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Victor Wainwright, long train Blues… and more.

Sur la pochette de leur dernier album, une locomotive ancienne lancée à pleine vitesse, toute fumée dehors. Cela annonce clairement les choses. Victor Wainwright and The Train ne sont pas là pour plaisanter.
Ce chanteur-pianiste-organiste américain et son groupe nous proposent d’entrée de jeu sur leur nouvel album « Memphis Loud » paru l’an dernier, un blues puissant, cuivré, mâtiné de plein de sources musicales, comme le boogie-woogie, le blues, la soul, et même des sons issus de la Nouvelle-Orléans.
Dès le début donc, c’est un hommage au Mississippi, terre de blues s’il en est et qui vit naitre nombre de grands noms du genre. Ensuite il se souvient de la ville de Memphis. Aretha Franklin ou encore Booker T. Jones, sont nés dans cette ville. Les bluesmen John Lee Hooker, B.B.King; Muddy Waters, Howlin’Wolf sont également nés dans les environs, au sein de ce Mississippi alors frappé, comme les autres états du sud des Etats-Unis, par le ségrégationisme officiel, qui ne sera abrogé qu’en 1968. Ville historique de la musique américaine, et considérée comme le berceau historique du Blues, c’est aussi une ville où se trouve la fameuse Beale Street, qui rassemble nombre de clubs dédiés à cette musique, dont ceux de B.B.King et Buddy Guy.
Mais Memphis est aussi un berceau du rock puisque Elvis Presley a vu le jour à quelques encablures de cette mythique cité. Sans parler des nombreux studios d’enregistrement qui s’y trouvent, comme les fameux Sun Records, fondés par Sam Phillips dans les années 50, lui qui fut le premier découvreur de Presley lorsque celui-ci fit sa version de « That’s all right Mama ». D’autres grands noms du rock émergeront grâce à Sun Records, je veux parler ici de Carl Perkins, Jerry Lee Lewis, Johnny Cash. Des bluesmen comme James Cotton, B.B.King ont également enregistré des albums sous la direction de Sam Phillips. Memphis voit défiler dans ses studios depuis des décennies tout ce qui compte de stars de la chanson, de la pop, du jazz, de la soul music ( notamment dans les studios Stax et Hi Records, où passeront Booker T. and the MG’s., Otis Redding, Carla Thomas, Isaac Hayes, Al Green. Bref Memphis, vous l’aurez compris, est partie incontournable de l’histoire de la musique américaine des 70 dernières années.
Mais revenons à l’album qui nous occupe. On retrouve l’évocation de cette ville dans le troisième morceau de l’album, morceau qui démarre sur les chapeaux de roues, celui d’un train qui arrive en gare (peut-être un hommage lointain au fameux premier film projeté par les frères Lumières dans un hangar, devant un public incrédule). C’est du blues nerveux, bien servi, sans fioritures. Wainwright possède par ailleurs une voix un peu nasale qui n’est pas sans rappeler parfois celle du célèbre pianiste-chanteur de la Nouvelle-Orléans, Dr. John. La musique développée est gorgée de couleurs, de cuivres, de sueurs, on se sent transporté dans ce sud des Etats-Unis historique, berceau de la musique américaine. Mieux vaut s’attacher au siège, le voyage démarre fort, avec donc l’enchainement « Mississippi »-« Walk the walk »-« Memphis Loud ». Moi qui ne connaissait pas ce musicien et son groupe, je me régale.
Après un départ en fanfare, les gaillards changent de registre. En effet sur « Sing », c’est un esprit fanfare qui prédomine. On se croirait à un carnaval (oui je sais dur à imaginer par les temps qui courent ). Puis vient une ballade, « Disappear », qui permet à Wainwright de nous offrir un autre aspect de sa voix puissante. Ici elle est plus posée. La musique d’abord tranquille, se fait plus présente via les cuivres et le piano, et une section rythmique qui veille au grain. Ensuite c’est un « Green don’t rise » entamée tambours battant qui nous tend les bras. Un blues-rock sans temps morts, mené à l’allure d’une locomotive lancée plein pot, les instruments prenants efficacement leur place dans ce tourbillon bluesy. « Golden rule », qui suit, est un morceau aux sonorités davantage pop, voire soul des années 70, comme un hommage à la Motown et certaines de ses grandes figures. Avec « America », Wainwright dresse un constat amer de son pays, renforcé par les évènements survenus en 2020, les émeutes. Il prêche pour un respect de l’autre, d’où qu’il vienne. « South end of a North bound mule », fleure bon le blues du sud, il me fait penser à des morceaux de Robben Ford, ou de Calvin Russell, deux bluesmen que j’adore et vous recommande si vous ne les connaissez déjà. Le jeu de guitare est ici fin et précis, la voix de Wainwright presque joyeuse et joueuse. Un bon boogie-blues. « My Dog Riley », avant-dernier morceau de l’album, nous ramène à un boogie-blues mélangé à une pincée de fanfare, ca swingue, ça balance, c’est entrainant au possible. Ca Roll’ comme ils disent là-bas. Pour finir, Wainwright nous propose le très beau « Reconcile ». Une chanson en forme de blues plaintif… soutenue par une guitare et des cuivres. Superbe.
Personnellement, une belle découverte que cet artiste à travers cet album.
Alors si vous aimez la musique en forme de cocktail bien secoué, ce disque est pour vos oreilles.
Guillaume.
Elvis a changé l’histoire du Rock.

Dans des chroniques précédentes, plus ou moins récentes, j’ai évoqué les « géniteurs » du Rock’n’roll, au premier rang desquels Little Richard, mais il y eut aussi Eddie Cochran, Chuck Berry et son célèbre duck-walk, Jerry Lee Lewis et son piano, Bill Haley et ses fameuses comètes pour ne citer que les principaux venus des Etats-Unis. Mais un gars, né en 1935 à Tupelo, au Texas, va venir au milieu des années 50, ringardiser et bousculer les codes jusques-là établis par ses prédécesseurs. Son nom? Elvis Aaron Presley. Il était bien logique que j’en vienne à l’évoquer, d’autant que cette année, il aurait fêté ses 85 ans!
Le label Laser Média à eu l’excellent idée de ressortir, sous forme de coffret 3 cd intitulé « Rock Box », 42 titres parmi lesquels beaucoup sont devenus des classiques du Rock :
« See See Rider », « Trying To get you », « Allez shook up », « Love me tender », « Hound Dog », « Polk salad Annie », « Suspicious Minds », « Heartbreak Hotel », « Can’t help falling in love ». C’est vraiment un bel objet pour se rappeler combien cet artiste a marqué de son empreinte l’industrie du disque, la musique, la société, pendant 20 ans, de 1956 à 1975.
La mine enjôleuse, le sourire ravageur auprès de la gent féminine, une voix grave et chaude à faire se pâmer les jeunes filles comme les mères de familles, capable de jouer de la guitare, le jeune Presley va être repéré lors d’un radio-crochet, par un manager nommé Parker qui se fait appeler « Colonel », plus par volonté d’impressionner l’interlocuteur, que par un réel passé militaire. En 1954, il est signé sur le label Sun Records de Sam Phillips. Il sera désormais accompagné du guitariste Scotty Moore, du bassiste Billy Black et du batteur DJ Fontana. Le manager, homme d’affaires très avisé, comprend très vite le potentiel de son « poulain » et s’arrange pour le faire tourner dans le pays, mais aussi le faire engager sur des films sans intérêts, où sa seule présence à l’écran générera des recettes, d’autant que Presley y jouera de piètres rôles débouchant la plupart du temps sur des chansons, source de revenus pour l’artiste, mais aussi et surtout pour le producteur. Le premier succès discographique de Presley sera le titre « Heartbreak hotel » numéro 1 des ventes aux Etats-Unis, en 1956.
Dès lors, la « machine » Presley » est en marche. Tournées partout dans le pays, diffusions massives de chacun de ses nouveaux titres à la radio, chaque apparition dans une émission de télé créée une émeute ou presque, et donc le cinéma lui tend les bras. L’avenir s’annonce radieux pour le jeune prodige de Tupelo. Son style moderne, sa présence scénique indéniable, son charisme, vont ringardiser très vite ses prédécesseurs. Chanteur blanc à la voix « noire », premier à user d’un déhanché très suggestif, qui rendra dingue, dès le début, ses fans féminines.
Mais, tout ce succès va s’arrêter brusquement, lorsque, suite au décès de sa mère à l’âge de 46 ans, et après des classes effectuées aux Etats-Unis, Elvis va partir faire son service militaire en Allemagne en 1958. De retour au pays en 1960, il va très rapidement prendre la route… des studios d’Hollywood, où il va enchaîner rien moins que 27 films jusqu’en 1968. Durant cette période, il enregistre tout de même des chansons qui deviendront des classiques, « Can’t help fallin’ in love »(1961) « Return to sender »(1962).
Mais malgré tout, la décennie des 60’s se termine sur un déclin inexorable tant commercial que cinématographique d’Elvis Presley. L’idée vient alors de négocier un contrat avec NBC, en 1968, pour une émission spéciale en public. Le deal est fait, sur la base de 1, 25 million de dollars. Intitulé « Elvis One Night« , Presley y apparaît vétu de cuir noir sur une scène carrée, accompagné par Scotty Moore, DJ Fontana, Alan Fortas. Il y semble heureux, affûté comme jamais. Le show sera un véritable carton. Il y jouera ainsi une superbe version acoustique du classique blues « That’s all right Mama« , qui l’avait révélé au monde en 1956. Revigoré par ce succès télévisuel, le « King » et son mentor diabolique vont enchaîner enregistrements studios et tournées. Un rythme erreintant.
Mais tout cela aura un prix. Fort. Que le physique de Presley, surmené, va finir par payer. Cher. En 1973, le garçon déjà sous médicaments à forte dose pour diverses pathologies (angoisses, paranoïa, diabète…) va faire une surdose de barbituriques, puis voir ses problèmes de surpoids lui poser de plus en plus de problèmes sans parler compter ceux liés à la mémoire, qui se fait désastreuse lors de ses concerts au cours desquels il en vient à oublier des paroles de plus en plus souvent, obligeant ses musiciens à meubler. Sous contrat avec sa maison de disque, il doit enregistrer des albums régulièrement. et donner des concerts. Car le colonel Parker veille au grain, pardon à l’oseille. Et comme le public, tenu éloigné des problèmes de santé du King, continue de venir en masse, l’oseille afflue en masse. Enorme!. Le physique de Presley, usé et fatigué de tant d’années de voyages, de prises de médicaments, commence à se fissurer de partout. Le mental, fragile lui aussi, malgré son entourage proche bienveillant, rassurant, finit par vaciller. Les enregistrements studios, hier une joie, aujourd’hui sont peine pour ce génie devenu fantôme, un pantin que l’on trimballe comme une belle attraction en vitrine. Il vit désormais reclus dans sa résidence de Graceland, achetée dans les années 60. Ne supporte plus de se déplacer. Du coup, sa maison de disques lui enverra même un studio mobile pour enregistrer en 1976 des sessions, qui finalement ne donneront rien.

Le jour de son décès, d’une crise cardiaque, le 16 août 1977, le King est dans sa résidence de Graceland, à Memphis, capitale du Tennessee, terre du Blues. Il devait partir en tournée. Encore une. Elle n’aura jamais lieu. Elvis Presley est inhumé deux jours plus tard en sa propriété, devant une foule immense. Encore aujourd’hui, de part le monde, des sosies le font survivre, des spectacles musicaux racontent sa vie.
Le petit gars de Tupelo est devenu, pour l’éternité, une légende de la musique, une icône du 20 ème siècle.
Je vous laisse avec une sélection de quelques titres qui ont fait son succès.
Guillaume.