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Unbreakable Kimmy Schmidt et les rois de l’auto-tune
Bonne nouvelle : la série Netflix « Unbreakable Kimmy Schmidt » en est à sa troisième saison ce qui veut dire qu’en vous lançant aujourd’hui vous pourrez profiter 39 fois du générique le plus énergisant depuis celui de Friends ! Ultra-punchy, il est aussi parfaitement adapté au sujet et au ton de la série.
Petit brief pour vous donner le contexte. Kimmy redécouvre la vie contemporaine après avoir passé 15 ans enfermée sous terre avec trois autres femmes par un prédicateur fou. Restez, promis c’est une série comique, c’est même créé par Tina Fey ! On rit d’abord parce que les dialogues sont géniaux, que les personnages sont tous un chouilla fêlés et que les acteurs se donnent à fond. On rit aussi de la confrontation de la vision du monde qu’à conservée Kimmy en tant qu’ado de 14 ans de la fin des années 90 avec celui du New York d’aujourd’hui. Elle découvre à la fois la vie d’adulte, les hipsters, les fake news, les filtres snapchat…
C’est donc une géniale idée d’avoir été chercher les Gregory Brothers pour produire le générique créé par Jeff Richmonds (bon là ils ont cherché moins loin, c’est le mari de Tina Fey). Les Gregory Brothers sont surtout connu pour leur chaine Youtube Smoyoho et leurs séries Songify (Songify this, Songify the news) où ils produisent des mashup de vidéos d’actu (phénomènes du web, actualités des USA…) sur laquelle ils mixent les paroles des protagonistes en ajoutant une énorme dose d’auto-tune pour en faire des stars de clip musicaux.
Pourquoi est-ce si brillant ? Parce que l’auto-tune est né en 1996, pile à la période où Kimmy rentrait dans son bunker, et qu’il a depuis muté et conquis le monde musical. Son créateur, pour répondre simplement à un pari, cherchait à faire un logiciel permettant de corriger les fausses notes. Les musiciens s’en sont emparé et ont utilisé les paramètres de manière plus extrême pour jouer avec le coté synthétique qu’il peut ajouter aux voix. En 1998 on peut déjà l’entendre dans le tube « Believe » de Cher et « Blue (Da Ba Dee) » d’Eiffel65. Puis il s’affirme dans la musique électronique des Daft Punk et son usage s’étend au domaine du RnB et du rap. En France c’est Booba qui importe l’effet autotune en 2008, et certains groupes ont fondé tout leur style dessus (on n’a découvert la vraie voix de PNL que leur d’une faille technique en concert cet été). Les Gregory Brothers poussent son usage au plus extrême puisqu’ils partent d’une voix « parlée » et plaquent un effet musical 100% « fake » dessus. Le choix de ce type de musique pour le générique marque bien comme en 15 ans un outil peut évoluer de manière radicale et nous déboussoler !
Nous déboussoler… et nous plaire ! Parce que les créateurs de Kimmy s’appuient aussi beaucoup sur la culture des mêmes et connaissent le potentiel viral de chaque élément de la série. Les phénomènes du web de moment sont repris et réadaptés, échangés. Un fait divers peut accéder à la célébrité en quelques instants, à l’image du clip le plus connu des Gregory Brothers « Bed Intruder Song » : un remix de l’interview d’un homme d’Alabama racontant l’intrusion d’un « violeur » dans la chambre de sa sœur… à ce jour la vidéo a cumulé 140 milions de vues sur Youtube ! Et la preuve que ces choix étaient pile les bons : Kimmy Schmidt et les autres personnages de la série deviennent des mêmes à leur tour.
La version complète de l’intro sur Songify This :
Dexter, le serial killer à la sauce salsa…
Retour sur l’une des séries les plus marquantes des années 2000 avec le tueur en série préféré de la Floride : DEXTER !!! Inutile de présenter le bonhomme, si ? Dexter Morgan (interprété par Michael C. Hall), donc, médecin légiste, spécialiste sanguin de la police de Miami le jour et serial killer/justicier au code de l’honneur la nuit. Durant huit saisons, nous avons suivi les déambulations meurtrières de Dexter rythmées au son Latino de Miami, au programme : salsa, mambo et effusions de sang.
Quiconque ayant vu ne serait-ce qu’un épisode de la série se rappelle forcément des 2 thèmes musicaux principaux, le générique composé par Rolfe Kent, pour lequel il fut nominé aux Emmy pour le meilleur générique dans une série. Rappelez-vous cette fameuse intro où nous découvrions notre héros dans son rituel matinal, où chacun de ses gestes les plus banals pouvaient avoir un double sens. L’habileté de la réalisation transformait le fait de couper une orange en meurtre au couteau, ou bien le laçage de chaussure qui faisait penser à un étranglement, du pur génie télévisuel.
L’autre thème marquant était le fameux « Blood theme », repris dans chaque générique de fin et parfois pendant les épisodes est un mélange de piano et de violons à vous glacer le sang. Il est composé par Daniel Licht, l’auteur de la majeure partie de la bande originale de la série.
Quant au reste de la B.O, elle est principalement axée sur des rythmes latino, pour nous faire vivre l’ambiance de la ville Floridienne, dont l’influence Cubaine est omniprésente à chaque coin de rue. Pour ne citer que quelques noms, vous pourrez retrouver Ray Armando, les Mambo All Stars et bien d’autres encore.
La dualité musicale illustre parfaitement la double personnalité du personnage avec les rythmes endiablés qui viennent ambiancer la vie quotidienne de Dexter faite de sourires de circonstances et de semblant de vie « normale », quant aux instrumentaux de Licht, ils sont froids, effrayants et sont là pour rythmer les meurtres et la vie de nuit de notre héros.
La bande originale parfaite pour illustrer la série, mais idéale aussi, si vous aimez lire en écoutant de la musique, les livres dont la série est tirée sont bien entendu, disponible dans votre médiathèque.
Laurent
50 cent a toujours le Power!!!
Non, ce n’est pas une chronique à propos de 50 cent, pas uniquement en tout cas! A vrai dire ça fait un moment que je voulais vous parler de la série qu’il co-produit: POWER, donc la diffusion de sa quatrième saison, actuellement aux USA semblait le moment tout indiqué pour ça. Comme chaque série dont je vous ai parlé jusque-là, il s’agira principalement de sa bande originale, bien sûr, mais avant tout, voyons voir de quoi il s’agit.
James St Patrick (Omari Hardwick), est le gérant d’une boîte de nuit New Yorkaise, mais ce n’est qu’une partie de sa vie, dans la rue, il est Ghost, l’un des plus gros distributeurs de drogues de la grosse pomme. Avec son ami d’enfance Tommy (Joseph Sikora), ils gèrent d’une main de fer le trafic New Yorkais. Seulement, Ghost veut sortir de ce cercle vicieux, protéger sa famille et investir dans le monde de la nuit (légal). Evidemment, tout ne va pas se passer comme prévu, surtout quand son amour d’enfance, qui travaille pour le FBI pointe le bout de son nez.
Bref, Power est un peu un Scarface moderne dans le milieu de la nuit de New York, le casting est très solide et Courtney Kemp Agboh, la créatrice du show est une valeure sûre et gère ce beau petit monde à merveille. Certains diront que c’est un show “bling bling”, tourné comme un clip hip hop à rallonge, personnellement je n’ai pas du tout cette sensation, l’histoire bien qu’assez classique me tient en haleine depuis quatres saisons et a fait de Power l’une de mes séries préférées actuellement.
Voilà pour la mise en bouche, maintenant parlons musique et comme une partie de l’histoire se déroule dans des clubs hype et que Fifty est derrière les choix musicaux, autant vous dire tout de suite qu’on est gâtés!!! Le générique nous mets direct dans le bain avec l’excellent “Big rich town” de 50 cent et Joe, mais ce n’est qu’un avant goût du régal Hip hop/ Rn’B qu’on nous propose, à tel point que je n’ai pas pu me résoudre à beaucoup cutter, je vous ai préparé une playlist d’une quarantaine de morceaux, merci Tunefind!!!
Au programme, le patron de G-Unit est évidemment à l’honneur, mais on retrouve aussi Erykah Badu, 2pac ou encore Angie Stone et même du Smokey Robinson, ça c’est pour les anciens. Pour la nouvelle école, du lourd aussi avec Schoolboy Q, Mack Wilds, qui jouait Mike dans The Wire, Wiz Khalifa, Lil’Wayne, bref que des pointures du hip hop actuel.
Le R’nB et la Nu-soul ne sont pas en manque non plus, on retrouve SZA, la nouvelle perle de TDE, Chris Brown, Lalah Hathaway, pour ne citer qu’eux.
Mais je dois que cette B.O m’a fait découvrir deux pépites, que je souhaitais mettre en avant plus spécialement, Jacob Banks, dont la chronique est à venir sur Sème la zic et Jones, qui pourrait devenir l’une des nouvelles voix de la Pop/Soul Londonienne avec le titre “Indulge” que j’ai adoré!
Voilà, j’espère vous avoir donné envie de découvrir la série et sa B.O car elle valent vraiment le coup, le lien vers l’intégrale des morceaux de la série se trouve ici et vous pouvez retrouver la série sur OCS.
Laurent
La BO de the OA vous fait voyager
La série fantastique the OA parue en décembre 2016 sur Netflix ne fait pas consensus : on aime ou on déteste le coté mystique, l’utilisation de la danse contemporaine comme moteur de l’action, les mystères qui persistent à la fin de la première saison… mais si un aspect peut rassembler tous les spectateurs, c’est bien sa bande originale.
En arrière plan, il y a les compositions atmosphériques de Batmanglij, Danny Bensi et Saunder Jurriaans. L’actrice principale, la (fabuleuse) Brit Marling dit d’ailleurs s’être beaucoup inspirée pour son jeu d’une autre musique de Batmanglij : The woods.
A cela s’ajoutent de nombreuses pistes qui vont de la musique classique aux musiques urbaines en passant par la folk. La Bo ne s’enferme jamais dans un genre unique et la musique colle toujours au mieux aux sentiments. Cela illustre un message fort transmis par the OA qui est l’humanisme, le besoin de chercher le meilleur dans les autres, et cela passe aussi par une ouverture à tous les goûts et toutes les cultures.
Mais les musiques qui vous tiendront le plus aux tripes et qui vous hanteront quelques temps après la fin de la saison, ce sont celles jouées à l’écran. La musique est un ressort de l’histoire car certains personnages disposent de talents musicaux particuliers à la suite d’épisodes où ils sont passés proches de la mort. Parmi les personnages principaux on trouve une violoniste (Prairie), une chanteuse (Rachel) et une guitariste (Renata).
Grâce à Renata donc, on (re)découvre avec délice les compositions virevoltantes du guitariste cubain Leo Brouwer. Et la BO de the OA devient la BO de notre été !
Childish Gambino, artiste multi-taches !
Nouvelle séance de rattrapage, cette fois avec Childish Gambino que je découvre une nouvelle fois à travers une série, décidemment, me direz-vous!!! Donald Glover à la ville, était Troy Barnes dans « Community », la comédie hilarante de NBC, mais c’est dans sa (il en est l’auteur et producteur) toute nouvelle série « Atlanta », où il tient le rôle de Earn Marks, manager/looser en devenir de son cousin Paper boi, lui-même, nouvelle star de la scène hip hop d’Atlanta que j’ai connu ce personnage atypique.
Gambino, c’est à la fois du rap et de l’electro, du Rnb et de la pop, bref autant dire qu’il s’essaie à tous les styles et se débrouille plutôt pas mal à ce petit jeu. C’est peut-être aussi ce qui fait que les avis sont parfois mitigés sur cet artiste. Trop lisse pour le public hip hop, mais malgré tout trop rap pour la pop.
Heureusement, Glover assume complètement ce rôle de « Hipster » du hip hop, personnage décalé, aux antipodes des Gangster du rap, Gambino est un enfant du net et a su en profiter pour se faire son autopromotion, étant donné que les médias hip hop ne lui ont pas toujours offert la diffusion qu’il aurait méritée.
Pour revenir à cet album donc, « Camp », son premier et le plus orienté hip hop de tous, même si il garde quand même une sonorité pop sur certains morceaux, l’ensemble est cohérent, pas parfait mais c’était son premier disque, il n’a fait que s’améliorer depuis. Quelques morceaux tournent en boucle dans mon MP3 comme « Bonfire », « Firefly » et le meilleur selon moi, « Freaks and geeks », où, Gambino, survolté, nous fait apprécier ses qualités de kicker à une vitesse ahurissante.
Je vais donc continuer à m’intéresser à cet artiste/acteur/auteur de près et je vous recommande vivement de jeter un œil à la série « Atlanta », c’est drôle, très fin, engagé et en plus, doté d’un excellent soundtrack. Quant à son dernier opus « Awaken my love » qui vient de sortir cet hiver, n’hésitez pas et sautez dessus, c’est un petit bijou, mix entre P-funk et Hip hop groovy, unique en son genre. Et pour ceux qui se poseront la question, c’est bien sa voix (à peine pitché) sur l’album, preuve en live dans la vidéo ci-dessous.
Laurent
Welcome to The Get Down!!!
A mi-chemin entre la fin du disco et les prémices du hip hop, dans le South Bronx de la fin des années 70, voilà le décor de la série de Netflix : THE GET DOWN. L’histoire d’un groupe de jeunes qui essaient de sortir de leur quotidien à travers la musique, la danse ou encore le graffiti.
Je ne m’attarderais pas trop sur la série en elle-même, n’ayant pas pu encore finir la première saison (la suite des épisodes ne sort que courant 2017). Cela dit, la première partie est déjà de très bonne facture, si le style de Baz Luhrmann (réalisateur de Moulin Rouge et Australia), excentrique et coloré, ne vous dérange pas. Le contexte historique, bien qu’en partie fictif, est bien documenté et avec Nas et Grandmaster flash comme consultant sur l’histoire du hip-hop, le sujet ne peut être que maitrisé.Quelques évenements marquants de cette époque New-Yorkaise viennent étoffer le tout, comme la fameuse panne de courant du 13 Juillet 1977, qui plongea la ville dans le noir pendant 2 jours.
Revenons donc à notre intérêt premier : la bande originale, qui selon moi, est l’une des meilleures de ces dernières années (avec Vinyl). Celle commercialisée, avec notamment les deux morceaux de Michael Kiwanuka remixés avec Nas : Rule the world et Black man in a white world ou encore les extraits de la série où les Get down brothers affrontent les Notorious 3 lors d’une battle enflammée, même Christina Aguilera réussit à nous pondre un morceau décent ! Egalement au programme, Janelle Monae, Lyn Collins et son légendaire « Think(About it) » ou encore Leon Bridges.
Ça c’est uniquement pour la version CD, en revanche, si vous prêtez l’oreille pendant la série, c’est là que l’atmosphère musicale de cette période est la plus interessante avec les classiques hip hop de Grandmaster Flash, Afrika Bambataa ou Sugarhill gang et en bonus des intros inédites de Nas pour chaque épisode, mais aussi de la Funk, du Disco, de la Soul et du Punk avec les Clash, Marvin Gaye, Celia Cruz pour n’en citer que quelques uns, hétéroclite vous avez dit ?
Avec une telle richesse musicale, difficile de se limiter à un ou deux morceaux, je vous ai donc concocté une petite playlist pour l’occasion.
Laurent
A real Badass !!!
Ouh la la je suis complètement passé à côté de ce petit gars de Bed-Stuy (quartier d’origine à NY de Notorious Big), j’en avais souvent entendu parler, mais je suppose que je n’ai pas dépassé son pseudo, que je trouvais assez moyen et du coup, je n’ai pas vraiment écouté ce qu’il y avait derrière.
Heureusement, Mr Robot est la !!! En effet, Joey Badass a un petit rôle dans la saison 2 de la série consacré à mon hacker préféré et sa « Fsociety ». Il y joue Leon, le nouvel ami/dealer d’Eliott, fan de monologue et de Seinfeld. Sa présence a éveillé ma curiosité musicale et tant mieux !!!
Ce jeune rappeur de 21 ans de Brooklyn originaire de Sainte Lucie a en réalité toutes les qualités requises pour faire partie de cette relève New Yorkaise qui me plait tant, les Action Bronson (en featuring sur le bonus « Run up on ya »), J.Cole etc… Ce 1er album est brut, bien produit et Joey dévoile un flow qui en fera rougir plus d’un ! B4DA$$ a prononcé « Before da money » est une très belle suite aux mixtapes sorties précédemment : 1999, Rejex et Summer knights.
Les singles « Paper trail$ » et « Nigga like me », produits respectivement par DJ Premier et J.Dilla (il ne s’entoure pas de n’importe qui quand même…) sont juste excellents ! Le MC fait preuve d’une maturité musicale assez surprenante pour son âge.
L’album date de début 2015, mais je ne pouvais pas passer à côté, tant, il m’a mis une claque ! D’autres morceaux sont sortis sur la toile depuis comme « Devastated » ou « Brooklyn’s own » en attendant un deuxième album, bientôt j’espère…
Laurent.