Archives du blog
Bertrand Tavernier, le cinéma chevillé au corps.

Né à Lyon en 1941, Bertrand Tavernier, est le fils d’un romancier et résistant, qui protégea notamment Elsa Triolet et Louis Aragon pendant la seconde guerre mondiale. Il optera très vite pour la voie du cinéma, sa véritable passion., découverte à l’occasion d’un séjour dans un sanatorium pour soigner une tuberculose. Il a alors 12 ans. Plus tard, après des études de droits à la Fac, où il fondera un journal spécialisé dans le cinéma (« L’Etrave »), il monte un ciné-club, pour y mettre en avant des films de genres du cinéma hollywoodien . Ainsi y verra-t-on westerns, films noirs ou encore comédies musicales.. Il a connu mille vies avant de passer lui-même derrière la caméra et réaliser ses propres films. Ainsi fut-il assistant-réalisateur, puis attaché de presse du grand Stanley Kubrick (Spartacus, Les Sentiers de la Gloire-deux films avec Kirk Douglas-, Orange Mécanique, 2001 l’Odysée de l’Espace…), avec qui il travaillera pendant 10 ans (1964-1974) notamment sur deux films précités, « 2001, l’Odyssé de l’Espace » (1968), « Orange Mécanique(1971) avec Malcom Mc Dowell, Patrick Magee et « Barry Lyndon » (1975), avec Ryan O’Neal et Marysa Berenson. Il cessera sa collaboration avec Kubrick en lui adressant le mot suivant : « Comme artiste, vous êtes génial, comme patron vous êtes un imbécile ». Péremptoire et définitif. Avant cela, il avait fait ses armes auprès du grand Jean-Pierre Melville sur le tournage de « Léon Morin Prêtre » (1961), avec Jean-Paul Belmondo dans le rôle principal. En 1965, il se retrouve à travailler aux côté de Jean-Luc Godard, qui tourne « Pierrot Le Fou », avec toujours Jean-Paul Belmondo, mais aussi Anna Karina, Jean-Pierre Léaud.
Dans les années 60, cet amoureux du cinéma américain va profiter de ses collaborations à des revues de critiques cinématographiques pour mettre en avant les réalisateurs américains qu’il affectionne, tels Raoul Walsh (« La Piste des géants », 1930- « Une corde pour te pendre », 1951), John Ford(« Le fils du désert », 1948 ; « La prisonnière du désert », 1956″; « La Conquête de l’Ouest » 1962 ; L’Homme qui tua Liberty Valence », 1962 ) John Huston (« Faucon Maltais », 1941 ; « Key Largo », 1948 ; « Quand la ville dort », 1950 ; « Les désaxés », 1961 ; « A nous la Victoire »,1981) ; ou encore Budd Botticher (« Les rois du rodéo », 1952 ; « La cité sous la mer », 1953 ; « Sept hommes à abattre », 1956 ; « La chute d’un caïd », 1960).
Il fonde aussi un ciné-club, le Nickel Club, pour y diffuser westerns, polars et comédies musicales. A la fin des années 60, quand survient le mouvement social de mai 68 en France mais aussi ailleurs dans le monde Bertrand Tavernier choisit de ne pas s’adjoindre aux réalisateurs français qui boycottent le festival de Cannes, veulent instaurer une « nouvelle vague » et de fait ringardiser le cinéma d’avant, les auteurs et scénaristes d’avant. Son choix fort en ce sens, sera d’ailleurs d’aller chercher le scénariste Jean Aurenche, lorsqu’il commencera à réaliser ses propres films. Ce scénariste-dialoguiste, qui a prêté son talent pour des films comme « Le diable au corps » de Claude Autant-Lara (1947), « La Traversée de Paris » (1956, et son inoubliable trio Gabin-Bourvil-De Funès), le nom moins fameux « Notre-Dame de Paris » (1956, avec Anthonny Quinn et Gina Lolobrigida), a donc travaillé avec Bertrand Tavernier sur plusieurs de ses films dont il a écrit les scénarii : « L’horloger de Sain-Paul (1974), « Que la fête commence » (1975), « Le juge et l’assassin » (1976). Il obtiendra d’ailleurs les césars du meilleur scénario en 1976 et 1977, pour « Que la Fête commence » et « Le juge et l’assassin »(face à face Noiret-Galabru). Il récidivera en 1982 pour le fameux « Coup de torchon », film avec Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle, Isabelle Huppert, Stéphane Audran, Eddy Mitchell, Guy Marchand… C’est dire la qualité du bonhomme avec le quel travaille Tavernier.
Bertrand Tavernier, réalisateur, était un vrai conteur, un passionné de l’humain, de l’histoire avec un grand H, c’est pourquoi tout au long de sa riche carrière il ne s’est interdit aucun genre cinématographique ou presque. Ainsi il a exploré le polar ( « L.627 » ; « L’Appât » ), le film historique avec « Capitaine Conan » et « La vie et rien d’autre » ayant comme toile de fond la guerre de 14-18, « La guerre sans nom » en 1992, ayant pour thème la guerre d’Algérie, les films d’époque, La fille de D’Artagnan » (19994) et « La princesse de Montpensier »(2010), le film politique avec « Quai d’Orsay » (2013), le genre musical aussi puisqu’il est fan de jazz et il a rendu hommage superbement à Charlie Parker, dans le film « Autour de minuit » (1986) en offrant le rôle au saxophoniste Dexter Gordon, avec à ses côtés François Cluzet. Vient aussi le colonialisme avec « Coup de torchon » (1981), le tueur en série avec « Le juge et l’assassin » (1976). Il va également aussi tourner à l’étranger, à l’occasion de l’un de ses films les plus réussis à mes yeux, « Dans la brume électrique » véritable polar mené dans le sud des Etats-Unis, avec le grand Tommy Lee Jones dans le rôle titre. On y voit même le légendaire guitariste de blues Buddy Guy jouer lors d’une séquence.
Tout au long de sa carrière, Bertrand Tavernier, infatigable passionné du cinéma américain et français, n’a donc cessé de communiquer son amour pour le 7ème Art, les vieux films, le patrimoine. C’était un transmetteur, un conteur, à la manière d’un Jean-Claude Carrière ou encore différemment, d’un Jean-Loup Dabadie. Il a dirigé devant sa caméra nombre de comédiens et comédiennes français(es) ou américains. Outre son acteur Philippe Noiret ( cinq films ensembles), Isabelle Huppert (3), il y a eu Jean-Pierre Marielle (« Coup de torchon »), Sabine Azéma (« La vie et rien d’autre »), Stéphane Audran (« Coup de torchon »), Michel Galabru (« Le juge et l’assassin », Philippe Torreton (« Capitaine Conan »), Didier Bezace (« L.627″), Gaspard Ulliel (La Princesse de Montpensier »), Sophie Marceau, Claude Rich, Samy Frey (La fille de D’Artagnan), Marie Gillain, Bruno Putzulu, Richard Berry (L’Appât), Niels Arestrup, Thierry Lhermitte (« Quai d’Orsay »), Tommy Lee Jones, John Goodman (« Dans la brume électrique »).
Bertrand Tavernier était autant une figure qu’une voix du cinéma français. Il ne manquait pas une occasion de prendre position pour défendre sa profession lorsque celle-ci était mise à mal par celles et ceux qui gouvernent, quelle que soit l’époque. Il était connu et reconnu à l’étranger, ses films étant régulièrement primés, depuis 40 ans, dans les plus festivals tels que la Mostra de Venise, la Berlinale, mais aussi à San Sébastian, aux BAFTA britanniques, ou en France au Festival de Cannes et lors de la cérémonie des Césars. Il avait reçu le prix Louis Delluc en 1973 pour son film « l’Horloger de Saint-Paul ». Au sujet de ce film, une anecdote, un horloger installé dans le quartier de Saint-Paul à Lyon avait sollicité Bertrand Tavernier pour lui demander l’autorisation d’appeler son magasin « L’Horloger de Saint-Paul », en hommage au film du réalisateur. Touché par la démarche, Tavernier avait accepté. C’est dire la qualité de l’homme. En 2015, il avait été honoré d’un lion d’Or pour l’ensemble de sa carrière. Preuve ultime de la reconnaissance de ses paires hors des frontières françaises.
Lui qui avait le cinéma chevillé au corps, à l’âme, Il laisse une filmographie dense, de qualité, et riche en sujets traités. Un réalisateur à (re)découvrir.
Guillaume.
François Truffaut-Georges Delerue, 2 talents associés.

Pour la cinquième fois, je vais évoquer un duo associant un réalisateur et un compositeur de musiques de films. Après avoir parlé du duo Luc Besson-Eric Serra, je vais revenir dans les années 60-70 avec la paire François Truffaut-Georges Delerue.
Né à Paris en 1932, François Truffaut d’une fille mère issu de milieu catholique fervent, puis confié à une nourrice. En 1933, sa mère rencontre et épouse Roland Truffaut qui reconnaît l’enfant civilement. Le jeune Truffaut est ensuite, à l’êge de 3 ans, confié à ses grands-parents, qui habitent en bas de Montmartre, à deux pas de chez ses parents. A 7 ans, passionné par la lecture et le cinéma qu’il fréquente plus que souvent, y compris pendant le temps d’école, il dévore tout ce qui concerne Jean Renoir, René Clair, Jean Vigo, Claude Autant-Lara, Jean Cocteau ou Yves Allégret.
Quand sa grand-mère maternelle décède, en 1942, Truffaut réintègre le domicile parental qui se trouve non loin de celui d’un jeune chanteur qui fera une immense carrière : Charles Aznavour. Le hasard fera que 18 ans plus tard, ce dernier sera le personnage principal de « Tirez sur le pianiste ». A 12 ans seulement, il fait ses premiers « 400 coups » au Lycée Rollin. Apprenant la vérité sur sa naissance à la lecture d’un carnet de son père, il est bouleversé et devient fugueur. Il fréquente alors les salles obscures des cinémas de Pigalle.
Après une enfance et adolescence difficile, ballotté entre parents, nourrice et grands-parents, puis la révélation de la vérité sur sa naissance à la lecture d’un carnet de son père, Truffaut se réfugie dans les cinémas. Puis vient à fonder un cinéclub, sur les conseils d’André Bazin, qu’il retrouvera quelques mois plus tard, au sein de la revue Travail et culture ». En 1959, Truffaut démarre la saga des aventures du personnage d’Antoine Doinel avec le film « les 400 coups » avec le jeune comédien Jean-Pierre Léaud. Ce film obtiendra d’ailleurs le prix de la mise en scène au festival de Cannes la même année. La suite, ce sera « Antoine et Colette »(1962), « Baisers volés »(1968), « Domicile conjugal »(1970) et « l’amour en fuite » (1979).
Henri-Pierre Roché auteur de « Jules et Jim », « Deux anglaises et le continent » verra François Truffaut adapter ses deux romans. Il se basera, pour ces adaptations, sur les notes laissées à sa veuve. François Truffaut, tout au long de sa filmographie, a fait tourner et parfois débuter devant sa caméra, les plus grandes actrices françaises ou américaines. Jugez plutôt :
Claude Jade (« Baisers volés »(1968), « Domicile conjugal »(1970), « L’amour en fuite »(1979), Nathalie Baye (début dans « La nuit américaine »,1973, rôle titre dans « La chambre verte », Isabelle Adjani dans « L’histoire d’Adèle H »(1975), Jacqueline Bisset dans « La nuit américaine »(1975), avec la jeune débutante Nathalie Baye. Catherine Deneuve dans « La sirène du Mississippi »(1969), « Le dernier métro »(1980), Marie-France Pisier fit ses débuts à 17 ans dans « Antoine et Colette »(1962). Fanny Ardant, qui fut son dernier amour, joua dans « La femme d’à côté »(1981) et « Vivement dimanche »(1983).
Côté acteurs, il y eut bien sûr Jean-Pierre Léaud dans « Les 400 coups »(1959), « Antoine et Colette », « Baisers volés », « Domicile conjugal », Jean-Paul Belmondo (« La sirène du Mississippi »), Jean-François Stévenin, lui, fut son assistant et joua dans « l’Argent de poche » et « La nuit américaine », Gérard Depardieu dans « La femme d’à côté », « Le dernier métro « , Jean-Louis Trintignant dans « Vivement dimanche ». Vous le voyez, un éventail de comédien.n.e.s très large. Disparu en 1984, François Truffaut laisse une oeuvre très riche et des films devenus des classiques du cinéma.

Georges Delerue, naît à Roubaix en 1925, au sein d’une famille qui aime la musique. Son père, contremaître dans une usine et sa mère, qui parfois chante des airs de Gounod ou Bizet tout en jouant au piano, emmènent leur fils assez souvent au cinéma. Un déclic et la naissance d’une passion qui le conduira à en faire son métier.
En 1939, alors élève dans une école formant aux métiers de la métallurgie, sa mère décide de l’inscrire au Conservatoire. Il y apprend la clarinette, sans plaisir. A 14 ans, il stoppe tout et retourne à l’usine pour aider sa famille. Des études de solfège au Conservatoire, une admission en classe de piano lui permettront de découvrir des compositeurs comme Bach, Mozart, Chopin, Beethoven.
1945 est un tournant. Auréolé de 3 premiers prix de Conservatoire à Roubaix (clarinette, piano, harmonie), il rentre au Conservatoire de Paris. Quatre ans plus tard, il remporte le premier prix de composition.

En 1952, Georges Delerue obtient le poste de compositeur et chef d’orchestre à la Radiodiffusion française. Créateur du Conservatoire de Nancy en1957, deux ans plus tard, sur les conseils de Darius Milhaud, il se lance dans la composition pour le cinéma, avec « Hiroshima mon amour »d’alain Resnais (1959). Dans les années 60, en plein mouvement de la Nouvelle Vague, Delerue fera deux rencontres qui vont faire basculer son destin, celles de François Truffaut et Jean-Luc Godard. Il composera pour le premier la musique de « Jules et Jim », et pour le second celle du film « Le Mépris ». Ces deux films obtiendront un tel succès à l’étranger que Georges Delerue verra son statut de compositeur changer. Il est désormais un musicien qui compte, un compositeur que l’on s’arrache.

Georges Delerue verra son travail salué et récompensé à plusieurs reprises. En France, ce sont 3 Césars successifs en 1979, 1980 et 1981 pour respectivement les films « Préparez vos mouchoirs », « L’amour en fuite », et « Le dernier Métro ». Aux Etats-Unis, c’est pour le film « I love you, je t’aime » qu’il recevra un Oscar en 1981.
Outre son travail pour les musiques de film, Delerue a aussi composé des musiques au registre plus classique, comme des musiques de chambre, des musiques pour orchestres. Décédé à l’âge de 67 ans, Georges Delerue laisse derrière lui une œuvre musicale considérable, riche, variée.
Le début d’une prodigieuse carrière ornée de 300 musiques de films, dont outre « Jules et Jim « , « Le mépris », il signera « Le corniaud », « Le cerveau », « Platoon », »Le dernier métro », »Les rois maudits »… et j’en passe.
Outre Francois Truffaut et Jean-Luc Godard, Georges Delerue aura également prêté son talent à des réalisateurs tels que Gérard Oury, Oliver Stone, Claude Barma, Agnès Varda, René Clair, Georges Lautner, Philippe de Broca, Alain Corneau, Bertrand Blier.
Un casting de rêve pour ce compositeur qui côtoiera les plus grands comédiens : Yves Montand, Bourvil, Jean-Paul Belmondo, Michel Piccoli, Brigitte Bardot, Louis de Funès, Jacqueline Bisset, Kevin Bacon et bien d’autres encore…
En tous cas, le travail commun mené par le duo Truffaut-Delerue a laissé en héritage de très beaux films.
Je vous laisse avec un sélection des musiques de Georges Delerue.
Guillaume.
Jacques Demy-Michel Legrand, inititateurs de la comédie musicale française.

Originaire de Pontchâteau, près de Nantes, Jacques Demy est né en 1931, d’un père garagiste, et de mère coiffeuse. Le père tient son garage jusqu’en 1934, année au cours de laquelle il décède. Il a toujours imaginé que son fils prendrait sa suite. Mais le jeune Jacques a d’autres projets en tête. Lui qui dès l’âge de quatre ans utilisait des marionnettes pour raconter des histoires, puis ensuite à neuf il utilise un petit projecteur de cinéma, et va même jusqu’à peindre la pellicule pour travailler à des films d’animations.
Fin 1944, il achète sa première caméra, et réalise alors des films avec des comédiens puis plus tard des documentaires, comme « Le Sabot » (1947) et « Le sabotier du Val de Loire » (1955). Dans les années 50’s, il réalise quelques courts-métrages, comme « Le bel indifférent » (1957), « La mère et l’enfant »(1959).
Dès 1961, Jacques Demy réalise le film qui va vraiment lancer sa carrière et le faire connaitre auprès du public. « Lola », avec Anouk Aimée, qui interprète le rôle titre, à savoir une danseuse-entraîneuse dans un cabaret nommé « L’Eldorado ». Tombée enceinte très jeune d’un aventurier, Michel, qui part en Amérique, elle élève son enfant seule puis avec un marin fraîchement débarqué de Chicago, qui lui rappelle Michel. C’est aussi grâce à ce film que l’actrice va voir sa carrière décoller.

Par la suite, il va tourner, dans la belle ville de Nantes, deux films qui vont devenir des classiques, tout d’abord « Les parapluies de Cherbourg », en 1964, film pour lequel il obtiendra la palme d’Or au festival de Cannes et le prix Louis Delluc. La comédie musicale à la française est née. Au casting, une certaine Catherine Deneuve. La musique est signée Michel Legrand.

Grâce au succès international du film, Deneuve et Legrand verront leur notoriété exploser. Suite à ce très grand succès, Jacques Demy travaille sur le scénario des « Demoiselles de Rochefort »(1967), avec Catherine Deneuve et sa sa soeur, la regrettée Françoise Dorléac (photo ci-dessous), mais également le jeune Jacques Perrin (qui produira le film animalier « Microcosmos », sorti en 1996), les danseurs et comédiens américains Gene Kelly (connu notamment pour ses prestations dans « Chantons sous la pluie », aux côté de Fred Astaire), et Georges Chakiris, qui a signé une très belle prestation dans le film « West Side Story » (1962), aux côtés notamment de la jeune comédienne Nathalie Wood.
En 1970, il tournera « Peau d’âne » avec Catherine Deneuve dans le rôle titre avec également la star française Jean Marais. Michel Legrand composera évidemment la musique du film. Dans la foulée, Jacques Demy s’attaque à nouveau scénario, celui de « une chambre en ville »(un des rares films dont de Jacques Demy dont Michel Legrand n’a pas fait la musique, confiée à à Michel Colombier). Tout d’abord prévu pour être tourné en 1972, il subira de nombreux avatars (problème de productions, refus de comédiens), puis après moult péripéties, verra le jour en 1982, avec au casting une belle brochette de talents, puisque Dominique Sanda, Michel Piccoli, Jean-François Stevenin, Richard Berry, Danielle Darrieux. Du très lourd!
Au milieu des années 70’s, Jacques Demy écrit un scénario intitulé « Dancing »… qui attendra quelques années avant de voir le jour sous le titre « 3 places pour le 26 » (1988), avec au casting Yves Montand, acteur-chanteur, Mathilda May, mais aussi Françoise Fabian. Le film ne rencontrera pas un grand succès auprès du public.

Michel Legrand, né en 1932 à Paris, baigne dans un environnement musical, son père Raymond Legrand étant compositeur et sa mère n’est autre que la soeur du chef d’orchestre arménien Jacques Hélian. De 1942 à 1949, Michel Legrand étudie le piano et la composition sous la férule de Nadia Boulanger notamment. Mais loin de cet univers classique, il se prend de passion pour le jazz, après avoir découvert le trompettiste américain Dizzy Gillespie, avec qui il travaillera quelques temps plus tard, en 1952, à l’occasion de la venue en Europe du musicien. Véritable touche à tout, il pratique pas moins de 12 instruments! Devant tant de facilités, son père décide de l’introduire dans le milieu musical de Paris. Il devient ainsi arrangeur au célèbre cabaret des Trois Baudets, dirigé par Jacques Canetti, qui a vu passer Brel, Brassens, Gainsbourg… Legrand travaillera auprès d’Henri Salvador, Catherine Sauvage, ou encore Jacques Brel.

L’année 1954 marque un tournant dans la carrière de Michel Legrand. En effet, la firme Columbia, par l’intermédiaire de Jacques Canetti, lui passe une commande, composer des relectures de standards français en versions jazzy. Cet album, « I Love Paris », lui conférera une renommée internationale. Quatre ans plus tard, il fait connaissance avec trois monstres de l’histoire du jazz, Miles Davis, John Coltrane et Bill Evans, enregistrant avec eux « Legrand jazz ».
Les années 60, l’arrivée de la « nouvelle vague » au cinéma, avec des noms comme Godard, Truffaut, Chabrol, Demy, Varda, Resnais, Rivette, vont permettre à Michel Legrand de démarrer une carrière dans le cinéma en tant que compositeur de musique. Dans les années 70, il ira aussi aux Etats-Unis, où aidé de Quincy Jones et Henry Mancini, il intégrera les studios de Hollywood et travaillera avec plusieurs grands noms du cinéma américain.
Bref, Legrand est partout, il touche à tout. Un bourreau de travail, travaillant sur plusieurs projets de front. Comme il déclare dans l’une de ses ultimes interviews, il « aime apprendre, changer de discipline, de style, d’univers, ça (lui) permet de garder l’esprit ouvert, vif, alerte ». Apprendre est son moteur pour tout projet dans lequel il se lance.
Nombre de stars ont eu le privilège de côtoyer, travailler avec lui. De la chanson française comme Claude Nougaro, Henri Salvador, Charles Aznavour, Nana Mouskouri, Franck Sinatra, du jazz avec Lena Horne, Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, du classique comme Natalie Dessay, Kiri Te Kanawa, Jessye Norman, ou encore le monde la variété internationale avec Barbara Streisand. Sacré casting !
Lui et Jacques Demy ont donc écrits ensemble quelques unes des plus belles pages du cinéma français des 60 dernières années. Quant à Michel Legrand, outre donc son travail avec le réalisateur nantais, il a collaboré avec de très nombreux grands noms du cinéma français, mondial : Marcel Carné, François Reichenbach, Henri Verneuil, Yves Allégret, Jean-Luc Godard, Jean-Paul Rappeneau, Edouard Molinaro, Norman Jewison, Richard Brooks, John Sturges, Richard Lester ou encore Clint Eastwood, pour n’en citer que quelques-uns.
Disparu il y a tout juste un an, Michel Legrand, compositeur, musicien, producteur, chanteur, laisse une oeuvre musicale aussi considérable (200 musiques !!) que variée.
Je vous laisse donc (re) découvrir l’univers de ces deux grands noms du 7ème art, avec des musiques de films qui vous rappelleront sans doute des souvenirs de cinéma.
Guillaume.
Alfred Hitchcock-Bernard Hermann, maîtres de la psychose.

Quand on évoque le lien entre le cinéma et la musique, il est impossible de passer à côté de ce duo constitué de Alfred Hitchcock et Bernard Herrmann. Dans le cinéma américain des années 50-60, Alfred Hitchcock et sa silhouette ronde passe-partout, avait réussi à imposer, au travers de films aux genres différents ( j’y reviendrai), un style narratif très reconnaissable et une manière de filmer ses personnages très précise.
Alfred Joseph Hitchcock, réalisateur-producteur, est né à Londres en 1899. Issu d’une famille catholique, notamment par la filiation maternelle, d’origine irlandaise, Hitchcock va pour autant suivre une éducation dans un collège tenu par des jésuites. Comparativement à son frère et sa soeur, il passe une enfance marquée par la solitude, due surtout à son obésité précoce, se mettant alors à l’écart de ses camarades. Subissant parfois des punitions sévères de la part de sa mère, il s’inspirera de cela pour forger le portrait de Norman Bates (joué par Anthony Perkins), dans le film « Psychose ».
A 14 ans, suite au décès de son père en 1914, il part s’inscrire à la London County Council School of Enginering and Navigaton. Diplôme en poche, il se tourne alors vers l’écriture de petites nouvelles.
Plus tard, après un passage dans le monde la publicité où il peaufine ses talents de graphiste, il se tourne vers le cinéma au début des années 20. Engagé aux Studios d’Islington, il y fait ses armes. En 1923, profitant de la maladie du réalisateur de « Always tell your wife », il fait ses grands débuts derrière la caméra. Le pied à l’étrier, Hitchcock ne quittera plus ce rôle, lui l’amateur de suspense, d’humour noir, grinçant, amateur d’expressionnisme puisé dans le cinéma allemand, surtout Murnau.
Après une première tentative américaine dabs les années 30, décevante malgré des films qui deviendront des références comme « L’homme qui en savait trop »(1934), « les 39 marches »(1935), « La taverne de la Jamaïque » (1939) et des débuts avec le producteur David Selznick dans les années 40 pour qui il réalisera 4 films (« Rebacca », 1940 ; « La Maison du Docteur Edwardes », 1945 ; « Les Enchainés », 1946 ; « Le Procès Paradine », 1947), il décide de devenir son propre producteur, d’être ainsi totalement libre et maître de son travail.
Après un retour en Angleterre, il revient au pays du cinéma dans les années 50 et entame alors une période faste et réalise des films qui deviendront des « classiques » du cinéma. Pêle-mêle, outre « Rebecca »(1940) et « La maison du docteur Edwardes »(1945) déjà cités, viendront ensuite « Les amants du Capricorne »(1949), « L’inconnu du Nord-Express » (1951), »Le crime était presque parfait » (1954), »Fenêtre sur Cour » (1954), « La main au collet » (1955), « Vertigo » (1958), « La mort aux trousses »(1959), « Psychose »(1960), « Les Oiseaux »(1963). Chaque film est un bijou, que l’on ne se lasse pas de revoir. Intrigue, suspense, description des personnages, castings très judicieux, bref Hitchcock maîtrisait son art à la perfection.


Castings : A propos des acteurs et actrices qu’il a eu devant sa caméra, on peut citer John Gielgud, Peter Lorre, Madeleine Carroll, Laurence Olivier, Maureen O’hara, Charles Laughton, Joan Fontaine, James Stewart, Kim Novak, Martin Landau, Cary Grant, Gregory Peck, James Mason, Ingrid Bergman, ou encore Grace Kelly… vous le voyez, une pluie d’étoiles du cinéma américain, à l’époque de l’âge du cinéma hollywoodien.
Personnage aussi mystérieux sur lui-même que directif sur les plateaux de tournage, Hitchcock avait toujours dans ses films deux stéréotypes concernant ses personnages principaux : L’homme était toujours un être élégant, séducteur, parfois naïf, fragile, parfois curieux plus que de rigueur, embarqué malgré lui dans une histoire qui le dépasse (James Stewart et Cary Grant ont incarnés ces rôles-là à merveille. L’héroïne, souvent interprétée par Kim Novak, Eva Marie-Saint, Grace Kelly, est un brin naïve, tombe sous le charme du héros et / ou le manipulent à dessein. Hitchcock traita tout au long de ses films de sujets aussi divers que la folie, l’espionnage, le polar, la voyeurisme.

Bernard Herrmann a d’abord travaillé chez CBS, entre 1934 et 1939, comme chef d’orchestre, pour illustrer les pièces radiophoniques diffusées à l’époque sur ce média incontournable. Il a démarré sa carrière en écrivant la musique du fameux « Citizen Kane »(1940) d’Orson Welles, pour qui il composera aussi la partition musicale de « la splendeur des Amberson »(1942).
C’est David Selznick, qui, en 1955, impressionné par le travail d’ Herrmann sur le film »Tous les biens de la Terre », facilite la rencontre avec Alfred Hitchcock. De 1958 à 1963, Herrmann compose des musiques pour des films de genres très différents comme l’aventure avec « le 7eme voyage de Sinbad », « L’île mystérieuse » (1961) ou le fantastique avec « Jason et les Argonautes » (1963).
Outre d’avoir composé les musiques de beaucoup de films d’Alfred Hitchcock, Herrmann travaillera avec des réalisateurs très différents comme Robert Stevenson (« Jane Eyre », 1944), Joseph Mankiewicz (« L’aventure de Madame Muir », 1947 ; « L’affaire Ciceron », 1954), Martin Scorsese ( « Taxi Driver », 1976) ou Robert Wise (« le jour où Terre s’arrêta », 1951), François Truffaut (« Farenheit 451 », 1966 ; « La mariée était en noir », 1967), Brian de Palma (« Soeur de sang », 1973 ; « Obsession », 1974).
Musicien qui s’est adapté à tous les genres de cinéma, Bernard Herrmann a cotoyé les plus grands du cinéma du 20ème siècle. Il laisse une oeuvre très importante et remarquable par sa qualité.
N’hésitez pas à vous plonger ou à redécouvrir sa musique, cela vous emportera sans doute ou vous rappellera des souvenirs de cinéma, et vous donnera pourquoi pas l’envie de revoir des films d’Hitchcock et les autres.
Guillaume.
Burton / Elfman, duo inséparable.

Pour démarrer 2020, remis des agapes traditionnelles et son cortège de bulles notamment, j’avais envie, après Leone-Morricone, Spielberg-Williams, Besson-Serra, d’évoquer ici un quatrième duo de cinéma réalisateur / compositeur de musique de film, à savoir l’association entre le réalisateur-scénariste-producteur Tim Burton et son acolyte de toujours, le musicien Danny Elfman.

Le premier souvenir que j’ai de l’univers concocté par l’alchimie de ces deux talents, fut quand j’ai découvert au cinéma le film génial qu’est « Edward au mains d’argent ». Un film brillant, drôle, grinçant, qui met en avant un Johnny Depp brillantissime dans le rôle d’Edward, ce personnage aux mains en forme de ciseaux, au sein d’une petite ville de province dans l’Amérique des années 50. Un formidable plaidoyer sur la tolérance, le respect de la différence.
Tim Burton n’est pas un cinéaste qui se laisse enfermer dans un genre cinématographique. Sa filmographie parle pour lui, puisqu’il a exploré aussi bien le monde l’animation, avec des films comme « Noces Funèbres », « L’étrange Noël de Monsieur Jack » en tant que co-scénariste), « Frankenweenie », « James et la pêche géante » ou encore « Vincent », les grosses productions hollywoodiennes telles la série des Batman (« Batman », « Batman returns » et « Batman forever »), avec dans chaque film tout ce qui le caractérise, à savoir la noirceur, la dérision, l’ironie, sur fond de critique du monde tel qu’il est aujourd’hui, servi par des castings étincelants, puisqu’on retrouve aussi bien Michael Keaton (Batman), Jack Nicholson (The Joker), Michelle Pfeiffer (Catwoman), Christopher Walken (Max Shreck), ou encore Danny de Vito (Osvald Cobblepot).
Dans le dernier volet, Burton réunit là aussi un casting de prestige avec Val Kilmer (Batman), Chris O’Donnell (Robin), ou encore le génial Tommy Lee Jones, les talentueuses Drew Barrymore, Nicole Kidman et le fantasque comédien Jim Carrey.



Il a aussi réalisé « La planète des Singes », avec là aussi une distribution 5 étoiles, jugez plûtot : Marc Wahlberg(« Boogie Nights », « Les infiltrés » avec Leonardo Di Caprio), Tim Roth (« Reservoir Dogs », « Pull Fiction »), Michael Clarke Duncan (« La ligne verte », « Armageddon », « La planète des Singes », « Sin City », avec Mickey Rourke), Helena Bonham Carter (« Frankenstein », avec aussi Robert De Niro et Kenneth Brannagh), ou encore le chanteur de country-folk et comédien américain Kris Kristofferson, et la présence de Charlton Heston ( « Ben Hur », « Les Dix Commandements »), et Linda Harrison, qui étaient les rôles principaux de la première version de ce film réalisé en 1968 par Franklin J. Shaffner. Mais à côté de ça, Tim Burton nous a aussi offert des films pleins de poésie, tels « Charlie et La Chocolaterie », « Alice in Wonderland », un biopic sur le comédien-réalisateur-producteur Ed Wood, des films plus ténébreux comme « Dark Shadows », inspiré d’une série des années 60-70’s. Son acteur fétiche, tout au long de sa filmographie reste sans conteste le fantasque Johnny Depp avec qui il a tourné 7 films.

Bref le gars est éclectique, brillant, et la réussite est souvent là, en terme de succès critique et populaire, ce qui lui permet d’être encore aujourd’hui assez libre dans ses choix de films.
Mais son oeuvre ne serait pas ce qu’elle est sans le travail, à ses côtés, depuis de très nombreuses années, du compositeur Danny Elfman. Issu d’un père militaire et d’un mère romancière, il grandit à Los Angeles. Adolescent, il décide de partir rejoindre son frère aîné à Paris, et joue du violon dans la troupe du Grand Magic Circus, dirigée par le comédien et metteur en scène Jérôme Savary.
En 1973 il rejoint le groupe formé par son frère, une formation orienté New Wave, voire parfois attirée par le ska, genre musical issu de la Jamaïque, popularisé en Europe par le groupe anglais Madness et son fameux tube « One step beyond ». Il compose en 1982 sa première musique pour le film de son frère « Forbidden zone », puis rencontre Tim Burton en 1985 et compose la musique de « PeeWee Big Adventure ». La collaboration entre les deux hommes est lancée. Après ce premier essai, il écrira les musiques de : « Beetlejuice », « Batman », « Batman returns », « Edward aux mains d’argent », « Mars attacks ! », « Sleepy hollow », »La planète des Singes » ou encore « Les noces funèbres », « Big fish », « Dark shadows »… Bref une sacrée collaboration, qui a accouché de très beaux succès.
Mais Danny Elfman n’a pas travaillé uniquement avec ce génie de Tim Burton. Il a en effet composé des musiques pour de très illustres réalisateurs tels que Martin Brest (« Midnight Run »), Warren Beatty (« Dick Tracy »), Henry Sellick (« L’étrange Noël de Monsieur Jack »), Brian de Palma (« Mission : Impossible »), Barry Sonenfeld (« Men in Black) ou encore Sam Raimi (« Spider-man » et « Spider-man 2 ». Il a également travaillé pour la télévision, puisque c’est à lui que l’ont doit la musique des fameux « Simpsons », et des célèbres « Desperate Housewives » et les « Contes de la Crypte ».
Pour autant donc, le travail du duo Burton-Elfman est assez remarquable, et en général le public retient bien l’ambiance, le climat sonore créé par le compositeur pour illustrer le récit du réalisateur.. La marque des très grands. Espérons que ce duo, qui travaille ensemble depuis bientôt 35 ans soit encore prolixe dans les années qui viennent, pour notre plus grande joie.
En attendant, je vous laisse avec un florilège de musiques de films de Danny Elfman, à écouter ou découvrir.
Bonne année à vous toutes et tous.
Qu’elle vous apporte cinématographiques et de belles musiques de films.
Guillaume.
:
Spielberg-Williams, une complicité en cinémascope.

Deuxième volet de notre nouvelle rubrique, qui met en lumière le couple « realisateur-compositeur de musiques de films ».
L’une des plus célèbres est celle reliant Steven Spielberg à John Williams. D’autres seront évoquées dans les semaines qui viennent.
Après avoir réalisé « Duel » en 1971, chef d’oeuvre de suspens entre une voiture conduite par un cadre qui rentre du boulot et un camion, dont on ne voit jamais le visage du conducteur, le jeune Spielberg se fera connaitre au monde le film d’épouvante « La Chose » en 1972, puis « Sugarland Express » (première collaboration entre les deux hommes) en 1974. L’année suivante, il réalise le fameux « Jaws » (« Les dents de la mer »). Ce film qui met en scène un grand requin blanc mangeur d’hommes (ce qui dans la réalité n’est pas la autant la vérité, fort heureusement, que celle montrée dans le film), fera un carton mondial.
Je me souviens avoir vu « Duel »( avec Dennis Weaver) avec mon père, puis « Jaws » (avec Roy Scheider, Lorraine Gary, Richard Dreyfuss et Robert Shaw) dans un cinéma du quartier Latin. Les deux fois, j’en étais sorti remué.
Les deux histoires, très différentes évidemment, formidablement mises en scène, étaient portés par des musiques très identifiables, fortes. Si celle de « Duel » est l’oeuvre de Bill Goldenberg, celle de « Jaws » est donc signée de Williams.
John Williams, pianiste mais également compositeur de musique, va se faire connaître du grand public, après « Jaws », en signant la musique (certes fortement inspirée de Gustav Holst et de son « Lost Planet ») de la première trilogie intergalactique sortie de l’esprit de Georges Lucas, à savoir « Star Wars ».
Cette saga, débutée en 1977, avec le fameux épisodes IV « la guerre des étoiles : un nouvel espoir », puis V « l’Empire contre-attaque », enfin le VI « le retour du Jedi », fera de lui une véritable référence en la matière.
La trilogie fera une pause jusqu’en 1999, année où sortira l’épisode 1″la menace fantôme », bientôt suivi des épisodes 2 « l’attaque des clônes »(2002) et 3 « La revanche des Sith » (2005).
Partagé désormais entre ces deux monstres du cinéma, il composera aussi les musiques de la saga « Aventuriers de l’arche perdue », avec Harrison Ford dans le rôle titre. 2 autres films seront tournés, ‘Indiana Jones et le temple maudit », « Indiana Jones et La dernière croisade » (avec Sean Connery).
Il signera aussi les formidables musiques de « E.T », »La liste de Schindler », « il faut sauver le soldat Ryan », « Rencontres du Troisième type », le drôle « Arrête-moi si tu peux « , la fresque historique « Lincoln », sans oublier « Amistad », fresque sur la période esclavagiste aux États-Unis, « A.I intelligence », sur l’intelligence artificielle, « 1941 », sur l’attaque de Pearl Harbour par le Japon, qui fera entrer les États-Unis dans la seconde guerre mondiale, et le superbe « Tintin ».
Il a également composé la musique de « Harry Potter », d’abord « l’école des sorciers » (2001), puis les deux suivants, avant de passer le relais à d’autres musiciens.
Bref, vous le voyez, les deux hommes ont travaillé ensemble sur de très nombreux films, qui pour la plupart sont devenus des classiques du cinéma.
Revoir ces films de Spielberg, c’est aussi pouvoir réécouter la musique de John Williams. Ecouter John Williams nous replonge dans les films de Spielberg.
Pourquoi se priver de ce double plaisir ?
Je vous laisse donc ici en compagnie de John Williams.
Guillaume.
Leone-Morricone, initiateurs du nouveau western.

Nouvelle rubrique pour vous sur ce blog : la relation entre un réalisateur de films et un compositeur de musiques de films. Nous commençons par un duo mythique : Sergio Leone-Ennio Morricone.
Tout d’abord, je dois rendre à César, c’est à dire en l’occurrence à mon père, d’avoir découvert, alors que j’étais jeune et fasciné par les westerns américains, incarnés par les acteurs comme John Wayne, James Stewart, ou encore Burt Lancaster, et des réalisateurs comme John Ford, John Sturges, oui d’avoir pu découvrir le nouveau western, à la sauce italienne, avec des films comme « Le bon, La brute, Le truand » (Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Élie Wallach), et les deux autres films de cette trilogie, « Pour une une poignée de dollars »(Clint Eastwood, Gian Maria Volonte), « Et pour quelques dollars de plus » (Clint Eastwood, Lee Van Cleef. Gian Maria Volonte, Klaus Kinski).
Cette trilogie, tournée principalement en Espagne, met en scène des personnages qui manient tour à tour cynisme, malice, humour. Dans un autre registre, qui marque la rencontre entre un jeune cowboy et une légende de l’Ouest, il y a « Mon nom est Personne » (Henry Fonda, Terence Hill). Cela m’a donc permis de découvrir un réalisateur, Sergio Leone, ainsi qu’un compositeur de musiques de films, Ennio Morricone. C’était au temps béni du magnétoscope et des cassettes VHS, sur lesquelles il était possible d’enregistrer des émissions, concerts, ou donc des films. Une époque que les moins de 30 ne peuvent pas avoir connu.
Jusqu’à cette découverte, ces films, ces noms m’étaient totalement étrangers. Avoir un père cinéphile a eu du bon. Parmi les nombreux westerns « spaghetti » (ainsi nommé car ils seraient tourné aux studios de Cinecitta, mais également en Espagne, ou donc réalisé par des italiens). Il en est un qui a marqué mon esprit : « il était une fois dans l’Ouest ». Son rythme lent, ses gros plans appuyés sur les personnages (Henry Fonda, Claudia Cardinale, Jason Robbards, Charles Bronson), les silences volontaires, les gros plans sur les personnages, voire même les plans serrés sur leurs yeux, ses longs plans séquences, le tout magistralement mis en musique par Ennio Morricone, ont fait de ce film, à mes jeunes yeux, un film culte, que je prends toujours autant de plaisir à voir plus de 30 ans après.
Mais ce binôme italien, loin de se cantonner au seul genre du western qu’il à donc grandement révolutionné par le style de narration, le jeu des acteurs, l’aspect minimaliste parfois des dialogues, et surtout par la place accordée à la musique, un peu à l’image du travail de Léonard Bernstein en 1962 sur le mythique « West Side Story », histoire elle-même inspirée de Roméo et Juliette.
En effet, après avoir travaillé ensemble sur « Il était une fois dans l’Ouest » (1968), puis sur « Il était une fois la Révolution » (1971, avec James Coburn), ils boucleront cette autre trilogie par « Il était une fois l’Amérique » (1984, avec Robert de Niro, James Woods, Elizabeth Mac Govern).
Sergio Leone, avant de se lancer dans le western, s’était frotté au genre Péplum. Naîtront ainsi « Le colosse de Rhodes » (1961, avec Rory Calloun, Georges Marshall), « Romulus et Rémus », sur lequel il n’est que scénariste (1962, avec Steve Reeves), puis dans la foulée « Sodome et Gomorrhe », qu’il co-réalisera avec Robert Aldrich. L’acteur Stewart Granger sera la vedette du film.
Pendant plus de 30 ans, ces deux artistes, devenus par leur travail respectif des références dans leur domaine, ont régalé le public, par la qualité de leur collaboration.
Sergio Leone, mort en 1989, laisse derrière lui une oeuvre considérable, un nombre incroyable de films devenus cultes qui sont pour certains étudiés dans les écoles de cinéma du monde entier.
Ennio Morricone, 90 ans, continue infatigablement de donner des récitals un peu partout également.
En 2007, il sera également honoré par un oscar d’honneur pour l’ensemble de son oeuvre et sa contribution artistique, musicale, au monde du cinéma.
Neuf ans plus tard, il recevra un Oscar pour le film « Huit Salopards » (2016). Ennio Morricone a également composé les musiques de films comme « Le clan des Siciliens »(1969, avec Jean Gabin, Alain Delon et Lino Ventura), « Sacco & Vanzetti »(1971), »Le Professionnel » (1982, avec Jean-Paul Belmondo, Robert Hossein, Michel Beaune) « Mission » (1987, avec Jeremy Irons et Robert de Niro), « Les Incorruptibles » (1988, avec Sean Connery, Andy Garcia, Kevin Costner), « Cinema Paradiso » (1991, avec Philippe Noiret) et beaucoup d’autres, comme Pier Paolo Pasolini « les petits et les grands oiseaux »), Roman Polanski (« Frantic », avec Harrison Ford et Emmanuelle Seigner, 1987) Brian de Palma (« Mission », avec Robert de Niro et Jeremy Irons, 1987), Quentin Tarantino (« Django Unchanined », avec Christopher Waltz, Brad Pitt, 2013), Henri Verneuil (« Le clan des Siciliens », 1969; « I comme Icare », avec Yves Montand,1979). Vous le voyez, ce compositeur et chef d’orchestre a travaillé avec les plus grands cinéastes, depuis plus de 50 ans.
Si vous n’avez vu aucun des films cités ci-dessus, de Sergio Leone ou donc les autres, alors foncez, vous vous régalerez, tant du point de vue des films que des musiques.
Guillaume.