’s sexys, évidemment, c’est aussi l’un des thèmes récurrents du rap, chez les hommes, comme chez les femmes. Récemment, le phénomène Cardi B qui a enflammé le web avec son “Bodak Yellow” ou Nicki Minaj avant elle, voire Iggy Azalea, même si carrière est un peu partie en flamme depuis, elles sont les fers de lance de cette génération est vous en avez sans doute déjà entendu parler, alors je vais revenir en arrière et plutôt faire la lumière sur les anciennes, qui étaient, à mon avis bien meilleures. Je parle de la sulfureuse Lil’Kim, le visage féminin de la grande époque Bad Boy, celle-ci même, qui se disputait les faveurs de Notorious B.I.G et au delà de son côté hot, elle a su proposer des morceaux très hip hop comme “Lighters up” ou “Whoa” par exemple. Même chose pour Foxy Brown, l’autre grand nom de l’époque, qui avec “Get me home” pertubait tous les gars qui écoutait, mais pouvait aussi nous sortir des tracks comme “I’ll be good” ou encore sa collaboration avec The Firm. Pour finir, je citerais Remy Ma, l’atout charme du Terror Squad, même si carrière a été interrompu par un séjour à l’ombre, elle est encore capable de nous sortir des bangers mémorables comme son “All the way up” sorti en 2016.
LES “BONUS”:
Pas forcément des rappeuses à plein temps, elles varient entre chants et rap, mais sont parfois même meilleures que les “vraies” mc’s, quelques noms en vracs qui apparaîtront dans la liste écoutables, je vous citerais en premier lieu, Ms Lauryn Hill, l’ex des Fugees est l’exemple parfait de la chanteuse capable de rapper mieux que la plupart, sur “Lost ones” par exemple, ou à l’époque des Fugees avec “Boof baf” par exemple. Missy Elliott aussi, difficile à classer, elle oscille entre rap et morceaux plus R’n’B, mais excelle à chaque fois. Que dire alors de Janelle Monae ou Kelis, géniales également dans les 2 rôles et j’ai failli oublier les anciennes de Salt’ N Pepa, pourtant inoubliables avec leur “Let’s talk about sex”.
Voilà, j’espère vous avoir convaincu que les clichés, ne sont pas toujours vrais et que même si certains sont réels, il faut parfois savoir passer au-delà pour découvrir de belles choses.
Laurent