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RIP NIP

Encore une fois le Hip Hop pleure un de ses grands artisans… Malheureusement, en me réveillant le 1er Avril, je lis mes news et crois forcément à un poisson d’Avril ridicule et morbide, mais il n’en est rien, la veille, Nipsey Hussle est assassiné dans son quartier, devant sa boutique. Je ne vais pas refaire l’histoire, vous l’avez sans doute lu, c’était partout la semaine dernière.
Par contre, je me devais de rendre hommage à celui, qui, pour moi, tenait le flambeau de la West Coast avec Kendrick Lamar, Nipsey était non seulement fichu d’un talent fou, mais il était aussi humainement très investi dans sa communauté, un mari et un père de famille fier de ses valeurs et de son quartier.
Musicalement, il avait tous les codes du rap de la côte ouest comme je l’aime, sa musique aurait eu fière allure auprès des classiques de Snoop ou d’Ice Cube, les grosses basses sont là, le flow est parfait et ses textes racontaient parfaitement la vie des jeunes de Crenshaw.
Nipsey était un des rares rappeurs à faire consensus, apprécié de tous et sur le point d’exploser artistiquement après la sortie de son premier disque studio, “Victory lap”, nominé aux Grammy, adoubé par les légendes comme par ceux de sa génération, il nous quitte bien trop tôt.
Après Mac Miller ou XXX tentacion, cette génération, comme celle des 2Pac et Biggie continue de partir trop jeune, il est temps que ça s’arrête et que les artistes rap continuent de nous régaler sur scène plutôt que de tomber sous les balles…
Alors plutôt que d’en faire une nécrologie, je préfère laisser parler sa musique.
HUSSLE IN THE HOUSE
Laurent
Jay Rock the bells!!!
Win Win Win, Fuck everything else, Win Win Win!!! Ma chronique aurait pu s’arrêter là tant j’ai aimé le disque de Jay Rock, une vraie réussite!!! L’album en question, c’est “Redemption”, de nous avoir fait patienter si longtemps peut-être?
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Jay Rock est le premier mc’s de l’écurie TDE (Top Dawg Entertainment), celle-là même qui abrite un certain Kendrick Lamar, mais aussi Schoolboy Q ou encore SZA, dont je vous ai parlé l’an dernier. “Redemption” est donc le 3ème album studio de Jay, après “Follow me home” en 2011 et “90059” il y a 3 ans, le voilà de nouveau sur le devant de la scène. Cet album est selon ses dires, celui qui devait lui faire passer un cap et pour moi, c’est le cas! Premièrement, parce que c’est clairement le premier de ses disques qui bénéficie d’une si grande exposition et parce que l’expérience et les années ont perfectionné son flow si brut et que même si il est toujours le rappeur hadcore qui a porté TDE avec Kendrick à ses débuts, on le sent plus posé sur les beats et la variété de ceux-ci montre que Rock s’autorise à essayer de nouvelles choses et seul un mc sûr de lui et de son talent peut se permettre ce genre de chose quand il est attendu au tournant comme ça.
Pour revenir sur le disque en question, il comporte treize titres et vraiment pas de temps faibles, c’est assez rare pour le mentionner sur un disque au format classique, preuve en est avec la série de sorties de Kanye West sur GOOD music, qui a choisi de réduire à sept titres ou même Black thought qui,lui, n’en a mis que cinq.
“Redemption” nous parle du parcours difficile de Jay Rock, originaire du Watts, l’un des quartiers les plus difficiles de Los Angeles, de la persévérance dont il a dû faire preuve pour arriver là où il est aujourd’hui, des morceaux comme “Osom” avec J.Cole le résume bien. Les singles mis en avant pour lancer le disque ont aussi été choisis à la perfection, les clips également, “Win” dont je chantais le refrain en début de chronique est selon moi, l’un des bangers de l’été, “King’s dead” en featuring avec Kendrick et Future est génial aussi, mais son clip dépasse toutes les attentes, en course pour la vidéo de l’année sans aucun doute et enfin “The bloodiest” n’est pas en reste, même si je le trouve un cran en dessous des deux autres. Je lui préfère deux morceaux en particulier, “ES tales” avec son sample de piécette de Super Mario, qui peut paraître anecdotique, mais qui rend le track vraiment marquant et puis “Knock it off” aussi, l’un des morceaux les plus cools du disque.
On est vraiment gâtés niveau featurings aussi, hormis ceux que j’ai déjà cité plus haut, on retrouve aussi Jeremih, la sublime SZA et un morceau freestyle en duo avec Kendrick Lamar pour “Wow freestyle”.
Alors je conclurais comme j’ai commencé en disant que “Redemption” est un WIN WIN WIN!!!
Laurent.
JonWayne, le Duke du hip hop
Et dire que ce disque aurait bien pu ne jamais voir le jour… “Rap album two”, c’est probablement le nom le plus balourd que l’artiste pouvait donner à son nouvel opus et pourtant, quelle tuerie!!!
L’artiste en question, c’est JonWayne et si vous ne le connaissez pas encore, c’est pas grave, le gars est plutôt du genre discret, malgré son physique de colosse, près de 2 mètres et un bon 120 kilos sur la balance. Ajoutez à ça le style de Hurley dans Lost, les bouclettes, la barbe fournie, JonWayne dénote dans le paysage hip hop et ça a bien failli lui coûter sa carrière.
Après avoir sorti plusieurs mixtapes et des albums studios assez discrets, le nom de JonWayne commence à résonner dans les oreilles des auditeurs de rap et le géant décroche la première partie d’un concert du Wu Tang en 2014, chez lui, en Californie; le rêve!!! Sauf que le public du collectif New Yorkais n’est pas prêt pour le son laid back et introverti de Wayne, pour son look non plus, on est loin de Method man, soyons clair!!! Pendant tout son set, le public le conspue, lui jette des bouteilles, on se croirait au concert d’Urban Peace au stade de France il y a quelques années… JonWayne finit par quitter la scène sans un mot et se replie sur lui-même pendant quelque temps.
Malgré tout, il continue de bosser sur ses sons, même si cette soirée continue de le hanter, il se concentre sur le beatmaking et commence à fréquenter les cercles des rappeurs expérimentaux Californiens, Earl sweatshirt, Tyler the creator etc… Ses beats sonnant plus East coast, ils sont peu demandés par les locaux, bien que son talent soit reconnus par ceux-ci. Il continue donc à rapper dessus et sort un “Rap album one” qui relance sa carrière sur les bons rails, puis nous tease avec la mixtape “JonWayne is retired”, complètement faux!!! En réalité, il bosse déjà sur ce “Rap album two”, sorti en Février 2017, qui lui, est une pure pépite! Un douze titres tout simplement génial, du pur hip hop classique, comme on les aime.
“Rap album two” est un album introspectif sur la vie du rappeur, sa dépression, sa bataille contre l’alcoolisme, bref, c’est pas avec ce disque que vous allez danser cet hiver, mais par contre quel plaisir musical, tout est léché, les rimes de JonWayne sont récitées à la perfection et la simplicité des instrus me rappelle un peu le dernier album de J.Cole “4 your eyez only”, elles sont, cela dit, excellentes!!! Peu de collaborations, hormis DJ Babu, de Dilated peoples ou Danny Watts, le jeune Texan et Zeroh, de la nouvelle scène Californienne.
Alors voilà, si vous osez passer la barrière de l’image de JonWayne, vous allez découvrir un artiste pas facile d’accès, mais bourré de talent et croyez moi, ce n’est surement pas la dernière fois que vous allez chevaucher le nouveau far west avec le cowboy du hip hop.
Laurent
Viens voir le docteur…
Après plus de 15 ans d’attente et de report à répétitions, voici donc (enfin) le 3ème album studio de Dr.Dre. Si en tant que producteur, le docteur du rap US est resté ultra-présent dans les casques (Beats by Dre) des auditeurs de Rap, notamment pour Kendrick Lamar, Eminem et autres, l’artiste, lui a été plus que discret sur la scène rap US. Seuls quelques sons sortis à la sauvette avec ses compères Snoop dogg et Eminem, mais pas grand-chose de plus à se mettre sous la dent.
La sortie du film retraçant l’histoire du groupe N.W.A, « Straight outta Compton » l’an dernier était LE coup marketing pour mettre en avant son film et son album. Et ça a marché, outre atlantique en tout cas, car dans l’hexagone le film a eu un succès plus modeste que l’album. Il faut dire que même si l’histoire reste assez fidèle, Dre et Ice Cube (magnifiquement interprété par son fils) se réservent quand même les beaux rôles et que quelques détails plus obscurs ont été omis. Cela dit, ça ne m’a pas empêché d’aimer le film.
Revenons à la musique, car si l’attente a été longue, ça valait le coup ! L’album est de qualité et s’imbrique parfaitement comme B.O de « Straight outta Compton » malgré la sonorité différente des 2 époques. Comme à son habitude Dre a su s’entourer des meilleurs Mc’s de la côte Ouest avec des featurings de Snoop, The Game Kendrick Lamar ou Eminem, mais aussi quelques talents en devenir comme King Mez, BJ the Chicago Kid ou Marsha Ambrosius, l’ancienne lead de Floetrry.
L’album sonne West Coast, pas de doutes, mais Andre Young, prend quand même des risques avec quelques morceaux presque Rock comme « One shot one kill » où l’on n’avait pas entendu un Snoop aussi tranchant depuis longtemps et aussi du Dub step sur quelques tracks. C’est un opus qui s’écoute sans véritables hits, mais parfaitement orchestré par le docteur. 2 morceaux ressortent malgré tout pour moi : « Talking to my diary », l’introduction du film et «It’s all on me » ou Dre retrace sa carrière en 3minutes 48, que du bonheur !
Laurent
Un disque ni aimable, ni facile
L’été est l’occasion aussi de se remémorer quel est mon album de la mi-année. Sans hésitation, l’album rap de l’année c’est bien sûr To pimp a butterfly de Kendrick Lamar. Sorti au printemps, j’avais hésité à lui consacrer une chronique, étant tellement porté aux nues par les critiques, il était évident que vous ne passeriez pas à côté de ce chef-d’oeuvre. Mais depuis je l’ai écouté, réécouté un nombre de fois incalculable. C’est sûrement le CD de l’année. Ce jeune rappeur californien a sorti son 3ème album et c’est véritablement la marque d’un artiste intelligent et talentueux. C’est un album à la fois politique, social et philosophique, il a des choses à dire, c’est un retour à un rap engagé, reconnecté au quotidien des gens. Grâce à cet éclairage il redonne des repères à la nouvelle génération, des repères musicaux aussi, car c’est un rap, qui revisite le jazz, la funk, la soul…
Des +++ à King Kunta, qui résume à lui seul l’état d’esprit de l’album, +++ aussi à Institutionalized avec Bilal, Anna Wise et Snoop Dogg, et +++ pour le dernier morceau Mortal Man qui évoque les fantômes de Nelson Mandela et de 2PAC.
Un album exceptionnel, mais je suis sûre que vous en étiez déjà convaincus.
Michèle