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Malmsteen, l’imagination évaporée.

Par le passé, j’ai déjà chroniqué ici ce guitariste. Le virtuose suédois Yngwie Malmsteen, après des productions précédentes, « Blue Lightning » (2019) et « World on fire » (2016) d’inégales qualités, revient avec un nouvel album, sobrement intitulé « (Si vis Pacem) Parabellum« , au dessin de pochette totalement raté. Il nous livre ici une oeuvre qui, si elle contient comme d’habitude des morceaux de musique classique, cette fois écrits par lui-même, ne m’est pas apparu comme un grand disque du génie nordique. Je m’explique.
Depuis 1984 et la sortie de son premier disque « Yngwie.J Malmsteen », avec une pochette représentant une guitare prise dans un feu, je l’ai découvert et apprécié dans les albums suivants comme « Rising Force », puis « Trilogy », « Odyssey », qui révélaient un instrumentiste surdoué, rapide, capable de jouer des oeuvres de compositeurs classiques à la guitare électrique (notamment Bach, Paganini, Vivaldi), j’avais vu évoluer ce musicien génial au fil des albums. Son caractère ombrageux, mégalo, parfois tyrannique avec ses musiciens, sur scène comme en studio, ont très vite fait de le cataloguer comme un personnage compliqué, difficile à gérer. Mais n’est-ce pas une firme de destin des génies, dans le cas qui nous occupe, dans le hard-rock ? Ritchie Blackmore (Deep Purple, Rainbow), ou encore Tony Iommi (Black Sabbath), voire Michael Schenker (MSG), ont eu le même genre de réputation.
Pour en revenir au suédois qui nous occupe ici, ses derniers disques étant inégaux en qualité, chaque nouvel album reste néanmoins un événement dans la sphère du Hard-rock. Je ne savais pas à quoi m’attendre avec sa dernière production musicale, « Parabellum« .
Force est de constater que ce disque qu’il produit et dont il a écrit tous les morceaux, contient quelques pépites mais beaucoup de choses restent sans trop de saveur, la faute sans doute à deux éléments que sont le manque de réelles inspirations, l’autre que si effectivement, il sait depuis toujours adapter de fort belle manière les morceaux de musique classique, là aussi cela devient pour l’auditeur une non surprise, car sa dextérité est souvent accompagnée voire couverte par un son énorme de basse-batterie. Ça gâche le propos.
Dès le départ, c’est un tonitruant « Wolves at the door », qui nous cueille. D’abord lourd et insipide, le morceau devient intéressant dès que Malmsteen passe en mode classique, pendant que la batterie agit comme un rouleau compresseur. « Presto Vivace in C minor » qu’il a lui-même écrit, semble une pale copie d’un morceau de Vivaldi. Le titre suivant, « Relentless fury », nous fait retrouver cette rythmique lourde, une voix intéressante, et un clavier inaudible (ah bon il y en a un ???). Le reste, c’est le prodige suédois qui s’en occupe. Sans forcer son talent, il assure, mais ça ne surprend jamais l’auditeur. Nous voilà rendus au titre éponyme de l’album « (Si vis pacem) Parabellum ». Un train lancé à toute allure nous déboule pleine face, le sentiment que la batterie va exploser, un clavier enfin audible et une guitare virevoltante. Malmsteen tient peut-être là son hit de l’album. « Eternal bliss », qui suit, démarre comme une balade, guitare en mode acoustique. Le chant est clairement mis en avant. Plaisant. Puis le maître reprend le dessus et délivre un solo, qu’on a le sentiment de lui avoir déjà entendu jouer. Ensuite, c’est une Toccata, écrite par lui-même, qu’il nous délivre. Le côté fast and furious de son jeu, comme de cette batterie omniprésente, rend le morceau vraiment décevant. « God Particle » semble un brin aérien, mélodieux, puis avec « Magic Bullet », Malmsteen endosse à nouveau le costume de mangeur de notes jouées ultra rapidement. Sans feeling, ni émotions. Pour terminer cet album, nous avons droit à « (Fight) The Good Fight » sans intérêt avant de découvrir « Sea of Tranquility », morceau loin d’avoir un caractère lunaire.
A l’inverse de ses confrères Steve Vaï ou Joe Satriani (photos ci-dessus), qui eux, album après album, cherchent à se renouveler, et y parviennent en expérimentant des sons, des mélodies nouvelles, avec un son résolument moderne, puissant certes mais parfaitement maîtrisé et au service d’une technique irréprochable, écouter Malmsteen devient avec le temps une gageure. Car oui, bien entendu, lui aussi maîtrise son instrument comme peu de ses confrères le pourraient, néanmoins, avec les années, on en vient à chercher le plaisir, le morceau qui sur chaque nouvel album fera date et deviendra un standard de son répertoire.
Au final, vous l’aurez compris, j’ai été fort déçu par cet album d’un guitariste qui ne semble plus savoir comment rester au top. Sa source musicale se tarit et c’est fort dommage tant le musicien est talentueux.
Je vous laisse avec des extraits de son nouvel album, ainsi qu’avec d’autres vidéos montrant le talent du guitariste suédois.
Guillaume.
Deep Purple, le grand retour!

3 ans après « Infinite« , le Pourpre Profond, alias Deep Purple sort de sa retraite anglaise pour venir nous livrer sa dernière galette musicale, « Whoosh!« , sorti avec quelques mois de retard, because Covid-19. Produit, comme les deux précédents disques, par l’expérimenté Bob Ezrin, à qui on doit entre autres » Get your wings » d’Aerosmith, « School’out » et « Welcome to my nightmare » d’Alice Cooper, « Dure Limite » de Téléphone, « The Wall » de Pink Floyd, « Smile » des Jayhawks, « Peasants, Pigs and Astronauts » de Kula Shaker, et donc les 3 derniers opus du Pourpre Profond. Un CV qui en dit long sur la carrière, l’éclectisme, le sérieux du bonhomme. Il a également produit Kiss, Rod Stewart, U2…Bref à 71 ans, Bob Ezrin n’a plus rien a prouver. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis le début de la collaboration avec le Pourpre Profond, celui-ci a réussi a redonner un vrai souffle au groupe. « Whoosh!« , le dernier opus, en est la parfaite illustration.
Dès l’introductif « Throw my bones », je constate avec plaisir que le groupe est en forme, surtout la voix de son chanteur charismatique Ian Gillan (tiens, à l’occasion, faudra que je me penche sur le garçon, car il a sacré parcours…), que se dégage une énergie musicale, un son qui ne sont pas sans me rappeller au plus loin « Perfect Strangers » paru en 1984 (album de reformation du groupe à l’époque, suivi d’une tournée avec un concert fantastique à Bercy, et un duo Gillan-Blackmore en forme étincellante ce soir-là), mais aussi le très beau « House of blue Light » (1987) et plus près de nous, « Rapture of the Deep » (2005) et « Now What? » (2013). Cohésion, plaisir du jeu, compositions énergiques, allant même parfois jusque dans des registres qu’on leur avait peu entendu utiliser depuis longtemps, un bon vieux boogie-rock sur « What the What ».
Plus haut je parlais de la voix de la voix de Ian Gillan. Celle-ci, bien sûr, ne peut plus faire d’envolées dans les notes hautes, comme au temps de « Child In Time » par exemple (paru sur l’album « In rock » et sa pochette façon Mont Rushmore, en 1970, dont la plus belle version reste celle enregistrée en au Japon en 1972, écoutez « Made In Japan » paru cette année-là). Mais sa voix toujours précise, puissante, nous offre un chanteur qui se régale sur les compositions de l’album. Morceaux lents ou rapides, l’animal s’en moque. Avec l’expérience folle de ses 50 ans de carrière, Ian Gillan sait tout faire derrière un micro. La paire rythmique légendaire du groupe, Ian Paice (baguettes)-Roger Glover (basse) se connait sur le bout des doigts, et ça s’entend. C’est puissant, précis, fluide, métronomique. Une base sereine sur laquelle Steve Morse (guitare), qui succéda à l’ombrageux Ritchie Blackmore en 1994, et Don Airey (claviers) qui prit la suite du tutélaire Jon Lord, parti en 2002, et qui se montre quand même parfois moins inventif, créatif que son illustre prédécesseur, s’appuient pour donner une cohérence musicale à l’ensemble.
Car comme le déclarait Ian Gillan dans une interview à une chaîne de télé anglaise en 2017, alors interrogé sur ses rapports avec Ritchie Blackmore depuis que celui-ci avait quitté le groupe et sur l’éventualité d’une nouvelle réunion originale, le chanteur indique alors que mieux vaut vivre sur la nostalgie que de recoller des morceaux cassés. Mais il reconnaît au passage le privilège qu’il a eu de côtoyer cet immense guitariste, talentueux, inventif, comme il se sent honoré d’avoir vécu toutes ces années aux côtés de musiciens comme Ian Paice, Roger Glover et Jon Lord. Il définit d’ailleurs Deep Purple comme un groupe musical, où la composition, l’écriture tiennent une part très importante. Et ça s’entend encore sur le nouvel album du Pourpre Profond.
Mais « Whoosh! » donc est au dessus de ça. L’album est compact, dense, les titres s’enchaînent sans fioritures, ce qui laisse présager de belles choses sur scène, lorsque le climat sanitaire nous laissera enfin le bonheur retrouvé d’aller s’enfermer dans les salles de concerts afin d’apprécier nos artistes préférés. Le quintet se régale à jouer et ça s’entend furieusement, vraiment. Aucun titre n’a à mes yeux ou plutôt ici mes oreilles de mélomane, autant que de fan du groupe, de faiblesses. Tout se déroule comme un plan sans accroc (dédicace à mon pote « Nantais » Laurent, il saura d’où vient cette référence).
13 palettes du Pourpre qui prouve que la cuvée 2020 est très bonne, que les gaillards loin de vouloir rester au chaud de leur respectifs cocons, s’en donnent toujours à coeur joie d’être ensemble, de créer, jouer, et ce pour notre plus grand plaisir.
Alors, que vous soyez fan(s) de longue date du groupe ou que vous ayez envie de le découvrir, n’hésitez pas, écoutez cet album. Le groupe sera sur la scène de la Seine Musicale le 29 juin 2021. Avis aux amateurs.
Guillaume.
Ritchie Blackmore, le génie ombrageux.

Tout le monde connait le riff de guitare qui introduit la chanson « smoke on the water » (évoquant l’incendie du studio de Montreux dans lequel Frank Zappa enregistrait un album), du groupe anglais Deep Purple. Son auteur est le talentueux guitariste Ritchie Blackmore, né le 14 avril 1945. Personnalité timide mais caractère bien trempé, colérique, déroutant, voire tyrannique, Blackmore n’était pas un compagnon de route aisé pour ses camarades de Deep Purple, comme après au sein de Rainbow, groupe qu’il a fondé suite à son départ du Pourpre Profond, en 1975, je vais y revenir plus bas. Ces deux groupes, il va les fréquenter alternativement : Deep Purple d’abord, de 1968 à 1975 (Une seconde phase suivra, de 1984 à 1994). Rainbow, de 1975 à 1984, puis de 1994 à 1997. Après cela il fondera le Blackmore’s Night, duo musical avec sa compagne, la chanteuse Candice Night. Il s’embarquera alors dans une aventure musicale au accents médiévaux.

D’abord bien sûr le Pourpre, avec Rod Evans (auquel succèdera Ian Gillan, voir photo ci-dessus, le deuxième en partant de la droite) au chant, Nick Simper (plus tard remplacé par Roger Glover, à gauche sur la photo) à la basse, Jon Lord à l’orgue Hammond (au centre sur la photo), et Ian Paice (à droite) aux baguettes. Cette première époque ira de 1968 à 1975, période durant laquelle le groupe écrira des albums qui feront date et qui encore aujourd’hui s’écoutent avec plaisir. Ne pouvant prendre le pouvoir au sein du groupe, car Ian Gillan s’oppose frontalement à lui, il décidera de quitter le groupe pour fonder Ritchie Blackmore’s Rainbow. Néanmoins, sa contribution évidente au succès du groupe se retrouve dans de nombreux albums : Dans le désodre : « Live Made In Japan » (1972); « Made in Europe »(1976), « Paris Live 1975 » (avec David Coverdale au chant), « Machine Head »(1972), « Shades of Deep Purple »(1968), « In rock » (1970, avec sa fameuse pochette avec les têtes des 4 premiers présidents américains sur le Mont Rushmore), « Burn » (1974, avec des bougies aux effigies des membres du groupe), « Who do we think we are » (1973), « Fireball »(1971), « Stormbringer »(1974), « Perfect Strangers »(1984), « Nobody’s perfect » (1987). Les titres emblématiques ne vont pas manquer durant ce septennat musical : « Smoke on the water », « Hush », « Child in time », « Speed king », « Lazy », « Highway star », « Burn »…. autant de titres, qui encore aujourd’hui, font le succès du groupe, désormais composé des « historiques » Ian Paice, Roger Glover, Ian Gillan, auxquels se sont adjoint le guitariste Steve Morse, et le claviériste Don Airey. Après « Now What?! » (2013), et « Infinite » (2017), un album est prévu pour 2019, ainsi qu’une tournée! 5 De quoi revisiter le répertoire de ce mythique groupe).

Ensuite viendra l’aventure Rainbow, qui comportera plusieurs étapes, plusieurs compositions de groupes, au gré des humeurs intransigeantes du sombre guitare-héro. Des musiciens comme Gary Driscoll, Mickey Lee Soul, Ronnie James Dio seront de la première formation et enregistreront en 1975 l’album « Ritchie Blackmore’s Rainbow ». Tout est dit dans le titre.
Après les départs de Driscoll, Gruber et Soul, seul Dio reste aux côtés de Blackmore. Viennent les rejoindre Jimmy Bain, Tony Carey et Cozy Powell. Ils enregistreront 2 albums avec lui : « On stage » et « Rising ». 2 superbes albums soit-dit en passant qui montrent toute la qualité du groupe et les compositions superbes de Blackmore. La voix de Ronnie James Dio colle parfaitement à cet univers musical. En 1978, ce dernier quitte le groupe, remplacé par Graham Bonnett, pour se lancer dans une carrière solo, mais il est rattrapé par Black Sabbath. Ritchie Blackmore et ses acolytes enregistrent alors « Down to earth » en 1979. S’en suivra une période marquée par un son rock-FM, afin de séduire le public américain (et surtout les radios FM américaines!). 3 albums en sont le témoignage : « Difficult to cure » (1981), « Straight between the eyes »(1982), et « Bent out of shape »(1983).
Mais le plus intéressant pour vraiment se rendre compte du talent de Ritchie Blackmore et son rôle omnipotent à la tête de son groupe, c’est bien sûr en écoutant les albums live. A cet égard, l’album « On stage » sorti en 1977 en est le meilleur exemple. Il s’y exprime de façon vertigineuse, signant des solos sublimes, ou la captation de leur passage au festival rock « Monsters of Rock » de Donington en 1980. Oui Ritchie Blackmore est un grand, un excellent guitariste. Exigeant, autoritaire, presque dans l’outrance, il agace fortement ses collègues, qui finissent par quitter le navire. Durant cette période Arc-en-Ciel, vont émerger de nombreux morceaux qui vont devenir des standards du groupe : « Man of the silver mountain » (1975), « Starstruck »(1976), « Kill the King »(1976), « Sixteen Century Greensleeves » (1977), « Long live rock’n ‘roll » (1978), « Can’t happen here » (1981), « Stone Cold »(1982), Street of Dreams »(1983). Aujourd’hui encore, le groupe existe, sous une formation évidemment renouvelée.

Enfin libre de tout, il se lance, en 1997, dans Blackmore’s Night. Après avoir bourlingué dans le monde du hard-rock et contribué à la renommé de deux groupes comme Deep Purple et Rainbow, Ritchie Blackmore tourne définitivement la page de cette époque en se plongeant dans la musique folk médiévale. Sa rencontre avec la chanteuse Candice Night va le pousser à former un duo : Blackmore’s Night. Passionnés par la musique de la Renaissance, le duo se forme naturellement et enregistre un premier album en 1995, « Shadow of the moon ». S’en suivront 9 albums jusqu’en 2015 : « Under a violet moon » (1999), « Fires at midnight » (2001), « Ghost of a rose » (2003), « Village lanterne » (2006), « Winter Carols »(2006), « Secret voyage » (2008), « Autumn sky » (2010), « Dancer and the moon » (2013), « All our yesterdays » (2015).
Ritchie Blackmore a donc eu un parcours musical très varié. Nul doute qu’il nous réserve encore des surprises. Je vous laisse avec une sélection de vidéos qui retracent sa carrière. Savourez sans modération.
Guillaume.
Ritchie Blackmore, du Pourpre Profond à La Renaissance.
Si je vous dis : « Qui est Ritchie Blackmore ? »… Nombre d’entre vous, qui ont grandi dans les années 70’s, sauront qu’il s’agit de l’ex guitariste du Deep Purple. Musicien génial, mais ténébreux, colérique et taciturne, il a délaissé le monde du rock, à travers Deep Purple (1968-1993) puis Rainbow (1975-1995), et une courte expérience en solo, pour se consacrer, depuis 1997, avec sa femme et chanteuse, à des compositions sur la musique de la Renaissance.
Le superbe coffret intitulé The Beginning, enrichi de DVD, rassemble les 2 premiers albums de cette reconversion musicale, « Shadow of the Moon » et « Under a violet moon« , parus respectivement en 1997 et 1999.
Le tout est un bel objet, qui entraine l’auditeur sur les chemins de la musique de l’époque Renaissance. Si l’on peut être supris au début, les orchestrations revisitées par Blackmore, aggrémentées d’instruments modernes (claviers, guitares, violon…) finissent par être très agréables à l’écoute.
Côté images, on se promène entre concerts, interviews de Ritchie Blackmore et Candice Night, coulisses de festivals.
Une vraie découverte pour moi. Un vrai coup de coeur.
Guillaume.