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Belmondo, Eternel Magnifique.

Il y a des jours, on n’aime pas écouter les infos. En ce 6 septembre 2021, une nouvelle est venue assombrir une journée pourtant placée sous le signe du soleil. En effet, vers 16h30, les médias ont annoncé le décès de l’un des derniers géants du cinéma français, un star qui a traversé plusieurs générations de comédiens, de réalisateurs, joué dans de multiples registres. Jean-Paul Belmondo, fils du sculpteur Paul Belmondo, à qui il avait d’ailleurs rendu hommage en ouvrant un musée à son nom, est donc parti rejoindre ses amis Gabin, Blier, Ventura, et la bande du Conservatoire, Marielle, Rochefort, Noiret, Bedos, Cremer, au Paradis des acteurs. Michel Audiard sera content de lui tailler à nouveau des dialogues sur mesure. Nul doute qu’il a été bien accueilli Là-Haut.


Apparu à la fin des années 50 sur grand écran, dans « sois belle et tais-toi » (1957) de Marc Allégret, sur lequel il rencontre et se lie d’amitié avec un débutant nommé Alain Delon, il connaitra le début du succès grâce au cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godard qui le fait tourner dans « A bout de souffle » (1960), aux côtés de Jean Seberg. Avec Godard, il tournera deux autres films, « Une femme est une femme » en 1961″ puis « Pierrot le fou » en 1965. Puis très vite, des réalisateurs comme Jean-Pierre Melville vont le solliciter pour tourner « Léon Morin Prêtre » en 1961, puis « Le Doulos » l’année suivante. En 1962, il s’essaye à un nouveau registre, le film d’époque, sous la caméra de Philippe de Broca, dans « Cartouche ». Cette même année il tournée « Un singe en hiver » de Henri Verneuil (première photo ci-dessus), aux côté du patriarche du cinéma français de l’époque, Jean Gabin, avec des dialogues signés Michel Audiard, et du troisième homme, Paul Frankeur, avec également Suzanne Flon. Puis ce sera les succès, d’abord « L’homme de Rio » de De Broca, « Cent Mille dollars au soleil » où il retrouve Henri Verneuil, avec comme complices de jeu Lino Ventura, Bernard Blier (deuxième photo ci-dessus) ainsi que Gert Fröbe, et donc en 1965, le fameux « Pierrot le fou » de Jean-Luc Godard. Après un petit rôle dans le film-fresque « Paris brûle-t-il? » (1966), aux côtés de Alain Delon, Yves Montand, Pierre Dux, Kirk Douglas, Glenn Ford, Anthony Perkins, Orson Welles. En 1969, il va se tourner résolument vers la comédie avec des films comme « Le cerveau » de Gérard Oury, où il côtoie Bourvil et le comédien anglais David Niven, puis « La sirène du Mississippi », réalisé par François Truffaut, avec pour partenaire féminine Catherine Deneuve. Après il s’est mis au polar en tournant « Borsalino », avec son ami Alain Delon, en 1970, sous les ordres de Jacques Deray, avant de retrouver Henri Verneuil dans « Le Casse », en 1971, avec pour partenaire de jeu Omar Shariff. Par la suite il tournera « L’héritier » de Philippe Labro en 1972, « l’Affaire Stavisky » d’Alain Resnais en 1974, « l’Alpagueur » et « Le corps de mon ennemi » en 1976, respectivement avec Philippe Labro et Henri Verneuil, qu’il avait côtoyé pour « Peur sur la ville » en 1975.
Dans la décennie suivante, il se cantonne à des rôles de flic solitaire, aux méthodes parfois musclées, pour dénoncer les réseaux de trafic de drogue, et tout ce qui a trait au grand banditisme. Après avec « Le Guignolo », comédie de 1980, qui rassemble Pierre Vernier, Michel Galabru, Philippe Castelli, La fameuse scène finale de son échappée suspendu à un hélicoptère au dessus de Venise est dans toutes les mémoires (photo ci-dessous).

En 1981, il interprète Joss Beaumont, mercenaire mandaté pour abattre un chef d’état africain en visite en France dans « le Professionnel », film où il retrouve Pierre Vernier, Michel Beaune, Robert Hossein. Ce film sera un gros succès public malgré la scène finale où Belmondo meurt ( second film avec une telle fin, avec « Borsalino », où il meurt dans les bras d’Alain Delon). En 1983 et 1987, il tourne deux films policiers de moyenne facture, « Le Marginal » d’abord, puis « Le Solitaire ». Enfin, en 1988,, il a un très beau rôle, celui d’un homme d’affaires retiré en Afrique, qui forme un jeune homme (Richard Anconina, la scène de leur fac à face est mythique), dans « Itinéraire d’un enfant gâté », réalisé par Claude Lelouch.
Ce titre lui va très bien. Car Belmondo, parti de loin au Conservatoire, recalé deux fois au concours final, a finalement entamé et fait une carrière riche de grands rôles aux côtés des plus grands acteurs et grandes actrices de la seconde moitié du 20ème siècle : Jean Gabin, Alain Delon, Lino Ventura, Blier, Richard Anconina, Guy Marchand, Jacques Villeret, Jean-Pierre Marielle, Deneuve, Omar Shariff, Michel Beaune, Sami Naceri, Jean Dujardin, Suzanne Fion, Jacqueline Bisset, Ursula Andress, Claudia Cardinale, Sophie Marceau, Rosy Varte, Marie-France Pisier, et j’en oublie sûrement. Derrière son air rieur, farceur, il était un grand professionnel, méticuleux, réglant lui-même ses cascades, déconnant jusqu’au moment de dire « ça tourne! » et de jouer sa partition. Les plus belles expressions de son talent, outre « Itinéraire d’un enfant gâté » de Lelouch, sont à chercher au début de sa carrière, puis dans certains films des années 70’s, où il enchaine donc des rôles qui vont marquer les esprits de plusieurs générations, surtout parce que ses partenaires de jeu sont souvent de haut vol..
Son père, le sculpteur Paul Belmondo, se désespérait qu’il fasse un vrai métier. Aussi, lorsqu’il s’est engagé dans le théâtre puis le cinéma, ce fut un peu la soupe à la grimace. Mais le succès venant relativement vite pour ce jeune homme à l’allure singulière, au physique hors des canons de l’époque, à la gouaille parisienne, à l’esprit vif, les inquiétudes paternelles se levèrent vite. Et le jeune Belmondo prit son envol pour se faire une place au soleil du 7ème art.

Acteur devenu très populaire, c’était aussi un grand fan de sport en général, de boxe (photo ci-dessus) et de football en particulier. La boxe, il la pratiqua en amateur, et ne cessa jamais d’aller voir les grands combats nationaux ou les championnats du monde, quant au football, il avait débuté dans l’équipe des polymusclés, qui regroupait des sportifs, des journalistes, des comédiens, il était gardien de but. Les passionnés de foot, du Paris-Saint-Germain version Messi, seront peut-être contents d’apprendre que cette légende du cinéma a contribué, au début des années 70, à la naissance de leur club chéri. Il en fut un des présidents pendant un temps très court. Il avait bien sûr sa place dans la tribune principale du Parc des Princes, tout comme on le voyait à Roland-Garros en mai de chaque année, pour assister aux exploits des tennismen et tenniswomen. Ainsi aura-t-il vu successivement Borg, Lendl, Mac Enroe, Wilander, Noah, puis la période Nadal-Federer-Djokovic, et chez les femmes Chris Evert, Martina Navratilova, Monica Seles, Mary Pierce, Steffi Graf, Amélie Mauresmo, Serena Williams, et bien d’autres. Il dévorait le journal l’Equipe tous les matins.
Dans les années 90 et 2000, il tounera plusieurs films alors qu’il est affaibli depuis un accident vasculaire, qui lui vaudra une longue rééducation pour réapprendre à parler. On peut en retirer ses retrouvailles avec Alain Delon dans la comédie de Patrice Leconte « Une chance sur deux » avec Vanessa Paradis, en 1998. 6 ans plus tôt en 1992, il tournait avec Georges Lautner « L’inconnu dans la maison ».
Guillaume.
Au revoir Madame Cellier.

Alors que le monde de la culture (artistes, comédiens, metteurs en scènes, techniciens, directeurs de troupes, directeurs de théâtres…chorégraphes, danseurs, danseuses… ) se battait à la fin de l’année 2020 pour sa survie, dans le cadre des conséquences dramatiques des fermetures des théâtres cinéma et autres musées, une personnalité du monde du cinéma à tiré sa dernière révérence, discrètement, à l’âge de 75 ans. Caroline Cellier s’en est allée.
Loin d’être une enfant de la balle (un père garagiste et une maman qui s’occupera d’elle) comme le veut l’expression consacrée, elle fera du théâtre très tôt, dès ses 23 ans, en quittant Montpellier pour monter à Paris, intégrer le fameux Cours Simon. La même année, elle fera ses débuts dans « On ne peut jamais dire ». L’année qui suit, 1964, sera riche pour elle en expériences vécues : la télé ou elle joue dans « la mégère apprivoisée » de Bernard Noël avant de tourner « une fille dans la montagne » avec un certain Jacques Higelin. Revenue au théâtre, elle connaitr2 le succès a travers sa prestation dans « Du vent dans les branches de Sassafras ». Elle recevra 2 distinctions dont le prix Gérard-Philipe. Sa carrière démarre en flèche.
En 1968, c’est vers le monde du cinéma qu’elle se tourne vraiment. D’abord Lelouch ( « La vie, l’Amour, La Mort ») puis Chabrol en 1969 dans « Quand la bête meure » où elle côtoie Jean Yanne et Michel Duchaussoy. Sa carrière au cinéma est lancée et Caroline Cellier fera alors le choix d’alterner tournages de films et pièces de théâtre. Choix judicieux qui va lui permettre, au cinéma, dans la décennie qui s’ouvre, de rencontrer et jouet pour des réalisateurs aussi divers que Édouard Molinaro pour qui elle jouera dans deux films, « Les aveux les plus doux »(1972) et « l’emmerdeur » (1973) aux côtés du duo Ventura-Brel. En 1974, c’est sous la direction de Claude Lelouch qu’elle joue dans « Mariage », avec Rufus et Bulle Ogier.
Les années 80 vont lui apporter son lot de beaux rôles, au service de réalisateurs comme Christopher Frank (« Femmes de personne », 1983 et surtout « L’année des méduses » en 1984, avec Valérie Kaprisky et Bernard Giraudeau), mais elle côtoie aussi l’immense Henri Verneuil pour « Mille milliards de dollars » (1981) où elle joue avec Patrick Dewaere. En 1984, son mari le comédien-scénariste et metteur en scène Jean Poiret la fait tourner dans « Poulet au vinaigre », une enquête policière en province, dans un style grinçant et caustique, avec une distribution de premier choix puisqu’on y retrouve Stephan Audran, Michel Bouquet, Pauline Lafont, Lucas Belvaux et Jean Poiret dans le rôle de l’inspecteur Lavardin. Jean Poiret la reprendra pour son film « Le zèbre »(1992). Là elle fera équipe avec Annie Grégorio, Thierry Lhermitte, Philippe Khorsand. Car Caroline Cellier malgré son visage à priori sévère et fermé est une excellente actrice de comédie.
Pourtant, 2 ans après « Le zèbre », elle prend un virage à 180 degrés en intégrant la distribution du film Farinelli, réalisé par Gérard Corbeau. Ce film raconte l’histoire de ce chanteur à la voix de haute-contre (on disait Castrat à l’époque du 18ème siècle). Puis elle tourne avec Francis Giroud « Délit mineur »(1994), en faisant équipe avec Claude Brasseur et Nils Arestrup, puis avec avec Lelouch dans « Hommes, Femmes, mode d’emploi » où elle rejoint Antoine Duléry, Alessandra Martines; Fabrice Lucchini, Agnès Soral, ou encore Pierre Arditi (1996). l’année suivante elle rejoint le « Nul » Alain Chabat sur son film « Didier », comédie loufoque dans laquelle le comédien incarne un chien.
Au théâtre, elle joue du George Bernard Shaw (« On ne peut jamais dire »), du Marivaux (« les fausses confidences »), Molière (Le misanthrope »), du Jean-Claude Carrière (« L’aide-mémoire »), du William Shakespeare (« La mégère apprivoisée »), du Tennessee Williams (« Un tramway nommé désir « ). Tout cela entre 1965 et 1999. De quoi apprécier la longévité d’une carrière menée sur 2 fronts, cinéma et théâtre, avec le même appétit, la même envie.
Caroline Cellier fait partie de ces actrices qui ont discrètement menées leur carrières, et nous laisse pléiade de beaux rôles pour s’en souvenir.
Guillaume.
Robert Hossein quitte la scène définitivement.

Bien que non issu de la bande du Conservatoire, promotion Jean-Paul Belmondo avec également Guy Bedos, Pierre Vernier, Jean Rochefort, Michel Beaune, Françoise Fabian, Jean-Pierre Marielle, ou encore Claude Rich, Robert Hossein était de cette génération douée, qui souhaitait changer les codes, transformer la façon de faire et jouer au théâtre. Il s’est envolé au Paradis des acteurs le 31 décembre 2020, à 93 ans. Cet acteur au regard sombre s’est fait connaître dans les années 60, dans la série « Angélique, Marquise des anges ». Il y jouait Joffrey de Peyrac aux côtés de Michèle Mercier (Angélique). Fils d’un compositeur azéri, André Hossein et d’une jeune comédienne, Anna Mincovschi, Robert Hossein va très très rapidement se tourner vers le théâtre, en intégrant le Cours Simon et en suivant les apprentissages de Tania Balachova. Il va connaître son premier succès dans la pièce « les voyous », à l’âge de 19 ans, en 1949.
Après quoi, il opte pour la mise en scène, d’abord au théâtre en adoptant des oeuvres de Frédéric Dard (« Docteur Jekyll et Mister Hyde »), de James Hadley Chase (« La chair de l’orchidée »), ou Francis Carco (« L’homme traqué »). Acteur, metteur en scène de théâtre, Robert Hossein sera aussi celui qui mettra en scène du théâtre à grand spectacle, avant d’insuffler la participation du public (une première en France). Il a ainsi monté « Le cuirassé Potemkine » en 1975 au Palais des Sports de Paris, lieu où il y donnera aussi « Notre-Dame de Paris » (1978). L’année suivante il met en scène son fameux « Danton et Robespierre « , écrit par Alain Decaux, au palais des Congrès de Paris. En 1980, c’est le fameux « Les Misérables » écrit par le grand Victor Hugo qui seront travaillés par cet infatigable homme de spectacle. Dans les années 80, il va continuer ses mises en scène gigantesques, en alternant spectacle de péplum (« Jules César », 1985), et ceux plus religieux, en lien avec sa croyance personnelle et des personnages importants tel que Jésus dans « Un homme nommé Jésus » (1983), et plus tard « Jésus était son nom » (1991). Il va également diriger des théâtres, à Reims d’abord, en 1970, où il inaugure une formule de mises en scènes très cinématographiques, grandioses, puis à Paris, de 2000 à 2008 où il prend la direction du célèbre Théâtre Marigny, scène sur laquelle Jean-Paul Belmondo avait fait son grand grand retour sur scène après 28 ans d’absence en 1987, dans « Keane », qui sera une véritable triomphe pour l’acteur.
A côté du théâtre auquel donc il a consacré beaucoup, Robert Hossein a été également un acteur à la carrière bien remplie. Il a débuté très tôt, en 1948, sous les ordres de deux grands noms de l’époque, Jean Delannoy (« les souvenirs ne sont à vendre ») et Sacha Guitry (« Le diable boiteux »). Puis c’est l’immense Jules Dassin (papa de Joe), qui l’enrôle dans « Du rififi chez les hommes » (1955). Le chemin est tracé. Dans les années 60, d’autres grands noms du cinéma se chargent d’aguerrir le comédien. En effet, Claude Autant-Lara (« Le meurtrier », 1963), Roger Vadim (« Le repos du guerrier, 1962 ; « Le vice et la vertu » avec Annie Girardot, 1963), Julien Duvivier (« Chair de poule », 1963), font tourner cet acteur qui semble voué à une carrière prometteuse.
Les 70’s, à peine marquées par son rôle dans « Le Casse » d’Henri Verneuil, avec Jean-Paul Belmondo et Omar Sharif, c’est les années 80 qui vont marquer son grand retour. En deux ans, de 1981 à 1982, il enchaine 3 films qui seront des succès publics : « Les Uns et les autres de Claude Lelouch », « Le professionnel » de Georges Lautner, où il retrouve ses amis Michel Beaune, Jean-Paul Belmondo, et « le Grand Pardon »(1982), d’Alexandre Arcady, avec Roger Hanin, Gérard Darmon, Richard Berry, Bernard Giraudeau, Jean-Louis Trintignant. Ajoutez à cela sa réalisation du film « Les Misérables » (1982), avec le trio d’acteurs Lino Ventura (Valjean)-Jean Carmet (Thénardier) et Michel Bouquet qui campe un commissaire Javert implacable et obstiné. Un grand film. En 1995, il retrouvera cette histoire, cette fois adaptée par Claude Lelouch. Entre temps il tournera dans des comédies plus ou moins réussies comme « Lévy et Goliath » de Gérard Oury en 1987, avec Richard Anconina, Michel Boujenah, Jean-Claude Brialy, ou « Liberté, Egalité, Choucroute » de Jean Yanne en 1984. En 1999, il joue dans le film quatre fois césarisé « Vénus Beauté (Institut) » de Toni Marshall, avec Nathalie Baye. Enfin plus près de nous, en 2009, il participe au film de Francis Huster « Un homme et son chien », premier film de Jean-Paul Belmondo après son AVC. La performance sera d’ailleurs saluée par la critique .
Robert Hossein a eu une carrière riche, en homme curieux qu’il était de toucher à tous les aspects de son métier. Nul doute que vous avez déjà vu cet acteur dans un film ou assisté à l’un de ses spectacles.
A la médiathèque vous pourrez retrouver le film de son adaptation magistrale du roman de Victor Hugo « Les Misérables » avec une distribution royale que j’ai déjà évoqué plus haut, ainsi que la pièce théâtre « Crime et Châtiment » de Fédor Dostoïevski, qu’il avait adapté et mis en scène au théâtre Marigny, avec Francis Huster et Mélanie Thierry dans les rôles principaux.
Guillaume.
Claude Brasseur, le 4eme Éléphant au Paradis.

- Brasseur. Ce nom résonne et sonne comme théâtre, cinéma, série télé. En effet la famille Brasseur est impliquée dans le théâtre depuis .. 1820. L’arrière grand-père de Claude Brasseur, Albert Brasseur était un acteur et chanteur d’opérette et son frère Jules, acteur comique réputé à l’époque, deviendra directeur de troupe puis fondra le théâtre des Nouveautés. Le grand-père, Georges-Albert Lespinasse (1879-1906), épousera l’actrice Germaine Neilly Brasseur. Ensuite, viendra donc Pierre Brasseur, né Pierre-Albert Lespinasse, acteur illustre au temps de Guitry, Gabin, Jouvet, Blier père, a marqué de sa stature le monde des arts. Enfin, Claude (1936-2020), qui vient de décéder à 84 ans, à deux jours de Noël, laissera aussi une belle page dans l’histoire du cinéma et du théâtre français a transmis le flambeau à son fils Alexandre, né en 1971. La tradition familiale se perpétue.
De son père, Claude Brasseur a hérité le goût de la comédie, du jeu, et une voix grave, un brin cassée, reconnaissable les yeux fermés. De sa mère, Odette Joyeux (1914-2000), ce sens inné d’aller vers les autres, d’être disponible envers celles et ceux qui l’entourent, quelles que soient les circonstances.
Moi je l’ai découvert dans la série policière « Vidocq », où il incarnait un ex t reconverti en flic, au début du 19ème siècle. Par la suite j’ai eu l’occasion de mieux apprécier cet acteur dans la comédie générationnelle « La boum »(1980), dans lequel il incarne, aux côtés de Brigitte Fossey, un mari dentiste volage et surtout un père qui ne voit pas grandir sa fille adolescente, incarnée par la débutante à l’écran Sophie Marceau. Le film sera un carton. La suite également. Brasseur excelle dans la comédie, genre qu’il a souvent servi avec bonheur (« un éléphant ça trompe énormément », « Nous irons tous au Paradis « , « Le grand escogriffe », « La gitane », avec Valérie Kaprisky », « Descente aux enfers », où il retrouve Sophie Marceau, « Camping », « Camping 2 », « Camping 3 »).
Il a également tourné dans des films plus sérieux, comme « La Banquière », aux côté de Romy Schneider, des polars ou films policiers tels « la guerre des polices » (1979) qui lui vaudra un césar du meilleur acteur, « La crime », « Les loups entre eux », « L’union sacrée ». Il a côtoyé les plus grands noms du cinéma, de Claude Sautet à Jean-Luc Godard, d’Alexandre Arcady à Bertrand Blier, de Marcel Carné à Georges Franju, de Roger Vadim à Costa Gavras. et côté acteurs-actrices de Romy Schneider à Sophie Marceau en passant par Alain Delon, Jean Rochefort, Victor Lanoux, Marthe Villalonga, Claude Rich Mireille Darc, Roger Hanin, Jean-Louis Trintignant, Jean-Claude Brialy, Gabrielle Lazure, Martin Lamotte, Clémentine Célarié, Stéphane Audran. Bref du très lourd!
Mais Brasseur est un touche à tout. Il explore les rôles dans des films d’époque, comme « Guy de Maupassant » en 1982, puis « Dandin » sous la direction de Roger Planchon en 1988. Il y fait merveille. Ce dernier rôle, il le reprend au théâtre avec le même succès. Le théâtre justement, domaine où il excellé.
Il a en effet joué du Molière (« Tartuffe ou l’imposteur »; « Dandin ou le mari confondu »), du Giono (« La calèche »), du Pagnol (« Judas »), du Racine (« Britannicus »), en étant mis en scène par des noms tels que Roger Plancton, Jean-Pierre Miquel, Jean-Laurent Cochet, Jean-Claude Brisville ou encore Francis Veber dans son adaptation au théâtre du fameux « Dîner de cons », qui fit un carton au cinéma avec le trio Villeret-Huster – Lhermitte.
Claude Brasseur, dont la carrière débuta en 1955 au théâtre et l’année suivante au cinéma, aura marqué de son empreinte, pendant plus de 6o ans, nos vies en laissant derrière lui dès rôles inoubliables, une voix chaleureuse, rieuse, pleine de bonne humeur, mais aussi capable de sacrés coups de gueule. Il connaitra la reconnaissance de la profession à deux reprises, en 1977 d’abord, en obtenant le césar du meilleur second rôle pour sa prestation dans le film de Yves Robert « Un éléphant ça trompe énormément », puis en 1980, le césar du meilleur acteur pour son rôle dans « La guerre des polices » de Robin Davis.
Merci pour tout Monsieur Brasseur. Vos trois compères, Jean, Guy, Victor, vont vous accueillir Là-Haut avec le sourire. Et Dabadie et Yves Robert réécriront d’autres histoires pour vous. Ensemble, vous referez le monde… et nul doute que vous rirez beaucoup… démasqués.
Guillaume.