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Ivry Gitlis laisse son violon orphelin.


Né à Haïfa en Israël en 1922, Ivry Gitlis a des origines parentales ukrainiennes. Ce qui, de fait, très tôt, va faire de lui, un citoyen du monde, et incarner ce que sera sa vie. Celle d’un home et d’un musicien, violoniste virtuose, qui ne cessera de courir les 5 continents, pour porter une parole d’apaisement, d’échanges entre les peuples, par la seule magie de la langue qu’il trimballe avec lui, la musique, mélange de tradition juive, d’origines slaves, de classique, mot qu’il déteste d’ailleurs, considérant qu’il n’existe que la musique, pas la musique dite classique, « ca c’est une affaire de marketing ! » dit-il. Ce géant de la musique du 20ème siècle est parti dans la nuit parisienne, le 24 décembre dernier. Ce mois de décembre a été fatal pour nombre d’artistes de renoms, auxquels il vient tristement s’ajouter. Revenons modestement sur son parcours.

A quatre ans seulement, le jeune Ivry reçoit un violon qu’il avait réclamé. Parents et entourages s’étant cotisés, le cadeau arrive, les premiers cours sont donnés et payés, et dès l’âge de 7 ans, il donne son premier concert. Repéré très jeune par Bronislaw Huberman, fondateur de l’orchestre de Palestine, ce dernier lui conseille alors de partir en Europe pour continuer sa formation. Le jeune Gitlis s’exécute et file pour la ville Lumière où il reçoit un enseignement au Conservatoire, avant de partit à Londres parfaire sa formation. A chaque fois ce sont des professeurs de haut vol qui lui tiennent lieu de guide musical. A Paris c’est notamment le compositeur-violoniste Georges Enesco qui se charge de lui. A Londres, il intègre une usine d’armement, puis après la guerre, entre au sein du fameux orchestre philharmonique de Londres. Ensuite, il part découvrir les Etats-Unis dans les années 50, puis grâce au plus grand imprésario de l’époque, devient le premier musicien israélien à jouer en URSS. Il marque les esprits par sa technique et par sa manière d’interpréter des concertos de grands compositeurs tels que Alban Berg, Igor Stravinsky (première photo ci-dessous) ou encore Béla Bartok (deuxième photo ci-dessous).

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Musicien génial, pédagogue infatigable, il parcourt le monde, partage son savoir, utilisant tous les moyens à sa dispositions, concerts bien entendu, cours, apparitions télévisées, pour communiquer autour du violon, de la musique classique. Dans les années 60, Ivry Gitlis décide de venir s’installer à Paris, ville qui sera son pied à terre entre ses différents séjours à l’étranger pour ses tournées et concerts de prestiges, car son talent est demandé partout dans le monde.

Il joue avec les plus grands orchestres du monde, popularisant ainsi des oeuvres du répertoire classique. Sa renommée entraine des compositeurs à écrire spécialement pour lui, ainsi Iannis Xenakis (photo ci-dessus) ou Bruno Maderna s’y attacheront- ils. C’est à cette même période, qu’il se lance dans la création d’un festival de musique, à Vence, en 1971, où son idée principale est de laisser la musique classique s’exprimer très librement; de manière moderne. En vrai curieux et défricheur et curieux de tout, il multiplie les expériences musicales, les rencontres, comme celle avec la talentueuse Martha Argerich (photo ci-dessous). Je vous disais que Gitlis était un homme de croisement des univers musicaux, la preuve en est sa rencontre avec les rockeurs Eric Clapton (deuxième photo ci-dessous), Keith Richards, Mitch Mitchell, Yoko Ono et John Lennon (excusez du peu !) au sein du groupe The Dirty Mac (troisième photo), dans le cadre du film « Rock and Roll Circus » consacré aux Rolling Stones, en 1968.

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Outre ses divers interprétations et multiples concerts ou participations à des soirées de gala, Gitlis reste un musicien multi-cartes. C’est ainsi qu’on le retrouve parfois dans des films tel que « L’Histoire d’Adèle H. » de François Truffaut avec Isabelle Adjani, ou comme interprète de la musique du concerto pour violon composée par le génial Vladimir Cosma, pour le film « La septième Cible » (avec Lino Ventura), réalisé par Claude Pinoteau, à qui l’on doit des films comme « Le silencieux » (1973), « La gifle » (1974, avec Lino Ventura et la jeune Isabelle Adjani), « Le grand escogriffe » (1976, avec Yves Montand), « La Boum » (1980), « La Boum 2 » (1982, avec Sophie Marceau, Claude Brasseur, Brigitte Fossey), « L’étudiante » (1988, avec Vincent Lindon et Sophie Marceau) ou encore « Les palmes de Monsieur Schultz » (1997, avec Isabelle Huppert, Charles Berling, Philippe Noiret).

Mais revenons à Ivry Gitlis. Toujours dans le soucis de transmettre et de vulgariser la musique classique, ce génial musicien créé en 2008 une association, « inspiration(s) », justement destinée à vulgariser son apprentissage, auprès du plus grand nombre. Ayant toujours cette image de modèle et d’icône de l’instrument, Gitlis sera le sujet d’un documentaire réalisé pour Arte en 2009, intitulé « Ivry Gitlis, le violon sans frontières ». Titre qui résume parfaitement le parcours, la démarche, la vie de cet infatigable musicien. Ces dernières années, Gitlis, atteint par des soucis de santé, se faisait rare sur scène. Il s’est éteint la nuit de Noël 2020, laissant un catalogue d’interprétations d’oeuvres très riches, qui ravira les mélomanes comme celles et ceux qui le découvriraient seulement.

Je vous laisse avec quelques morceaux qu’il a interprété, et quelques duos superbes, à commencer par celui avec Barbara.

Guillaume.

Les loups s’invitent à la Médiathèque !


L’animal fascine depuis la nuit des temps. Solitaire ou en meute, il se déplace dans de nombreuses contrées, des Pyrénées orientales aux forêts de  la Pologne, du grand nord canadien aux  grands espaces américains.
Longtemps associé au Diable, au Mal, craint par les enfants, redouté par les adultes, notamment les éleveurs de chevaux et de troupeaux de vaches, brebis, moutons, cet animal mystérieux à été et reste encore sujet de légendes, d’histoires, de contes pour les enfants, de films documentaires, de films. C’est pourquoi la médiathèque de Fontenay a décidé de mettre un coup de projecteur sur cet animal mal connu.

Samedi 18 janvier 2020, contrairement à la fameuse chanson de serge Reggiani, les loups n’entreront pas dans Paris mais a la médiathèque de Fontenay, qui accueillera, de 17h à 18h30, la journaliste et auteure Caroline Audibert, pour son livre « Des loups et des hommes » (Editions Plon, 2018), dans le cadre de la manifestation « Les sciences des Livres » (manifestation départementale du Val-de-Marne). Ensuite une vente-signature aura lieu.

Si vous arrivez en avance, vous aurez la possibilité de découvrir l’exposition d’oeuvres lupestres réalisées par Luc Arrigon (peintre calligraphe), Dana Radulescu (graveure),Valérie Stetten (illustratrice) et Vincent François (plasticien), tous membres du collectif d’artistes de La Fonderie, lieu de création artistique pluridisciplinaire située rue de Neuilly à Fontenay-sous-Bois. C’est le début du programme de « La nuit des Bibliothèque »(manifestation culturelle nationale), à laquelle s’associe cette année la médiathèque Louis Aragon.

Dès 19h, le public aura l’occasion d’écouter une « meute de loups »-harmonicistes. Luc Arrignon, homme à l’harmonica (parallèlement à son travail de calligraphe), viendra avec sa meute de louveteaux âgés de 8 à 65 ans, ils feront résonner leurs instruments aux sons des hurlements de loups.

A 20h, pendant une heure et quart, avec « Le Bal des Loups », Virginie Basset et Patric Rochedy nous feront voyager dans l’univers de cet animal méconnu, à la réputation de tueur de troupeaux, parfois solitaire, sauvage. Le spectacle s’adresse à toutes et tous à partir de 10 ans. Puis après le spectacle, de 21h à 22h une rencontre aura lieu autour de la relation de l’homme au loup. A 22h, la meute reviendra nous offrir ses sonorités avant de disparaître dans l’obscurité de la nuit. Parallèlement à la rencontre, des lectures en cabine seront proposées au public (petits et grands) de 21h30 à 23h.

Nous vous attendons donc nombreux, nombreuses pour venir participer à ces moments qui s’annoncent forts joyeux et intéressants. N’oubliez pas de réserver car le nombre de places est limité. Informations et réservations au : 01.49.74.79.60.

En attendant, je vous laisse avec quelques titres évoquant cet animal mystérieux, mais également des extraits de films ou dessins dessins animés, qui parlent de façon romancée, contée, mise en musique, ou portées à l’écran, cet mythique qu’est le loup.

Guillaume.

Stradivarius, l’homme qui inventa LE violon.


Stradivarius. Ce nom aujourd’hui célèbre dans le monde entier, mais surtout dans le monde de la musique classique, désigne habituellement et surtout un instrument précis : Le violon. Car qui détient un stradivarius est en règle générale un(e) instrumentiste de haut vol, un(e) virtuose de l’instrument. Un Stradivarius, pour un violoniste, c’est une sorte de Graal.

Mais d’où vient donc ce nom vous demandez-vous certainement? Il est tout simplement celui de Antonio Giacomo Stradivari alias Stradivarius.  L’homme, qui a vécu à cheval sur le 17ème et le 18ème siècle, fut un luthier qui devint célèbre surtout pour la qualité des violons qu’il confectionna. Loin de se contenter du seul violon (on en compta jusqu’à 600 fabriqués), ce sont également des violoncelles (50), des altos (12) ainsi que des guitares (3) que le Maestro fit naître de ses mains virtuoses.

Sa renommée fait de lui un fournisseur des plus grandes cours d’Europe de l’époque. Elève d’un luthier nommé Antonio Amati, il aurait si bien retenu l’art de son maitre-mentor qu’il s’en inspira fortement dans la manière qu’il a eu de façonner ses instruments. Prolifique, le génial artisan italien a semble-t-il connu plusieurs grandes périodes dans sa carrière de Luthier. Les spécialistes en dénombrent 3 : La première, qui se situe entre 1680 et 1700, est celle où Stradivarius façonne des instruments proches dans leur finalité de ceux de Amati. Ensuite, de 1700 à 1710, la lutherie évoluant, et surtout les musiciens étant amenés à se produire dans des salles de plus en plus grandes, la nécessité d’avoir des instruments aux sonorités plus développées, plus puissantes, se fait jour afin de contenter le public ainsi que les musiciens-musiciennes.

La 3ème période, qui démarre dès 1709, couvrira les années 1725-1727, concidérées comme les plus prolifiques et qualitatives. L’âge d’or du Maitre (Maestro) luthier.

Les 7 dernières années de sa vie (1786-1793), Stradivarius dirigera son atelier soutenu par ses deux fils ainsi que Carlo Bergonsi, son dernier élève. Après son décès, à 93 ans, à Cremone, ville qui l’avait vu naître, ses deux fils continueront son œuvre mais sans le même succès car ils ne possédaient pas le même savoir-faire que leur aîné. De son œuvre, du millier de pièces fabriquées, conçues, ciselées, passées entre les mains du Maestro, il en resterait aujourd’hui environ 700. A ce jour, le plus anciennement daté qui soit connu remonte à 1666, et fut acquis en 1900 par le luthier Charles Paul Serdet.

Aujourd’hui, en ce début de 21ème siècle ultra moderne, connecté, si le métier de luthier existe encore, fort heureusement, la célébrité du nom Stradivarius n’est plus à faire : Yehudi Menuhin, Itzhak Perlman, Maxime Vengerov, Renaud Capuçon. La rareté de l’instrument, sa facture particulière, sa sonorité spécifique, bien que concurrencées aujourd’hui par des violons modernes, font du Stradivarius, à travers ses différents modèles conçus, un instrument très prisé et très cher (on parle ici de plus de 2 millions de $ ).

Je vous laisse en compagnie de quelques-uns des très grands violonistes qui ont eu le privilège rare de jouer sur un Stradivarius  au cours de leur carrière.

Guillaume.

 

Didier Lockwood laisse son violon muet, orphelin.


Il venait tout juste de fêter ses 62 printemps le 11 février dernier. Une semaine plus tard,  sortant de scène après un concert, Didier Lockwood a succombé à une crise cardiaque. Musicien précocement talentueux, entouré d’une famille de musiciens (père violoniste, son frère Francis est un pianiste au talent reconnu), il entre à 13 ans au sein de l’orchestre lyrique du conservatoire de Calais. Bien qu’il fut d’abord attiré par le répertoire classique, c’est finalement vers le jazz, par l’influence de son frère Francis, qu’il se tournera. Repéré ensuite par le violoniste Stéphane Grappelli qui lui propose de l’accompagner en tournée, il va très vite se faire un nom, une réputation, ce qui lui vaudra des collaborations prestigieuses avec de très grands noms du jazz : Dave Brubeck, Gordon Beck, Michel Petrucciani, Miles Davis, Herbie Hancock, Marcus Miller, Elvin Jones, Martial Solal, Aldo Romano, André Ceccarelli ou encore la fratrie Marsalis…. que du beau linge, du talent au kilomètre…. et j’en passe.

En 1974, il intègre le groupe Magma (voir photo ci dessous), qui distille un jazz-rock puissant, plutôt que d’entrer au conservatoire national supérieur de musique et danse de Paris! C’est dire s’il a choisi son chemin!. Par la suite il va fonder un groupe de jazz-rock, DLG… (écoutez le disque DLG, paru en1993, avec Laurent Vernerey, Loic Ponthieux, Jean-Marie Ecay), puis rejoindre les membres de UZEB, groupe canadien formé de Alain Caron, Michel Cusson et Paul Brochu, qui évolue aussi dans la sphère jazz-rock. Il a également accompagné de nombreux artistes français : Claude Nougaro, Barbara, Richard Bohringer, Jacques Higelin ou Mama Béa entre autres.

En France, il va bénéficier de l’aide du label JMS (fondé par Jean-Marie Salhani), et pendant 15 ans, de 1980 à 1995, enregistrer et éditer 14 disques.

Outre qu’il soit un excellent musicien, capable de jouer tous les registres, il est aussi très attentif à la transmission, à la pédagogie de la musique. A cet effet il met en place en 2001, le Centre des musiques improvisées, à Dammarie-Les-Lys. Initiateur d’un festival « Violons croisés » en 2011, toujours dans la même ville, il sera la même année, le parrain d’un festival « Violons et chants du monde » à Calais.

Pour l’avoir vu sur scène en 2006 à Fontenay-sous-Bois, dans le cadre d’un spectacle en duo, intitulé « Le Jazz et la Diva » avec la soprano Caroline Casadesus, j’ai eu l’occasion d’apprécier son talent, son humour, et sa générosité sur scène. Pédagogue autant qu’homme de scène, il avait récemment arpenté la scène du festival de Marciac où il avait fêté ses 40 ans de carrière en 2014, avant d’y revenir l’année dernière.

Reste sa discographie, nombreuse et variée (41 albums publiés entre 1978 et 2017!!), qui permet de rendre compte du talent de Lockwood, et de son insatiable curiosité à se frotter à des univers toujours différents.

Je vous laisse découvrir une petite sélection des univers musicaux « fréquentés » par Didier Lockwood.

Guillaume.

 

 

 

 

 

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