Voilà c’est fini… !


Avant de vous souhaiter légitimement une belle, douce et heureuse année, remplie de joies musicales et plus largement culturelles, nous tenions à vous dire un mot au sujet de ce blog que nous avons construit, créé, en 2011, et que depuis, où que vous soyez, en France ou dans le monde, vous avez consulté, regardé, lu, avec une attention dont nous ne doutons pas. Oui c’est fini! Mais vous le savez, même les plus belles histoires ont une fin. Celle de ce blog n’y échappe donc pas. Pour paraphraser Jean-Louis Aubert, ancien chanteur-guitariste du groupe de rock français Téléphone, qui publia en 1989 une chanson intitulé « Voilà c’est fini« , figurant sur son album solo « Bleu Blanc Vert », annonçant ainsi la fin du groupe, nous vous annonçons qu’après 10 ans d’existence, puisque créé en septembre 2011 par l’équipe de l’espace musique (Michèle James, Martine Avel, Françoise Manenti, Martine Tassara, Guillaume Salvaing, voire photo avec les émoticônes ci-dessous) de la médiathèque Louis Aragon de Fontenay-sous-Bois, sous la direction de Marie-Odile Dufaure, le blog semelazic.wordpress.com va cesser d’être alimenté en articles à compter du 1er janvier 2022. Ce travail fut ensuite soutenu et encouragé ces dernières années par l’actuelle directrice de la médiathèque, Helena Bricheteau.

Néanmoins, la somme d’articles, de vidéos, de playlists, de biographies, ainsi que toutes les rubriques qui le composent resteront consultables car le lien restera actif. Ainsi, où que vous soyez en France ou dans le monde entier, vous pourrez continuer de venir poser vos yeux et oreilles sur ce blog.

Tout au long des 10 années, l’équipe de l’espace musique, devenue au fil du fil du temps espace musique-cinéma, qui a créé ce blog, s’est évertuée à vous transmettre sa passion, ses coups de coeur, coups de gueule parfois, à partager des événements (concerts, rencontres, expositions), bref à donner envie de découvrir de nouveaux horizons culturels. Merci donc à Michèle, Françoise, Martine, Martine T, puis plus tard à Laurent qui a alimenté avec talent grâce à ses deux rubriques régulières « Soulsections » et Nos Samples Rendez-vous », à Elsa, Carine, Julien, et plus globalement à toute l’équipe de la médiathèque pour leur apport passionné, qualitatif à ce blog, tant au travers d’articles que lors des fameuses playlists thématiques, tout au long de ces années.

Ce blog, créé pour mettre en avant le fonds musical, puis cinématographique, ainsi que les actions culturelles de la médiathèques parfois en lien avec des partenaires institutionnels locaux (Conservatoire, Service Culturel, Associations…) aura donc, outre le fait d’avoir bénéficié d’une visibilité nationale, été exposé à la vue du monde entier, sur les 4 continents (Etats-Unis, Australie, Japon, Thaîlande, Belgique, Suisse pour ne citer quelques exemples…), par la magie d’Internet. Pour cette dernière année d’existence, ce sont près de 7000 personnes ayant générées plus de 13000 vues qui auront eu la curiosité de visiter notre blog. Qu’ils et elles en soient remercié.e.s. Car depuis sa création, la fréquentation a été quasiment exponentielle d’année en année. Merci donc pour cette longue fidélité.

La suite s’écrira désormais sous une une autre forme, à travers le blog de la médiathèque de Fontenay-sous-Bois. Coups de coeur, mise ou retours sur événements ayant eu lieu à la médiathèque, mise en avant de nouveautés…vous retrouverez tout cela.

En attendant, nous vous souhaitons de passer d’excellentes fêtes de fin d’année, dans la joie, la bonne humeur et vous souhaitons une très belle et heureuse année 2022.

L’équipe de la Médiathèque.

Avec « Senjutsu », Iron Maiden remonte au front.


Voilà des mois que les fans, dont j’avoue humblement faire partie depuis que je les ai vu en 1982 à Baltard avec l’intronisation de Bruce Dickinson (ex-chanteur du groupe Samson) comme lead-singer en lieu et place de Paul Di Anno, oui ça fait des mois que j’attendais enfin la sortie, repoussée pour cause de pandémie, du nouvel album de Iron Maiden, groupe issu de la fameuse vague NWBHM dans les années 80, avec Def Leppard, Saxon, Judas Priest). Chose faite enfin le 3 septembre dernier, restait donc à trouver le temps pour écouter, disséquer, analyser cette nouvelle production de la bande à Steve Harris. Je ne m’attarderai pas sur la pochette qui nous offre leur mascotte historique Eddie en version samouraï, dans des tons sombres. Mais comme toujours, le graphisme est très réussi.

Place à la musique donc. Enregistré, comme son prédécesseur « Book of Souls« , à Paris, aux Studios Davout, « Senjutsu » a été mis en boîte en huit semaines pleines, entre deux tournées du « Legacy of the Beast Tour« , qui passera d’ailleurs par Paris l’année prochaine. 2 mois passés enfermés à écrire, composer, enregistrer. Car les membres du groupe voulaient concocter un album plein d’énergie. Volonté qui peut sembler paradoxale lorsqu’on connaît la durée moyenne des morceaux de l’album, 10 minutes environ. Mais cela n’effraie pas la troupe d’Iron Maiden, qui compose dix titres, la plupart estampillés du bassiste Steve Harris, le reste du duo Adrian Smith (guitare)-Bruce Dickinson (chant). Dave Murray, habituellement sollicité pour l’écriture est ici laissé de côté.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est bruce-dickinson2021.jpg

Bon ok, vous dites-vous à ce stade…mais donc il donne quoi le Maiden 2021?. Tout d’abord, il faut signaler qu’il est produit par le même bonhomme que « Book of Souls ». Mais là, d’entrée, moi qui voue un culte absolu à Bruce Dickinson (photo ci-dessus), arrivé en 1982 au sein du groupe (je garde d’ailleurs un souvenir mémorable du concert qu’ils avaient donné à Baltard, le 17 mars de cette année-là) en remplacement de Paul Di Anno, je suis tombé des nues. Sur le morceau-titre de l’album, « Senjutsu », sa voix est très mal mixée, comme si il chantait à la cave, pendant que ses compères jouent au salon. C’est évidemment une déception tant sa voix habituellement si puissante, profonde, surfe sur les mélodies. Là, c’est moins flagrant, moins régulier. Reste que musicalement, ce morceau vous met de suite dans le ton. Iron Maiden est bien de retour. 

Après ce premier long morceau, le sextet anglais mené de main de maître par son bassiste-fondateur Steve Harris nous emmène sur « Stratego » (je vous recommande le clip). D’entrée un gros son, une batterie martelée à souhait par Nicko Mac Brain, puis Dickinson entre en piste, mais clairement, ce qui frappe, c’est sa perte de puissance vocale (à moins que ce ne soit le mixage qui donne cet effet), car pour le reste on reste sur du cousu main, de la belle facture mélodique. Si la triplette de guitaristes  (Gers, Smith, Murray) se régale, et même si effectivement j’éprouve du plaisir à écouter cet album, il ne comporte rien de franchement innovant, surprenant, ce qui faisait la force du groupe jusqu’alors. « Writing on the Wall » écrit par le duo Smith / Dickinson, qui suit (là aussi, voyez le clip), après une intro acoustique, passe en mode électrique. Encore une fois, Dickinson semble chanter de très loin, ne jamais dominer les instruments. C’est dommage. Sur ce morceau, les soli qui sont joués, sont ramassés, mélodieux. Aspect agréable qui a toujours été le sceau du groupe et de ses guitaristes. Puisque la recette intro acoustique puis passage à l’électrique semble leur convenir, les Vierge de Fer semblent enclin à en abuser. Troisième exemple avec « Lost in Lost World ». D’abord la guitare acoustique suivie de la voix de Bruce Dickinson, qui par magie, semble retrouver sa clarté. Deux minutes comme cela avant l’avalanche électrique. Mais là, Dickinson (où la prise de conscience qu’il fallait rééquilibrer les mixages?) semble retrouver son panache éternel, sa force vocale, ses modulations de tonalités dont il régale l’auditeur. Le morceau lance enfin l’album… enfin selon moi. Il dure neuf minutes trente. Une éternité, vous direz-vous, mais depuis quelques années, Iron Maiden a pris l’habitude de composer des morceaux longs (cf. « Book of Soul » ; et bien avant « Hallowed be thy Name ».. « Seventh son of the seventh son »….).

La suite, de « Days of Future Past » au terminal « Hell on Earth », nous propose une panoplie de titres toujours assez longs, mélodieux, avec miraculeusement la voix de Dickinson de retour, ce qui me ravit au plus haut point, même si par moment il va moins haut qu’auparavant (son cancer est passé par là), mais la technique, irréprochable l’aide à compenser et donc il régale toujours. Les morceaux sont de vraies fresques musicales, j’imagine déjà les mises en scène et les illustrations en images, ça va être spectaculaire. Les titres contiennent toujours ces fameux moments de break où l’on passe d’une mélodie à une autre, permettant aux guitaristes de s’exprimer joyeusement. « Darkest Hour » ou « Death of the Cellts » en sont de beaux exemples. L’album s’écoute tranquillement, sans lassitude. Le clou du disque vient, pour moi, avec « The Parchment » et « Hell on Earth », deux sublimes titres, qui symbolisent bien ce qu’est Iron Maiden. Un régal d’écoute. 

Au final, « Senjutsu », nouvel opus de la Vierge de Fer est un bon album, qui contient de belles perles, mais n’est pas le grand disque attendu. L’énergie espérée grâce aux huit semaines d’enregistrements est bien présente. Nul doute que sur scène, celle-ci sera bien rendue. J’attend cela impatiemment.

En tous cas ce disque peut faire passer de beaux moments pendant les fêtes de fin d’année. 

Guillaume.

11 Décembre, Festival Sonore à la médiathèque.


Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est melie-fraisse.jpg

Le 11 décembre prochain, la médiathèque Louis Aragon de Fontenay accueille deux manifestations en lien avec le Festival des Aventuriers, organisé par le service culturel de la Ville. En effet, l’association Sonorium et l’artiste Mélie Fraisse viendront se produire et alimenter en sons divers les murs et salles de la médiathèque.

Tout commencera avec Sonorium, qui donc investira l’espace Musique-Cinéma entre 14h30 et 16h pour une séance de présentation et d’écoute de l’album « Dummy« du groupe de rock britannique Portishead, sorti en 1994. C’est d’ailleurs le tout premier album de ce groupe, sur lequel il est possible d’entendre la voix de la chanteuse Beth Ditto, qui sera plus tard leader-chanteuse du groupe Gossip jusqu’à sa dissolution en 2016. A la fin de l’écoute qui durera une cinquantaine de minutes, le public présent pourra dialoguer avec Julien Bitoun, guitariste, professeur d’histoire du rock à Sciences Po Paris, qui interviendra pour parler du groupe Portishead et de l’album écouté.

A 16h30, c’est donc Mélie Fraisse (photo ci-dessus), finaliste des Jeunes Aventuriers en 2017, qui revient donc à Fontenay et se produira à la médiathèque. Originaire de la ville de Sète, ville chère à Georges Brassens, où elle a fait ses armes, cette chanteuse mélange univers pop et paroles, prendra le relais en salle des Arts, pour un concert d’une heure. Elle présentera son album, son univers sonore et musical. C’est la troisième fois en quatre ans (l’an dernier, pour cause de Covid, le concert prévu avec Troy Von Balthazar avait dû être annulé), que nous recevons un/e artiste programmé/e au Festival des Aventuriers. Auparavant nous avions eu le plaisir de recevoir Estelle Meyer (2019), venue se produire accompagnée d’un pianiste et Agathe Da Rama (2018), chanteuse et harpiste qui était venue avec son quatuor. Les deux artistes s’étaient produites chaque fois devant une salle pleine. De très beaux moments partagés, avec des artistes de talents, dans des univers musicaux très différents.

Par ailleurs, du 3 au 29 décembre, le public pourra admirer une exposition, « D’Aventures en Aventuriers », des photos prises par Quentin Balouzet dans le cadre d’éditions précédentes du festival et sur d’autres scènes hexagonales, ainsi que les dessins réalisés par le carnettiste Gilles Rebechi (membre du collectif Les Carnettistes Tribulants) pour le journal le Petit Aventurier, créé par Rodolphe Graindorge.

L’accès à la prestation de Sonorium comme au concert de Mélie Fraisse, se fait sur réservations obligatoires, les jauges étant limitées. Alors n’hésitez pas, quelques jours avant Noël, offrez-vous une après-midi d’escapade sonore et visuelle.

Pour réserver : 01.49.74.79.60. ou auprès de la billetterie de Fontenay en Scène : 01.71.33.53.35.

La Médiathèque.

Tony Bennett, genèse d’une grande voix.


Tony Bennett. J’ai déjà évoqué ici-même cet immense artiste, chanteur-crooner contemporain de Franck « The Voice » Sinatra, lui-même sujet d’un article sur ce blog. J’ai donc déjà eu l’occasion d’évoquer toute l’admiration que je porte à ce géant du jazz, vu à l’Olympia il y a quelques années (spéciale dédicace à mon ami Florent avec qui j’ai partagé ce grand moment de musique, de jazz) avec son quartet et qui tenait à 91 ans une forme éblouissante. Il vient d’ailleurs de publier la suite de ses duos avec Lady Gaga (photo ci-dessous), dont leur reprise en duo de « My lady is a tramp » est loin de me séduire. Mais ce n’est pas pour ce disque que je vais ici écrire, non c’est pour évoquer la publication du double album intitulé « Five Classic Albums ». En effet, le fan de Bennett, comme celui où celle qui ne connaîtraient pas encore cet artiste, peuvent ici écouter 5 disques : « Tony Bennett Cloud 7 », « The beat of my heart », « Hometown, my town », « In person » et enfin « Tony Bennett-Count Basie swings, Bennett sings », connu aussi sous le titre « Bennett & Basie : Strike up the Band ».

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est ladygagatonybennett.jpg

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est tonybennettcloud7.jpg

Mais commençons par le début, avec « Cloud 7« . Il s’agit, à l’époque, de son premier album studio, en 1955, sur lequel il enregistre des titres puisés dans le catalogue énorme de la musique populaire américaine alors en vigueur entre 1920 et 1960 (ère d’arrivée du rock). Son timbre de voix de crooner y fait merveille, collant parfaitement aux ambiances musicales successives qui lui sont proposées. Le chanteur se révèle être un interprète de grande qualité. On y trouve notamment « I fall in love too easylly », le fameux « My baby just cares for me », repris ensuite par Franck Sinatra, Nina Simone, Nat King Cole, George Michael, Michael Bublé entre autres, et « Old Devil Moon »,  titre aussi chanté par « The Voice », Peggy Lee, Sarah Vaughan, Jamie Cullum, Judy Garland, Rosemary Clooney et interprété en version instrumentale par Miles Davis, Ahmad Jamal, Sonny Rollins ou encore McCoy Tyner. Sur les autres titres de ce disque, la voix de velours, le phrasé précis de Bennett servent parfaitement les orchestrations. Il en va ainsi sur « Love Letters », « Give me the simple life », « While the music plays on ». Avec le swinguant « I can’t believe that you’re in in love with me », le côté crooner ressort et Bennett se lâche, pour notre plus grand bonheur. « Darn that dream », dernier titre de ce premier disque, est une bluette, qui à mon sens n’a guère d’intérêt.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est tonybennettbestofmyheart.jpg

« The beat of my heart » est enregistré deux ans après « Cloud 7 », en 1957. Bennett aborde cet album avec le pianiste anglais Ralph Sharon, qui en sera également arrangeur et producteur. Tous les deux décident de donner une couleur particulière à ce disque en invitant des musiciens comme Chico Hamilton, Art Blakey ou Jo Jones. Cet album démarre fort avec le très joli titre éponyme, sur fond de guitare brésilienne, de percussions, pendant que Bennett s’amuse à chanter sur un rythme très rapide, parfois syncopé. S’en suit « Lazy Afternoon ». Piano, ambiance très calme, le chant domine tout. Une romance, balancée sans effort par ce crooner de grand talent. « Let there be love », un morceau initialement écrit par Nat King Cole, est ici mis en voix par Bennett avec une facilité déconcertante. « Lullaby of Broadway », qui enchaîne, révèle une orchestration basée sur les percussions, de cuivres, et Bennett y chante quasi à cappella. Superbe. Ce titre a également été chanté par Doris Day, Ella Fitzgerald, Dianne Reeves, Franck Sinatra, Ann Richards. Le chaloupant « So beats my heart for you », entre batterie au balais, cuivres et vibraphone, permet encore une fois à Tony Bennett de nous faire entendre son timbre clair, son phrasé classique mais ultra précis. Joli. « Let’s begin », morceau sur un rythme de bebop, un premier temps très semblable à une ballade, s’accélère. Toujours dans le mood de ces morceaux à bravoure vocale, « Love for sale » (voir le duo avec Lady Gaga en fin d’article), est là qui arrive, avec cette longue introduction en presque solo du premier couplet, juste soutenue par un discret piano. Après quoi, on retombe dans une ambiance latino, les percussions latinos et la batterie soutenant le tout remarquablement. « Crazy Rhythm » chanté sur une cadence rapide, fait pour moi partie des morceaux dispensables de cet album. Quand on écoute « Just one of those things », on pense tout de suite aux versions de Billie Holiday, Franck Sinatra, Ella Fitzgerald, ou Diana Krall, George Benson, mais là, de manière très surprenante, Bennett nous offre une version qui démarre sur des percussions, avant de s’emballer et de retrouver la forme classique de l’orchestre de jazz. Cette voie nouvelle explorée, pour déroutante qu’elle soit, est juste magnifique, entre rythmes presque tribaux et classique du jazz. « Army Air Corps song » débute comme les précédents. Décidément ce qui passait pour une nouveauté, devient un tic de répétition qui peut finir par lasser, par gâcher le plaisir. 

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est tonybennetthometownismytown.jpg

« Hometown, my town« , sorti en 1959, toujours avec le complice Ralph Sharon au piano. La pochette donne le ton. Tony Bennett, sur le pont d’un bateau le ramenant à New-York, sa ville natale. Dès les premières notes de « Skysraper blues », donc, finies les escapades latinos, retour aux codes classiques, orchestre, swing, chant calibré sur des mélodies qui ne le sont pas moins. Bennett s’éclate, plaisante, bref, le plaisir du retour sur sa terre natale est ici pleinement exprimé. « Penthouse serenade » qui suit, c’est le morceau très doux par excellence, un morceau de retrouvailles avec sa bien-aimée (sa femme, New-York?, à vous de déterminer). Arrive « All by myself ». Non pas le titre de Céline Dion, avec cette fameuse note haut perchée tant attendue à chaque interprétation. Bel et bien un « All by myself » swinguant, balançant, un écrin de bon jazz, du plaisir en barre, une voix parfaite couvrant ce morceau. « I cover the waterfront », qui débute avec une pluie de violons, puis la voix et la clarinette, reste dans ce que Bennett sait faire de mieux. Ce morceau fut autrefois chanté par Billie Holiday ou Louis Armstrong, Franck Sinatra. « Love is here to stay », avant-dernier titre de cet album, et qui fut interprété par Dexter Gordon, Diana Krall et Tony Bennett en duo, Ella Fitzgerald, Carmen Mac Rae, Billie Holiday, Nat King Cole, Dinah Shore ou encore le pianiste Bill Evans, s’amène ici, sur un pas très swing, une foulée entrainante, tandis que le maestro nous distille son savoir faire vocal avec une aisance désarmante. « The party is over » (La fête est finie).. oui la fête de ce disque se termine avec ce morceau. Entre blues, désenchantement, nostalgie, sur fond de cuivres, de cordes, Bennett nous montre là une palette inhabituelle de sa voix, plaintive sans en faire trop. Superbe.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est tonybennettinperson.jpg

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est countbasie-tonybennett.jpg

Toujours en 1959, Tony Bennett va faire une rencontre artistique importante. En effet il va travailler avec le légendaire musicien, compositeur et chef d’orchestre Count Basie (photo ci-dessus). Ensemble ils enregistrent « In person« . L’histoire de ce disque est spéciale. Prévu pour être enregistré live en mono au Latin Casino de Philadelphie en novembre 1958, il sera finalement réalisé un mois plus tard en studio, sous la houlette du producteur Al Ham, qui souhaitait une version stéréo. De faux applaudissements furent rajoutés. L’accueil reçu fur mitigé, jusqu’à sa ressortie en 1994, en version remixée. Dans son autobiographie publiée en 2007 dont le titre est « The good life » (en référence à sa chanson enregistrée en 1963, sur l’album « I wanna be around », qui est une adaptation du titre « La Belle Vie » écrite en 1962 par Jean Broussole, Jack Reardon et Sacha Distel, photo ci-dessous), Bennett, parlant de cet album, avoue n’avoir jamais compris pourquoi le disque ne fut pas enregistré live comme prévu et lui préfère le second enregistré avec Count Basie et son orchestre « Strike up the band ».

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est sachadistel.jpg

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est tonybennettcountbasie.jpg

Avec « Count Basie swings, Bennett sings » également connu sous le nom de « Strike up the band » ce disque, daté de 1959, est la deuxième collaboration artistique entre Bennett et cette autre légende du jazz qu’est Count Basie. Tout débute par « I’ve grown accustomed to her song », morceau lent à souhait, ambiance romance, cuivres lents, un brin guimauve à mon goût. « Jeepers Creepers » heureusement nous réveille et nous emmène dans les bas-fonds des clubs de jazz, ça swingue, danse, le piano est léger, la rythmique se fait ronde, la voix de Bennett claire, précise. Avec « Growing pains », l’ambiance retombe, s’en remettant au seul talent vocal de Bennett soutenu par les instruments à l’arrière. « Poor little rich girl », ça swingue à nouveau, certes de manière douce et tranquille, quasi feutrée, mais enfin ça s’énerve un peu, les cuivres prenant peu à peu leur place de soutien. « Strike up the Band », qui donne son titre à l’album, est un morceau plein d’énergie, court certes, mais franchement, l’orchestre de Basie se donne à fond, et Bennett n’est pas en reste par dessus. Vient ensuite « Chicago », véritable déclaration à la ville de l’Illinois, située sur le lac Michigan, et dont une des nombreuses célébrités reste le fameux n°23 des Bulls, Mister Michael Jordan. Avec « I’ll guess I’ll have to change my plan », le crooner nous régale de son timbre de voix précis, fluide, clair. Parfois le chanteur donne le sentiment de courir un peu derrière le ryhtme effréné des orchestrations du Count. Mais ça ne reste que très rare. 

Au final, ce coffret est tout de même un régal pour celles et ceux qui aiment le jazz vocal, le swing, les crooners, Tony Bennett, la musique bien orchestrée. Je vous laisse avec une sélection de titres, ainsi que quelques reprises.  

Guillaume.

Freddie Mercury : 24 novembre 1991, la voix de la Reine s’éteint dans la nuit.


De son vrai nom Farrokh Bulsara, né à Stone Town en Tanzanie, en 1946, Freddie Mercury s’est envolé il y a 30 ans, au paradis des chanteurs de rock, le 24 novembre 1991, après avoir révélé par un communiqué la veille au monde entier être atteint du sida, maladie qui avait émergée dans les années 80 et causé depuis beaucoup de décès, faute de remède, de vaccin ou autre solution médicale efficace. Il n’existe d’ailleurs toujours pas de vaccin contre cette maladie, près de 40 après son apparition.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est freddiemercury.jpg

Avant de devenir le chanteur de rock que l’on a connu, le jeune Farrokh Bulsara ( issu du nom de la ville originaire de ses parents, Bulsar), va grandir en Inde, notamment chez sa tante, auprès de qui il poursuit ses études, en 1953. S’il est un bon élève, dans l’école St. Peter Boy’s School où il se trouve, il est attiré par la boxe et par ailleurs comme il obtient de très bons résultats en musique, le proviseur avise ses parents de lui payer des études, parallèlement à ses cours traditionnels. Ce que font ses parents, en payant à leur jeune fils des cours de piano. En plus de cela, Farrokh intègre la chorale de son école et participe aux spectacles. Cinq ans plus tard,  En 1958, alors qu’il fréquente la Saint-Mary High Schiller grâce à en partie à ses qualités musicales, il intègre un groupe de rock, les Hectics, et obtient son surnom de Frederick, puis très vite ce sera Freddie, que ses camarades de classe et même ses parents trouveront plus simple d’usage, à mémoriser. Avec ce groupe, composé de cinq musiciens, il joue principalement du rock’n’roll, surtout du Elvis Presley.

En 1964, après un détour par Zanzibar, puis un départ précipité dû aux évènements locaux qui provoquent la chute du Sultan, aboutissant à la création de l’état de la Tanzanie, Freddie et ses parents rentrent aux Royaume-Uni. Là, vivant près de Heathrow il s’inscrit à l’école polytechnique, bien décidé à poursuivre ses études artistiques, puis découvre successivement Jimi Hendrix, les Beatles, enfin Liza Minnelli dont il admire sa façon de se donner au public sur scène, et continue de chanter Elvis Presley, à qui il rend hommage avec « Crazy little thing called love ». Deux ans plus tard, il essaiera de rentrer au sein du groupe Smile, sans succès. Dans ce groupe, dont il est proche du chanteur, figurent deux noms à retenir : Roger Taylor et Brian May. En 1969, il participe à une tournée des groupe Smile et Ibex. Bientôt Freddie Mercury et Roger Taylor ne se quittent plus. Ainsi jusqu’en 1970, et la création du groupe Queen, Freddie Mercury va-t-il trainer de groupe en groupe.

Freddie Mercury va fonder, au début des années 70’s, le groupe Queen en compagnie de trois autres musiciens : le guitariste Brian May, et le batteur Roger Taylor. Le bassiste John Deacon les rejoindra en 1971. L’anecdote veut que ce soit suite à une audition du groupe Smile, pour le label Mercury records, et pour lequel l’ex chanteur découragé du résultat, a quitté le navire, laissant la place à Freddie Mercury, ce dernier décidant alors unilatéralement de changer le nom du groupe pour devenir Queen. Bientôt la force de ce groupe va résider dans le fait que tous les musiciens sont des auteurs-compositeurs, ce qui va nourrir naturellement le répertoire qu’ils vont élaborer au fil des albums, au fil des années. Là-dessus s’ajoute que Freddie Mercury, qui possède un tessiture vocale très large, et une technique issue de l’opéra, va permettre au groupe de proposer des morceaux dans lesquels il va pouvoir exprimer toute sa palette vocale. Il est notamment l’auteur de plusieurs tubes du groupe, comme « Bohemian Rhapsody », »Love of my life », Somebody to love », « We are the champions », « Don’t stop me now », « Crazy Little thing called love ». Tous ces titres figurent d’ailleurs sur le magnifique live at Wembley de 1986 où Mercury est au sommet de son art vocal et scénique. Je recommande autant la version musicale que vidéo de ce concert car le son y est exceptionnel, l’ambiance incroyable, et l’osmose entre Mercury et le public anglais totale.

Fort de son parcours artistique initial, c’est lui qui dessinera le logo du groupe, avec la lettre Q entouré des quatre signes astrologiques des membres du groupe. Il est aussi, avec ses partenaires, toujours à l’affut de la novation, et notamment dans le domaine visuel, voire vidéo. Les clips sont souvent hauts en couleurs, ou techniquement avant-gardistes. le personnage de Mercury se révèle alors dans toute sa palette de comédie face à la caméra. Il n’est pas seulement compositeur, chanteur, dessinateur, il est également un vrai acteur, n’hésitant pas à se vêtir de tenues excentriques, la vraie figure de proue du groupe.

Dans les années 80, Freddie Mercury et Queen vont connaître un succès grandissant, puis énorme. D’abord, en 1983, Mercury rencontre le musicien-producteur américain Giorgio Moroder qui travaille sur une adaptation de « Metropolis » de Fritz Lang, en colorisant les images et y ajoutant une musique contemporaine. Mercury participe au projet. de là naît la chanson « Love Kills », qui sera le premier single de Mercury en 1984. L’année suivante, 1985, est surtout marquée par un évènement médiatique et musical mondial organisé par un musicien anglais, en faveur des pays africains : Le Live Aid. L’idée est simple, réunir sur scène, à Londres et Philadelphie, le 13 juillet, le gratin des stars anglo-saxonnes du rock et de la pop music. Prouesse technique, prouesse musicale, réussite totale, devant des foules énormes et en mondiovision devant plus de 2 milliards de personnes !! Queen et Mercury assure un show extraordinaire, volant presque la vedette aux autres participants!!

En 1985 il va enregistrer son premier album solo intitulé « Mr. Bad Guy » sur lequel figurent des titres comme « Mr. Bad Guy », « Made in heaven » (qui sera le titre du dernier album de Queen où il apparaîtra), « I was born to love you », et « Living on my own ». Le second album solo, « Barcelona », viendra 3 ans plus tard, et contiendra notamment ce fameux duo avec la cantatrice catalane Montserrat Caballé sur le titre « Barcelona » (photo ci-dessous) enregistré en prévision des prochains JO d’été qui auront lieu en 1992 à Barcelone. Il avait rencontré la cantatrice en 1983, à la suite de l’une de ses prestations dans un opéra. C’est là que l’idée d’un album en duo avait germé.

En 1986, Freddie Mercury et Queen travaillent sur l’album « A kind of magic », qui doit servir de support musical au film « Highlander », avec Christophe Lambert et Sean Connery. L’album sera un véritable succès commercial, une tournée succèdera pour présenter ce disque en Europe. Mais le spectre de la maladie venant gêner de plus en plus Freddie Mercury, le fatiguer, ce sera de fait la dernière tournée du groupe, qui dès lors réfléchit à se produire dans des lieux uniques, de moyennes ou grandes tailles. Le symbole de cela restera bien sûr les concerts de Wembley en 1986, où Mercury donnera sa pleine mesure, faisant chanter la foule du stade et présentant une version sublime de « Bohemian Rhapsody ». Le 9 août, le groupe pour son ultime concert, se produira à Knebworth, arrivant en hélicoptère, comme l’avait fait Elvis Presley lors de son concert à Hawaï en 1973. Le Magic Tour s’avère être un succès, le Live Magic qui en découlera le sera aussi.

En 1987, il enregistre « The Great Pretender », version revisitée du titre des Platters. La vidé qui accompagne ce titre le voit recomposer tout ses personnages des vidéos précédentes réalisées avec Queen ou en solo. C’est aussi cette année-là que son médecin lui annonce qu’il est atteint du sida. L’année d’après, il publie, en duo avec Montserrat Caballé, l’album « Barcelona », qui contient donc ce fameux duo évoqué plus haut. Un moment magique pour celui qui a toujours rêvé de chanter de l’opéra, de se frotter à cet univers musical, lui qui avait des capacités techniques vocales incroyables.

En 1990-1991, lors de l’enregistrement du dernier album du groupe dans sa formation complète, « Innuendo », et alors qu’il est très malade, affaibli, Mercury parvient à chanter plusieurs titres. Sur « Mother Love », Brian May est obligé de chanter le dernier couplet tant Mercury est fatigué, et il enregistre de même « Show must go on ». Inquiet face à l’état de son ami, May lui demande s’ il se sent capable de la chanter, ce à quoi répond Mercury « Bien sûr, mec! ». Et selon May, et tous les témoins de la séance d’enregistrement de ce titre, il a « tout explosé ». Un ultime témoignage vocal pour l’éternité pour ses fans.

En 1995, quatre ans après le décès de Freddie Mercury, les trois membres restant, à savoir Brian May, Roger Taylor et John Deacon, publient un album intitulé « Made in Heaven », qui contient certaines des dernières pistes enregistrées par Mercury en 1991, et des versions de chansons connues du groupe.
Car Freddie Mercury était un peu docteur Jekyll et Mister Hyde. Grand timide, réservé dans la vie quotidienne, en tous cas sur sa vie privée, il était d’une générosité sans pareille sur scène, capable de capter une foule nombreuse tel un magicien. Il avait un charisme incroyable, virevoltant face au public, maîtrisant son art vocal à la perfection.

Le film biopic « Bohemian Rhapsody », sorti en 2018, avec le comédien Rami Malek (que l’on retrouve cette année dans le dernier James Bond « No time to Die ») dans le rôle de Freddie Mercury, avec les participations de Brian May et Roger Taylor, connaîtra un énorme succès mondial et sera couvert de récompenses puisque Malek obtiendra l’oscar du meilleur acteur pour cette performance. Le film est le biopic qui a rapporté le plus d’argent en regard de tous ceux réalisés antérieurement sur d’autres artistes ou groupes. Énorme!
Nul doute que le mélange de la musique de Queen, du personnage de Freddie Mercury, rock star jusqu’ici restée mystérieuse et dont le film lève le voile sur certains aspects de sa carrière, sa vie, en plus de la performance époustouflante de Malek-Mercury, sont autant d’ingrédients qui ont contribué à la renommée de ce biopic.
Freddie Mercury,  comme tous les grands chanteurs de rock, possède un timbre de voix immédiatement reconnaissable, unique. C’est cette voix, qu’il utilisait merveilleusement bien, qu’il nous laisse en héritage, à travers la discographie de son groupe, Queen. Depuis 2011, et après des intérims assurés par Roger Daltrey (Who) puis Paul Rodgers, c’est un certain Adam Lambert qui a repris le micro au sein de La Reine. Plutôt bien d’ailleurs. Mais sans faire oublier Farrokh Bulsara, devenu Freddie Mercury, légende du rock.

Je vous laisse avec un florilège de chansons de cet immense artiste.

Guillaume.

PS : Merci à Philippe Gurel pour son joli dessin de Freddie Mercury.

Muddy Gurdy, le blues venu d’Auvergne.


La pochette d’abord. Photo prise au sommet d’une montagne, montrant une herbe rase, le tout surplombant sans doute un grand vide. En arrière- plan, un vaste horizon. La musique ensuite. Le groupe Muddy Gurdy (« Vielle Boueuse »), vu le nom, la pochette, pourrait être originaire du sud des Etats-Unis. Détrompez-vous! Ce trio est français, originaire de l’Auvergne. Une chanteuse-guitariste de blues en la personne de Tia Gouttebel, un percussionniste spécialiste des rythmes latinos du nom de Marc Glomeau, enfin un joueur de vielle à roue qui n’ignore rien des musiques traditionnelles du centre de la France nommé Gilles Chabenat, avouez que l’attelage est pour le moins étonnant. Pour enregistrer « Homecoming », le trio a pris ses quartiers sur les terres du massif du Sancy, dans le Puy-de-Dôme. Grands espaces, air pur, tranquillité, tout pour travailler sereinement et enregistrer de façon détendue mais sérieuse cet album.

Attardons-nous donc dessus.

L’album démarre par « Lord Help », qui vous prend aux tripes d’entrée et vous fait rentrer dans l’univers de ce groupe aux contours particuliers. Un chant incantatoire, une vielle et une rythmique qui ne sont pas sans évoquer les chants indiens et les ambiances shamaniques. Le ton est clairement donné. Puis surgit « Chain gang », morceau écrit par le grand Sam Cooke, superbe blues tout en subtilité. Bientôt s’en suit le très beau « Down in Mississippi » de JB. Lenoir, qui nous plonge directement dans ces contrées gorgées de blues, de soleil, de poussières, de misères aussi, où il n’était pas rare de voir, au début du 20ème siècle, des bluesmen jouer, assis sur des long-chairs postées sur le perron des maisons en bois dans les états du sud américain. Le jeu de guitare subtil, fin, de Tia Gouttebel, sa voix parfaitement timbrée et légèrement trainante, nous emmènent dans ce blues concocté à la sauce auvergnate. Le tout continue avec « MC’s Boogie » d’excellente facture, un boogie-blues qui roule, avance, vous entraîne, vous choppe, vous donne envie de danser, puis se transforme en mode musical auvergnat. Jusqu’ici, moi qui ne connaissais pas ce groupe français, je suis positivement surpris. « Land’s Song », qui suit, est toujours sur le mode blues, un rien implorant, plaintif, mais toujours de très bonne tenue. « Another Man Done Gone », morceau chanté en anglais puis en français. « Afro briolage » démarre dans un climat vocal qui n’est pas sans évoquer notre Hubert-Félix Thiéfaine national (voix grave, chant dynamique). ce climat électrique, emballé, un peu loufoque, se poursuit jusqu’au bout. « Strange fruit », immortalisée par l’immense Billie Holiday, devenue un standard du jazz repris par Ella Fitzgerald, Nina Simone, Carmen Mc Rae, Sting, Jeff Buckley, Annie Lennox, Betty Lavette, qui évoque ces « étranges fruits » (en parlant des corps pendus qui se balancent pendus aux arbres du sud des Etats-Unis du temps du racisme institutionnel et surtout des actes odieux commis par le KKK). Avec « You gotta move », c’est le blues pur jus qui reprend ses droits, ça sent le bar enfumé, la poussière, l’estrade qui domine le bordel ambiant, où s’ébroue un groupe de blues pour chanter, distraire l’assistance plongées entre bières, engueulades et parties de cartes. Le morceau signé du bluesman Fred McDowell n’a pas pris une ride, et il est ici très bien servi. « Black Madonna », avant-dernier morceau de cet album, démarre en douceur, avant de nous embarquer dans une farandole, de nous faire lever, danser. Temps forts et lents sont alternés. Enfin pour conclure, le trio auvergnat nous déclame un « Tell me you love me » par la voix de sa chanteuse. C’est enjoué, léger, ça résonne comme un air de chanson irlandaise, mais nous sommes bel et bien en Auvergne, territoire de France, et Muddy Gurdy, livre sans faillir un morceau superbe tout comme son album.

Vraiment une belle découverte pour moi. Je vous invite à faire de même. 

Guillaume.

Noa, retour en mode intimiste.


La chanteuse israélo-américaine Noa, apparue sur la scène internationale au début des années 90’s, s’est rendue célèbre avec sa chanson « I don’t know« , parue en 1994. Elle se fera connaître en France par le biais de l’émission « Taratata » animée par Nagui, en septembre 1995. Son timbre de voix haut perché, sa musique qui mélange savamment orient et influences pop occidentale vont faire mouche à l’époque.
Depuis elle a mené une belle carrière, enregistrant notamment en 1997, la version originale de la comédie musicale « Notre Dame de Paris « , en reprenant le rôle d’Esmeralda. En 1999, avec Eric Serra, elle écrit la chanson « My heart calling », pour la bande originale du film de Luc Besson, Jeanne D’Arc. Bref, elle ne chôme pas, croule sous les belles propositions.

Jusqu’à ce nouvel album, « Afterallogy », sorti cette année, où accompagnée du seul guitariste Gil Dor, elle revisite des classiques du répertoire jazz. Tout démarre par un « My funny Valentine » aérien, portée par la voix cristalline de Noa, soutenue par le phrasé léger de Gil Dor. Après cette entrée en matière, c’est le très beau « This Masquerade », servi de façon élégante par la voix de Noa qui déboule. Après ça, vient pour moi le premier morceau de bravoure du disque avec « Anything goes », morceau composé par Cole Porter, interprétée autrefois par Ella Fitzgerald, puis Stan Getz et Gerry Mulligan en version instrumentale en 1957, avant que Tony Bennett, avec le Count Basie Orchestra en 1959 n’en donne sa version chantée. Il renouvellera l’expérience en 1994, avec Lady Gaga, ce qui sera le premier duo de leur album « Cheek to Cheek ». Donc vous le voyez ce morceau a connu de belles interprétations avant celle de Noa ici. Après quoi la belle chanteuse nous entonne « Oh Lord », complainte en langue hébreu. Ici, la sobriété du jeu de Gil Dor s’accommode très bien de ce titre, de ce langage.

Jusqu’ici nous sommes comme dans une conversation intime avec cette artiste, au coin du feu, ou dans un bar, à la lumière tamisée des lampes restantes, offrant intimité, proximité. Le dialogue initié entre la guitare et la voix renforce cet effet évidemment. Cette sensation continue de s’exprimer avec « But beautiful », également enregistrée par Billie Holiday, Joe Pass, Tonny Bennett et Lady Gaga. Arrive alors le bien nommé « Something’s coming », initialement écrit pour le film-comédie musicale « West Side Story » aux 10 Oscars en 1961, avec George Chakiris (Nardo), Natalie Wood (Maria), Richard Beynner (Tony, amoureux de Maria) entre autres…). Le disque se déroule tranquillement, ici nous appelant à rentrer à la maison  avec « Calling home » puis la belle brune nous chante « Darn that Dream », autrefois joué par le saxophoniste Dexter Gordon, le pianiste Ahmad Jamal ou encore Benny Goodman and his Orchestra. Bref de glorieux prédécesseurs. « Lush Life » nous arrive alors en pleine face, un écrin de pureté, un joyau, une moment de grâce vocale. Noa semble se régaler à interpréter ce registre jazz en mode guitare-voix. Ce dialogue intime, épuré, lui plaît. Ce titre lui aussi a fait l’objet de nombreuses versions. Les plus marquantes étant celles de John Coltrane, Nancy Wilson, Bud Powell, Rickie Lee Jones, Natalie Cole, Queen Latifah, Kurt Elling ou bien encore le duo Bennett-Gaga. Pour  ce disque tout en subtilité, Gil Dor a composé « Waltz for Neta ». Magnifique. Et pour clore ce dialogue, Noa et Dor nous jouent un « Every time we say goodbye », autre morceau de Cole Porter, en toute simplicité, légèreté, retenue. De la haute couture. Très beau.

Je vous conseille donc de ne pas attendre pour écouter ce disque. 

Guillaume.

Foghat, le blues-rock en étendard.


Ce groupe de blues-rock anglais voit le jour à Londres, en 1970, dans le sillage du british blues boom initié par un certain John Mayall et ses Bluesbreakers (traité dans ces colonnes) dans la deuxième partie des années 60. Le groupe, est alors composé de Dave Peverett, guitariste et chanteur, Roger Earl aux percussions, Tony Stevens à la basse. Bientôt viendra s’ajouter Rod Price à la guitare slide. Le premier album studio du groupe, sobrement intitulé « Foghat », paraît en 1972, avec la fameuse chanson « I just want to make love to you », qui sera repris par Willie Dixon. Produisant un blues-rock d’excellente facture, à la fois mélodique et puissant, Foghat traverse sans problèmes les 70’s, les 80’s, accumulant succès d’albums et tournées triomphales.

Puis viendra le temps des vicissitudes liées aux relations humaines, à la lassitude, à l’envie de faire autre chose. Le line-up du groupe change, évolue. Comble de cette évolution, le public se verra bientôt offrir deux versions de Foghat, l’originale et une dérivée formée par les membres qui ont qui ont quitté le bateau. En effet Peverett, membre fondateur, voyant les ventes décliner au cours de la décennie 80-90, quitte la formation originale, monte sa propre version de Foghat, en compagnie du guitariste Bryan Bassett. Deux Foghat en tournée simultanément ! Situation aussi cocasse qu’ubuesque. Finalement, tout ce joli monde va se réunir en 1993 et sortir un album titré  » The return of the Boogie Men », en 1994. Tout un programme. Depuis ce temps-là, le groupe publie régulièrement des albums, jusqu’à « Family Joules », sorti en 2003. Arrêtons-nous justement sur ce dernier opus.

Il s’agit à cette époque du 14ème album studio enregistré par le groupe, mais c’est le premier sans son membre fondateur, la décennie s’ouvrant funestement pour le groupe puisque Dave Peverett, décède en 2000 suite à un cancer des reins. Il sera remplacé par Charlie Huhn (chant, guitare rythmique) 5 ans plus tard c’est Rod Price qui s’éteint à son tour, suite à une crise cardiaque. Il est lui aussi remplacé par Bryan Bassett. Le groupe survit, se relève, et repart sur la route. Entre ces deux dates funestes, sort donc ce « Family Joules« , en 2003.  

Dès le début, avec « Mumbo Jumbo », on est plongé dans l’ambiance du bon vieux blues-rock chers aux groupes anglo-saxons, mais qui sonne comme du blues-rock fabriqué dans les états du sud américain. Ca tourne rond, c’est carré. Une rythmique bien en place, une voix posée comme il faut, un peu éraillée, le ton est donné. On dirait du ZZ Top, du Blackfoot, mais non, c’est du Foghat pur jus. Ca sonne juste, c’est puissant.
Ça s’enchaîne avec deux beaux morceaux, « Hero to Zero » et « Thames Delta Blues ». Si le premier fait un peu penser au Foreigner des premiers temps, le second nous embarque vers le sud des Etats-Unis, son blues bien gras, ses guitares dobros, avec des groupes tels que Lynyrd Skynyrd ou Allman Brothers Band, mais aussi Tony Joe White. Bref c’est un régal. Après un « flat busted » sans grand intérêt, arrive le slow de l’album avec « I feel fine ». Un joli titre avec en plus un solo de guitare tout en mode plaintif, sublime. Vient ensuite pour redémarrer, le tonitruant « I’m a rock’n’roller ». Ca commence poignée dans le coin et ça va jusqu’au bout sans faiblir, le chanteur s’en donnant à coeur joie. S’en suit « Long train coming », aux accents rythmiques zeppelinien voir faisant penser à Aerosmith, surtout au niveau de la guitare. très plaisant. « Looking for you », qui démarre sur une ligne de basse, puis fait place à un morceau qui tourne bien rond, une mécanique bien huilée. C’est précis, lourd, ça avance sans fioritures. « Sex with the Ex », sorte de ballade bluesy un peu peu appuyée, est très bien exécutée. « Self Medicated » est un titre fait ^pour la scène, avec ses breaks de batteries, qui appelleront sans doute le public à se manifester sur injonction du chanteur. Pour finir cet album, les membres de Foghat offrent puis enchaînent « Mean Voodoo woman », un blues-rock bien appuyé, puis enfin le superbe « Voodoo Woman Blues », adaptation du titre écrit par le jazzman Jay Mac Shann en 1945. 

En conclusion, je dirai que « Family Joules » est un bon album, certes sans énormes surprises, mais qui recèle tout de même d’excellents morceaux qui feront le bonheur des amateurs de blues-rock. Je vous en ai choisi quatre.

Guillaume.

Il était une fois… 1993!


L’année débute par l’affaire Jean-Claude Roman, faux médecin, qui, sur le point d’être découvert, assassinera sa famille. Plus réjouissant, la sortie du film « Les Visiteurs » avec Jean Reno, Christian Clavier et Valérie Lemercier, qui fera un carton. Sans rapport, un loi sur la moralisation de la vie politique et contre la corruption est votée. Le 31 janvier, création de la course à la voile Trophée Jules-Vernes, tour du monde en équipage sans escale. Février démarre par la révélation du prêt sans intérêt de 1million de francs à Pierre Bérégovoy, premier ministre, par l’industriel Roger-Patrice Pelat, proche de François Mitterrand. Dans l’affaire du sang contaminé, Fabius et sa ministre Georgina Dufoix ne seront pas condamnés. En mars, la France compte 3 millions de chômeurs. C’est aussi le début d’une seconde cohabitation avec Édouard Balladur premier ministre. Le club de basket de Limoges CSP devient le premier à décrocher une coupe d’Europe en battant les italiens de Trévise. Bruno Peyron remporte le trophée Jules-Vernes en 79 jours. Mai démarre par un coup de théâtre avec la mort par suicide de Pierre Bérégovoy, à Nevers. Le même mois, l’OM devient champion d’Europe face au grand Milan AC, grâce à Basile Boli (photo ci -dessus, brandissant la coupe d’Europe, aux côtés de Rudi Völler et Pascal Olmeta), deux ans après la finale perdue à Bari contre l’Etoile Rouge de Belgrade. En novembre, suite à la défaite et à l’élimination de la France face à la Bulgarie, Gérard Houiller démissionnera et sera remplacé par Aimé Jacquet. Par ailleurs, Alain Prost sera sacré champion du monde de formule 1, Miguel Indurain remporte son 3ème tour de France. 

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est romanebohringer93.jpg

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est federicofellini93.jpg

A la rubrique nécrologique, on trouve cette année-là les chanteurs Léo Ferré, Eddie Constantine, les réalisateurs Cyril Collard, récompensé aux Césars pour son film « Les Nuits fauves » avec la jeune Romane Bohringer, qui obtiendra le César de la meilleure espoir féminine (photo ci-dessus), et Federico Fellini (deuxième photo ci-dessus), à qui l’on doit tant de chefs d’oeuvres (« La Strada », « Les nuits de Cabiria », « 8 et demie », « Amarcord », « Ginger et Fred », « Intervista »…) l’écrivain William Golding, les acteurs Bill Bixby (série télévisée « Hulk »), Stewart Granger, Brandon Lee (fils de Bruce), River Phoenix (frère de Joachim), Don Ameche (aperçu notamment dans « Un fauteuil pour 2 », comédie avec Dan Aykroyd, Eddy Murphy et Jamie Lee Curtis, réalisée en 1984 par John Landis), enfin le musicien-guitariste-chanteur-producteur Frank Zappa (photo ci-dessous).

Place à l’histoire inventée. 

Quatre amis, deux garçons et deux filles, prénommés respectivement Jacques, Serge, Amanda et Ginger, féru.es de nature, de volcanologie en particulier, décident de partirent en Islande, terre de volcans endormis ou en activités. L’Islande offre des décors à couper le souffle, avec ses vallées escarpées, ses geysers, et donc ses montagnes cachant parfois des monstres endormis depuis des lustres ou bien ayant décidé de se réveiller et d’offrir un spectacle merveilleux aux yeux des néophytes comme des spécialistes.
C’est le cas du volcan Fagradalsfjall, situé dans la péninsule nord de l’île, endormi depuis huit siècles, s’est brutalement réveillé cet été là, pour déverser jours et semaines durant des torrents de lave en fusion. De quoi réjouir les amateurs, intéresser les scientifiques islandais comme mondiaux et inquiéter un peu les habitants des villes avoisinantes. Jacques, Serge, Amanda et Ginger, à l’annonce de cette nouvelle, se sont immédiatement rendus sur place pour constater par eux-mêmes le spectacle brutal et somptueux de la nature en mouvement, de la Terre qui gronde et fait rejaillir en surface ses trop pleins de lave enfouie à des kilomètres sous nos pieds.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est volcanislandais.jpg


Arrivés sur les lieux, le spectacle qui s’offre à leurs yeux est ahurissant. Le volcan crache des kilomètres de lave sans discontinuer. Elle est liquide,  incandescente, qui file à vive allure sur les flancs environnants, pour se diriger vers une vallée heureusement inhabitée. Cela dure pendant des heures chaque jours. Nos quatre joyeux lurons, comme les scientifiques présents devant cette manifestation de la nature, en ont le souffle coupé. Aussitôt, Jacques Serge Amanda et Ginger décident de réaliser un reportage sur ce qu’ils découvrent au quotidien, grâce au réveil du monstre endormi  depuis 800 ans. Ils se répartissent en deux binômes. Jacques sera avec Ginger, Serge avec Amanda. Au programme, dessins, photos, et petits films. Ginger se chargera de réaliser le montage. Le tout pouvant servir à une future exposition pour des scolaires comme pour des adultes. Pour réaliser cette collecte d’informations et de témoignages, nos quatre apprentis volcanologues se donnent un mois.

Les premiers jours sont riches en enseignements, en collectes d’informations, ce qui rend heureux le quatuor, qui chaque soir, devant un bon plat local prend soin de débriefer, dans une ambiance chaleureuse, festive. Si la première semaine s’avère donc fructueuse, il n’en sera pas de même pour la suivante, car le ciel trop bas et un brouillard épais empêchent toutes sorties intéressantes. Le moral est en berne chez nos quatre jeunes fans de volcans. Ginger surtout est affectée. Car sans matière, pas de film à monter, et du coup un projet qui devient bancal, difficile à vendre plus tard.

Heureusement, localement, la météo tourne vite et s’annonce radieuse pour les 10 jours qui viennent. Pas de temps à perdre, Jacques, Serge, Amanda et Ginger repartent gaillardement sur les pentes du monstre réveillé, le moral gonflé à bloc. Les binômes se déforment et chacun repart en prospection d’échantillons de lave, de plantes, ou tout autre éléments pouvant servir leur projet. Chaque jour qui passe est une mine d’or. Le projet prend corps et bientôt nos quatre aventuriers croulent sous une masse informative. Il va falloir trier, inventorier, ranger tout cela. Jacques s’y collera. Amanda et Serge se chargeant de prendre des notes et commencer un story-telling pour le film que montera Ginger.

La troisième semaine, sera consacrée à ce premier inventaire des notes prises et des choses collectées sur le terrain. Un débroussaillage en somme. Ça commence le matin après le café de rigueur et se termine le soir, entre plaisanteries et verres de vin. Nos quatre larrons sont efficaces, concentrés. Tout avance comme prévu. L’étiquetage fait, les annotations précisées, le tri effectué méticuleusement, le rangement ordonné précieusement. A la fin de cette semaine-là, Jacques, Amanda, Serge et Ginger sont exténué.es mais satisfait.es. du travail mené ensemble. L’heure est au repos, à profiter de Reykjavik, car la dernière semaine sera chargée. Descendus dans un restaurant du centre ville, les quatre aventuriers se détendent en mangeant et buvant de bon aloi.

La quatrième et dernière semaine, annoncée dense, le sera. Entre derniers prélèvements effectués sur le terrain, rendez-vous à honorer avec des spécialistes pour étoffer le film documentaire, re-tri, re-étiquetage, et le dernier soir, les valises à faire, prendre l’avion et rentrer en France. Ce calendrier chargé n’effraie pas les 4 ami.es. Tout le monde s’y met. Passionnément. Intensément. Avec rigueur et efficacité. Les interviews réalisées s’avèrent très intéressantes. Du pain béni pour le projet. Ginger est heureuse, rayonne, son montage futur se fait jour dans sa tête. Les derniers jours défilent vite. Trop. Déjà vendredi soir arrive. Valises bouclées. Dernier repas en commun, derniers fous rires, verres de vin, échanges sur la vie, le monde.

Samedi matin, 10h, aéroport de Reykjavik. Vol pour Paris. L’émotion est palpable car tous savent qu’à Paris la vie va reprendre et leurs chemins momentanément les séparer. La buée est dans les regards, les accolades longues, fortes. Arrivé.es à Paris à 13h30, Jacques Serge Amanda et Ginger se dirigent pour récupérer leurs bagages. Sans un mot ou presque. Les yeux parlent. Bagages repris, de nouvelles étreintes fortes et longues sont partagées. De courts mots échangés. Ginger, la plus sensible des 4, s’effondre en larmes dans les bras d’Amanda. Jacques et Serge, hommes pudiques, ne se disent pas grand chose, mais les gestes parlent.
Comme disait le poète : « chacun sa route,  chacun son chemin ». Ayant partagé une formidable aventure humaine, écologique, scientifique, le quatuor se disperse. Jusqu’aux prochaines retrouvailles. Car le projet n’est pas terminé.

Guillaume.

The Firm, seconde vie de Jimmy Page après le Zeppelin.


Groupe de hard rock britannique formé en 1984 par le guitariste anglais Jimmy Page (ex-membre du fameux Led Zeppelin composé de Robert Plant, John Bonham et John Paul Jones), et le chanteur Paul Rodgers (ex Free, Bad Company, on le retrouvera furtivement plus tard au sein de Queen, après le décès de Freddie Mercury ), auxquels se sont adjoints le batteur Chris Slade (qui a officié derrière David Gilmour, Gary Moore, au sein de Asia, Uriah Heep et AC/DC) et le bassiste-claviériste Tony Franklin. Bref du très très lourd. Parfois, les groupes montés de toutes pièces avec de grands noms peuvent déboucher sur une vraie déception. Mais dans le cas présent, pas de ça. Jimmy Page est au meilleur de sa forme, revenu des limbes de ses doutes, et d’une période longue sans grande activité post-zeppelinienne. Lui qui est d’ordinaire si prompt aux collaborations artistiques dès lors que la qualité est au rendez-vous, lui qui est considéré comme l’un des 5 meilleurs guitariste britanniques avec Père Townsend, Eric Clapton, Jeff Beck et Brian May, a traversé une période creuse entre 1974 et 1984. Dix ans de désert musical, de silence, d’absence de la scène, marqué très fortement par le décès à son domicile de John Bonham, suite à une soirée trop arrosée. Traumatisés, les membres de Led Zeppelin décident de tout arrêter. En 1984, tout repart. Page donne quelques concerts ici et là, avec deux compères, Jeff Beck et Robert Plant, ils se produisent sous le nom des Honeydrippers, connaissent un succès avec la reprise de « Sea of love » de Phil Phillips. Ce titre sera aussi au centre du film « Mélodie pour un meutrre » de Harold Becker en 1989 avec Al Pacino, Helen Barkin, John Goodman.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est paul-rodgers.jpg

Mais revenons à Jimmy Page. Une jam-session le réunissant aux côtés de Stevie Winwood, Eric Clapton, Jeff Beck, enregistrée pour la bande don du film « Le justicier de New-York » va le remettre en selle, courant 1984. Dans la foulée en 1985, il rejoint Paul Rodgers (photo ci-dessus), chanteur de Bad Company, et le groupe Free, pour former avec eux The Firm. Avec ce groupe-là il enregistre deux disques, « The Firm », suivi de « Mean Business » en 1986. Bon, le décor est planté, intéressons nous donc à ce « Live à Oakland », daté de 1985, qui porte l’avantage de nous offrir deux disques pour nous régaler, enfin espérons-le. Le premier disque débute sur un air de musique classique (hymne national?), vite enchaîné par « Closer », au rythme saccadé, au son un brin sourd (le mixage d’époque passe mal dans nos oreilles d’aujourd’hui, habituées à un son plus rond, plus chaud). La voix de Paul Rodgers se fait forcée, (mauvaise) habitude de chant de l’époque. Puis, après un « City sirens » moyen, vient « Make or break », un titre que n’auraient pas renié Led Zeppelin ou Deep Purple. Page se régale à distiller ses soli. C’est ensuite « Morning After », composé comme le précédent par Paul Rodgers. Là encore ça sent le rock efficace, mais rien de génial à se mettre sous la dent. Arrivent ensuite deux compositions signées du duo Page-Rodgers, « Together », « Cadillac ». Le premier, dans la lignée des titres qui l’ont précédé, efficace soit-il, ne renverse pas la table. Seul Page me régale. C’est dire. « Cadillac », qui n’a rien à voir avec la chanson de Johnny, signée Michel Berger, qui rendait hommage au constructeur de voiture, parti de France s’installer aux Etats-Unis au début du 20ème siècle, oui donc cette chanson, s’avère poussive. Le chant de Rodgers est vraiment difficile à supporter. Tout en force. Vient alors une pause bienvenue avec l’adaptation d’un prélude de Chopin, par le talentueux guitariste anglais. Derrière, on est reparti pour 3 compositions estampillées Rodgers. « Radioactive », »Live in peace », » You’ve lost that lovin’ feeling ». Avec le premier, enfin il se passe quelque chose, c’est enlevé, enjoué, des percussions s’en mêlent, bref là je m’ennuie pas. Pour le suivant, on est sur le registre du morceau planant, guitare au jeu minimaliste. Mais ça fonctionne. Pour le troisième, ça flirte avec la chanson folk électrique, et ce chant toujours aussi plat. Sans couleurs ni variations. Pénible pour moi. Ainsi se termine la première partie de ce double live. Pour le moment, à ce stade, je suis pas franchement convaincu du bien-fondé de la réunion de ce super groupe.

Voyons ce que réserve la deuxième partie. Elle démarre par « The Chase », composé par Jimmy Page, sorte de morceau totalement barré, qui hésite entre le rock, les envolées lyriques un brin psychédéliques. Bref une entrée en matière étrange, menée par le sorcier Page et sa six-cordes. La suite, c’est un solo de Page pendant plus de 4 minutes trente. Un peu barré, spatial, habité. Le maestro se et nous régale. Vient après cela le solo de batterie de Chris Slade, qui étale sa maîtrise pendant six minutes. Passés ces deux moments de détente, nous voilà replonger dans le coeur du sujet avec une reprise très particulière du titre de Willie Dixon « I just want to make love to you ». Vraiment Rodgers n’a pas la voix pour cela, ça ne fonctionne pas. Manque de feeling, de profondeur. Page lui, se promène. Après ce pensum, Rodgers retourne à ce qu’il fait de mieux, chanter dans son registre, offrant un « Full Circle » convainquant. Puis il enchaîne avec « Simone to love, », coécrit avec Page. C’est sans surprise. Slade et Franklin tiennent bon la baraque, Page s’occupe des cordes, Rodgers se débrouille avec le reste. « Cut loose » déboule sur un tempo qui me fait dire que je vais peut-être enfin trouver la perle rare de ce disque. Ça avance fort, boogie-rock mélangé à la sauce hard version Page. C’est pas mal du tout. « Boogie Mama », un blues pur jus débarque. Si entendre Page jouer du blues est un plaisir non dissimulé, pour une fois Rodgers s’en tire plutôt pas mal. Le morceau, parti lentement, s’emballe, et le chanteur pour une fois tient le pavé (expression cycliste dédiée aux amoureux de Paris-Roubaix) et livre une belle prestation. Le disque se termine sur une version hélas tronquée du « Everybody need somebody to love », morceau de Solomon Burke publié en 1964, qui sera repris et immortalisé par les Blues Brothers (John Belushi, Dan Aykroyd), dans le film « Blues Brothers » sorti en 1980, réalisé par John Landis (également réalisateur des clips « Thriller » et « Black or white » pour Michael Jackson« ). Au final, ce double live au son très inégal n’a pour moi d’intérêt que d’écouter Jimmy Page jouer à la guitare, ce qui je vous le concède, fait peu. Bien sûr il y a deux, trois pépites, mais sur deux disques, c’est vraiment trop peu.

Les inconditionnels de Paul Rodgers m’en voudront d’égratigner leur idole, mais pour moi à côté de Robert Plant, Ian Gillan ou David Coverdale, voire d’un Bruce Dickinson, il fait trop pâle figure. Je reparlerai d’ailleurs très bientôt des trois derniers cités, puisqu’ après le nouveau Iron Maiden « Senjustsu » paru le 3 septembre dernier, Deep Purple va publier en novembre un album de reprises, et Whitesnake entame son ultime tournée, David Coverdale ayant décidé, à 69 ans, de tirer le rideau sur sa carrière scénique au devant du Serpent Blanc. Alors oui, pour les courageux et les nostalgiques, ce disque, bien que dispensable, reste écoutable. Tentez votre chance.

Guillaume.

Monsieur Montand aurait eu 100 ans!



Né le 13 octobre 1921 à Monsummano Temme (Italie), de son vrai nom Ivo Livi. La légende veut que suite à un appel de sa mère  » Ivo, Monta… », le jeune Livi décide de transformer son nom en Montand. Ce grand gaillard a grandi dans un quartier pauvre de Marseille, lorsque ses parents ont fuit l’Italie fasciste de Mussolini en 1922. Dernier d’une fratrie de 3, avec une soeur et un frère aînés, le jeune Ivo se passionne très tôt pour le cinéma, surtout les comédies musicales américaines, Fred Astaire, les numéros de claquettes. Puis il se met à chanter dans les bars marseillais, avant de partir en tournées dans la région. Il se fait une réputation et bientôt monte à Paris, où Edith Piaf l’accueille et l’aide à devenir une vedette du music-hall parisien, français, grâce notamment à des chansons comme « Les feuilles mortes », « C’est si bon », « La bicyclette ». Yves Montand, fort de ce succès scénique, qui va perdurer ensuite dans les années 70, 80, toujours accompagné de son fidèle pianiste Bob Castella, avant de décliner dans la décennie 90, va publier 19 albums entre 1952 et 1997. En 1962, il publie un album consacré à textes de Jacques Prévert, puis en 1984, il récidive en se penchant cette fois-ci sur le parolier et poète David Mac Neill. En 1988, il sort l’album « 3 places pour le 26 », qui sert de bande originale au film de Jacques Demy. Chacune de ses apparitions scéniques, à l’Olympia, est un triomphe.

Parallèlement à sa carrière de chanteur-danseur, Yves Montand va se diriger naturellement vers le cinéma. C’est Marcel Blistène dans « Étoile sans lumière « (avec Edith Piaf, Serge Reggiani, 1944) qui lui donnera sa chance, puis Marcel Carné fera de même en l’engageant, en 1946 dans « Les portes de la nuit ». Malgré tout ce n’est qu’en 1953, qu’il décroche son premier grand rôle dans « Le salaire de la peur », aux côtés de Charles Vanel, Vera Clouzot, Peter Van Eyck, Dario Moreno. Le film est un triomphe, multi-récompensé, sa prestation remarquée, carrière lancée. Suite à ce succès, Montand décide pourtant de se diriger vers les planches où il jouera « Les sorcières de Salem » (1955). Fort de ce succès, il part aux Etats-Unis, à Broadway, temple de la comédie musicale américaine, pour y tourner « le Milliardaire  » (1960) aux côtés de la star Marylin Monroe. Revenu de cette expérience américaine, il tourne « Paris brûle t-il » de René Clément en 1966, aux côtés du gratin du cinéma américain tel que Orson Welles, Kirk Douglas, Glenn Ford, Anthony Perkins, et d’autres acteurs français comme Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Simone Signoret (photo ci-dessous), Pierre Dux, Bruno Cremer, puis fera 3 films avec Costa-Gavras, « Z » (1969), « L’Aveu » (1969), »État de siège »(1972). A chaque fois, le succès critique est unanime. Entretemps, en 1970, on retrouve Montand à l’affiche du « Cercle Rouge » de Jean-Pierre Melville, avec Alain Delon et Bourvil comme partenaires, puis en 1971, il joue dans une comédie qui deviendra un classique plus tard. En effet, « La folie des grandeurs », de Gérard Oury, avec Louis de Funès est un triomphe. La légende raconte que l’entente entre les deux acteurs n’était pas au top sur le plateau de tournage entre les prises.

Dès lors, acteur reconnu, Yves Montand va engager les années 70 et 80 en tournant auprès des plus grands talents du cinéma français, qu’ils soient réalisateurs, acteurs, actrices. En effet, devenu un acteur majeur du cinéma français, Yves Montand se voit proposer de tourner avec Claude Sautet (photo ci-dessous, »César et Rosalie », avec Romy Schneider et Samy Frey ; « Garçon ! », avec Nicole Garcia Jacques Villeret, Marie Dubois, Bernard Fresson, Clémentine Célarié), Jean-Paul Rappeneau (« Le sauvage », avec Catherine Deneuve ; « Tout feu tout flamme », avec Isabelle Adjani, Alain Souchon, Lauren Hutton entre autres), Alain Corneau (« Le choix des armes », avec Catherine Deneuve et Gérard Depardieu ; « Police Python 357 », avec Alain Delon, Simone Signoret, François Perrier…), Pierre Granier-Deferre (« Le fils », avec Frédéric de Pasquale, Léa Massari, Marcel Bozzuffi), Yves Robert (« Vincent François Paul et les autres », avec Michel Piccoli, Serge Reggiani, Gérard Depardieu, Marie Dubois). Sacré panel d’univers.

Après une pause loin des plateaux de cinéma, il revient en 1986 interpréter magistralement le personnage du Papet (photo du dessus) dans le diptyque « Jean de Florette » et « Manon des sources », superbement filmé par Claude Berri. Ces deux films, il les tournent avec Gérard et Elizabeth Depardieu, Daniel Auteuil dans le rôle de Ugolin (qui devait initialement être joué par Coluche, finalement recalé à cause de son manque de véracité avec l’accent du sud), personnage simplet qui tombera amoureux d’une jeune bergère des collines incarnée par la débutante Emmanuelle Béart. Cette dernière sera la vraie révélation du diptyque. Les 2 films seront de très gros succès. Montand redevient un comédien recherché. En 1988, c’est Jacques Demy, spécialiste de la comédie musicale française qui fait tourner Montand dans « 3 places pour le 26 », avec Mathilda May. Montand chante et danse comme aux plus beaux jours. Hélas le film sera un échec commercial. En 1991, le réalisateur de « Diva », Jean-Jacques Beineix lui fait jouer ce qui sera son dernier rôle, dans « IP5 ». Quelques jours après une scène tournée sous la pluie et un gros coup de froid, Yves Montand tombe gravement malade et décèdera le 9 novembre dans sa maison près de Senlis. Il rejoindra ainsi sa Simone au paradis des acteurs.

Chanteur, danseur, acteur, un temps animateur de télévision (« Vive la Crise » dans les années 80, où il s’était essayé à expliquer les raison de la crise économique qui régnait alors en France et en Europe), Yves Montand aura tout fait ou presque. Seule la réalisation de films manque à sa biographie. Mais nous pouvons nous consoler avec tous les rôles qu’ils nous a laissé, à travers cette filmographie riche et très variée en types de rôles.

Guillaume.

007, Craig s’en va, un nouveau chapitre va s’écrire.


Dans l’histoire de la saga de l’agent secret britannique le plus célèbre au monde depuis bientôt 60 ans, inspirée je le rappelle des romans d’espionnage de l’auteur anglais Ian Fleming (qui fut aussi journaliste et officier du renseignement naval militaire britannique), le chapitre Daniel Craig (dernier à droite sur la photo ci-dessus) va se refermer avec le dernier épisode tourné avec cet acteur dans le rôle de James Bond, agent 007, dans le film « No time to die » sorti tout récemment (j’y reviens d’ailleurs en fin d’article).

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est danielcraig007.jpg

En effet, après 15 ans passés à endosser ce célèbre costume, d’abord dans « Casino Royale »(2006), titré ainsi en référence au film de 1967 réalisé John Huston avec au casting David Niven, Ursula Andress, Woody Allen, Orson Welles, Péter Sellers, qui narre les aventures de James Bond retiré du monde dans son château, après « Quantum of Solace » (2008), « Skyfall » (2012), »Spectre » (2015), « No time to die » (2021) est donc le dernier film de la série 007 dans lequel l’acteur incarne le célèbre agent secret britannique. En effet il a décidé de remiser le costume au placard des souvenirs de tournages, de rendre la fameuse Aston Martin à son garage, pour passer à autre chose. Lorsqu’il fut nommé en 2006, si certains professionnels comme fans absolus de 007 étaient sceptiques quant à son aptitude pour succéder à Pierce Brosnan dans le rôle de James Bond, il a très vite convaincu tout le monde, relancé la série, par son jeu dynamique, lié à un flegme tout britannique, son physique surentrainé lui permettant de réaliser parfois des cascades. La franchise James Bond ne s’est jamais aussi bien porté depuis qu’il a repris le rôle. Donc autant dire que celui ou celle (car oui, il est possible que dans le prochain épisode, ce soit bel et bien une femme qui tienne le rôle tant envié !, ce qui serait une première dans l’histoire de la saga), qui lui succèdera, portera une lourde responsabilité. Car vous le savez, jusqu’ici, seuls six acteurs, tous britanniques, ont incarnés James Bond : Georges Lazenby (ci-dessous, dans « Au service secret de sa Majesté », 1969), Sean Connery, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et donc Daniel Craig.

 

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est roger-moore-007.jpg

Personnellement, j’ai découvert James Bond sous les traits de Roger Moore (Le Saint, Amicalement vôtre) dans les années 80, à la télévision lors de diffusion des films ou au cinéma. J’avais donc pu observer es prestations dans « Vivre et laisser mourir » (1973) avec Jane Seymour, puis aux côtés de Christopher Lee, Maud Adams, Britt Ekland dans « L’Homme au pistolet d’or » (1974), Barbara Bach, Curd Jurgens, Richard Kiel « Requin » dans « L’espion qui m’aimait » (1977), Michael Lonsdale, Richard Kiel »Requin », Lois Chiles Goodhead dans « Moonraker » (1979), ou encore Grace Jones, Christopher Walken, Patrick MacNee (connu pour sa participation à la série télévisée « Chapeau melon et bottes de cuir ») dans l’épisode titré « Dangereusement vôtre » (1985), m’ont marqué. Dans « Rien que pour vos yeux », en 1981, il a pour partenaire une jeune comédienne, Carole Bouquet. J’avais aussi beaucoup aimé « Octopussy »,(1983) avec Louis Jourdan, Steven Berkoff, Vijay Armitraj (ex-tennisman de très haut niveau époque Mac Enroe-Borg). 

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est seanconnnery-007.jpg

Puis grâce à mon père j’ai découvert les premiers James Bond, ceux incarnés par Sean Connery (ci-dessus). Quel régal. Présence, flegme, détachement, jeu juste et des films, qui s’ils ont vieilli aujourd’hui, n’en conservent pas moins un charme évident. Outre celui cité en début d’article, je peux évoquer « Bons baisers de Russie » (1963), avec Robert Shaw (« Jaws,1975, Steven Spielberg), « Goldfinger »(1964) avec Gert Fröbe (Paris Brûle t-il », « Le salaire de la peur »…), Desmond Llewelyn alias « Q » (qui d’ailleurs sera de toute la saga jusqu’à « World is not enough » (1999), Harold Sakata, « Opération Tonnerre » avec Adolfo Celli, Claudine Auger (1965). Tous de très bonne facture. Plus tard il reviendra en 1983, dans « Jamais plus Jamais » (affiche ci-dessous), où il se confronte à Klaus Maria Brandauer et sa partenaire féminine Kim Basinger. Il affrontera Barbara Carrera. La musique du film sera signée de Michel Legrand.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est jamais-plus-jamais.007.jpg

 

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est timothy-dalton007.jpg

Puis vient la période incarnée par Timothy Dalton, avec des films sans grand intérêt. D’abord, en 1987, « The living daylight » (« Tuer n’est pas jouer »), puis deux ans après, en 1989, « Licence to kill », avec Carey Lowell, Robert Davi, ou encore le jeune Benicio Del Toro, et toujours Desmond Lewelyn, bien sûr, dans le rôle de « Q ». Dalton est trop limité dans son jeu, celui-ci se réduisant à des jeux de regards, de sourires entendus, bref là comédie n’avait que peu de place. Dur pour lui qui possède une formation d’art dramatique théâtral. Les deux épisodes ne seront pas des succès commerciaux escomptés.

 

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est piercebrosnan007.jpg

Ensuite c’est l’acteur Pierce Brosnan , vu notamment dans « Mrs. Doubtfire en 1993, avec Robin Williams et Sally Field, ou encore dans « The Ghostwriter »qui date de 2010, avec Eli Wallach, Ewan Mac Gregor, James Belushi, Kim Cattrall, qui va endosser le costume du célèbre agent secret. Avec lui et son style gravure de mode au sourire ultra-bright, coiffure toujours nickel, le sens de la comédie reviendra dans le jeu. Nous le verrons d’abord dans « Golden eye » (1995), où il fait face à Sean Bean. Ce film voit aussi pour la première fois apparaître « M » sous le traits de Judi Dench. Elle sera présente dans les deux films suivants World is not enough » (1999)et « Meurs un autre jour » (2002) .Enfin il faut savoir que c’est le premier James Bond tourné après la chute de l’URSS et la fin de la guerre froide. Un très bon cru.

Les scènes de Pierce Brosnan face à Sophie Marceau dans « World is not enough » (« Le Monde ne suffit pas »), sorti en 1999, prouvent que ce duo (Sophie Marceau incarne la méchante Elektra King) fonctionne très bien. Son sens de la comédie, de la répartie, alliés à cet humour so british, cet air détaché qu’il donne à son personnage le rendent très sympathique aux yeux du public. Loin de l’image dure et froide des agents secrets. Ce film sera d’ailleurs un vrai gros succès international pour la franchise, avec Brosnan dans le costume de 007.

Nous aurons droit en 2002 à un très spectaculaire « Meurs un autre jour »(Die another day »). Ce film vient célébrer les 40 ans d’existence de la série James Bond. Il sera truffé de références au premier de la série  » James Bond contre Dr. No ». Les scènes censées se passer à la frontière de la Corée, d’où il s’échappe en char, les scènes d’escrimes, la scène finale avec l’avion en feu qui se désintègre (curieusement l’épisode 9 de « Star Wars » possède ce même genre de scène), feront de ce film un des meilleurs de la saga. Le tout sur un rythme incroyable.

En 2006, Daniel Craig prendra le relais jusqu’à aujourd’hui, avec le succès que l’on sait. « No time To Die », réalisé par Cary Joji Fukunaga, qui clôt donc sa participation à la saga 007, nous montre Craig, retiré des affaires, passé du côté de la CIA, mais rappelé par le MI6, pour résoudre une affaire suite au vol d’arme bactériologique mortelle. On y retrouve aussi Léa Seydoux, témoin de la mort de sa mère, puis plus tard, confrontée à son tueur. On découvre Craig en père de famille, tourmenté, tiraillé, loin du personnage parfois froid, lisse qu’il pouvait incarner au début et qu’il s’est évertué à rendre plus humain au fil des films.

Les cascades, courses poursuites  sont réglées superbement. La séquence d’ouverture est époustouflante. Surtout ce film nous présente la personne (je garde le mystère, vous découvrirez son identité par vous-mêmes en allant voir le film) qui va succéder à Daniel Craig pour incarner 007, ce qui d’ailleurs amène des scènes assez cocaces. Le casting est brillant, avec Ralph Tiennes (M), Rami Malek (Safin), que l’on avait découvert sous les traits de Freddie Mercury dans « Bohemian Rhapsody », rôle pour lequel il fut oscarisé, Naomie Harris (Miss Moneypenny), Anna de Armas (Paloma), Lashana Lynch (Nomi), Ben Whishaw (Q). Les lieux de tournage sont encore une fois très variés, allant de l’Italie à Cuba en passant par le Japon, le Danemark. Voir ce dernier volet vaut le coup, assurément. 
Seul bémol, la musique de Hans Zimmer, et la chanson d’ouverture, qui ne restera pas dans les annales. A propos de musiques, si donc vous connaissez évidement le thème principal composé par John Barry, vous aurez sans doute noté ces dernières années que chaque film de la saga est accompagné d’une chanson-titre interprétée par un ou une artiste. Ainsi il eu récemment Adèle pour « Skyfall » en 2012, Sam Smith pour « Writing’s on the wall » tiré de la BO de « Spectre » en 2015, mais il y a eu également au générique de la saga des artistes telles que Shirley Bassey avec « Diamonds are forever » pour le film du même titre en 1971, Tina Turner en 1995, pour « Golden eye », le groupe A-HA en 1987 pour « Living Daylight », Duran Duran avec « A view to a kill » pour le film de 1985 « Dangereusement vôtre », et donc pour le tout récent « No time to die » c’est la chanteuse Billie Eilish qui s’y colle avec « No time to die ». 

Je vous laisse avec quelques bandes annonces des différents films de la saga 007. Cela rappellera sans doute des souvenirs à nombre d’entre vous.

Guillaume.

Asia, Phoenix du rock progressif.


Pour fêter dignement ses 40 années d’existence, le groupe anglais de rock progressif Asia (photo ci-dessous), a décidé de publier un coffret qui contient de 5 cd, avec un double album live enregistré à Tokyo en, 2007, qui marquait la réunion du band initial (Geoff Downes, Steve Howe, John Wetton, Carl Palmer), ainsi que 3 albums studios, témoins de ce regroupement, à savoir « Phoenix » (2008), « Omega » (2010), enfin « XXX » (2012). De quoi nourrir donc la curiosité des fans comme de celles et ceux qui ne connaitraient pas encore ce groupe, malgré sa déjà longue et riche carrière tant scénique que discographique. Ce groupe a en effet publié 12 albums entre 1982 (« Asia ») et 2014 (« Gravitas »). Dont 7 portent un titre avec pour base la lettre A (outre Asia déjà cité, Alpha, Astra, Aqua, Aria, Arena, Aura).

A titre personnel, j’avais découvert ce groupe à l’orée des 80’s, lors de la sortie de leurs deux premiers albums, « Asia » en 1982 suivi de « Alpha » en 1983. Pochettes au design très élaboré, musique très planante, orchestrations faisant parfois penser à du Supertramp (deuxième photo ci-dessus) ou à des groupes tels que Genesis période Peter Gabriel, ou encore Barclay James Harvest, Yes ou Rush. La seule chose qui les détachait des groupes précités étaient la voix de Greg Lake (bien que celles de Rick Davies ou Peter Gabriel soient de très bon niveau) et ce son de claviers-synthés très particulier, moderne, aérien. Dans ces albums, j’avais pu découvrir des titres comme « Heat of the moment« , « Don’t cry« , ou encore le très beau « Sole Survivor « . De purs joyaux. 

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est asia.fantasialive.jpg

Mais revenons au coffret qui nous occupe, le fameux « Reunion Albums, 2007-2012 ». Sur le double live enregistré à Tokyo en 2007 (pochette ci-dessus) marquant les vraies retrouvailles du groupe, il est possible de découvrir des perles comme « Time again », « Wildest dreams », « Cutting it fine », le célèbre « Don’t cry », ou encore le complexe « Fanfare for the Common man ». Ce qui saute aux yeux sur ce double live, c’est que les comparses ont tout de suite retrouvés leurs marques musicales, faisant du même coup renaître la magie de leurs compositions. Bien sûr, la voix de John Wetton n’est plus tout à fait la même mais se défend cependant très bien lorsqu’il s’agit de monter un peu haut. Les plus grincheux diront certainement que le son a un peu vieilli, mais là encore, le groupe a apporté un soin particulier afin de faire en sorte que ses anciennes compositions reprennent une fraicheur bienvenue. Et ça fonctionne. Ce qui saute aux oreilles, c’est la différence entre l’aspect propre, très léché, presque clinique parfois des morceaux en versions studios et leurs restitutions en live, plus échevelées, plus rock dans l’esprit. On passe même parfois du rock progressif au jazz-rock dans le même morceau. Les compères s’en donnent à coeur joie.

Sur « Phoenix« , qui donc date de 2008, soit un an après la reformation du groupe, si les musiciens ont pris de l’âge, ce qui frappe l’auditeur, c’est que leur musique reste puissante, dynamique, mélodique, et que John Wetton semble de retour avec une voix en pleine possession de ses moyens. « Never again » ouvre joliment l’album. Le quatuor est en osmose totale. S’ensuit le superbe « Nothing’s Forever », avec introduction d’une guitare acoustique aux accents flamenco, jouée par le talentueux Steve Howe. Figure aussi un triptyque « Sleeping giant / No way back / Reprise », qui mélange parties instrumentales et chantées dans une maîtrise remarquable. La chanson « I will remember you » est un pur joyau avec son introduction de cordes (violons), mélodieux à souhait. Le reste du disque est au diapason, une enfilade de morceaux soyeux, virtuoses, parfois qui pourraient être de vraies saga, mais une chose est sûre, l’auditeur ne s’ennuie pas une seconde en écoutant ce disque.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est asia.-omega..jpg

Passons maintenant à « Omega« , sorti en 2010. La pochette (voir ci-dessus), un regard de tigre avec deux yeux bleus, genre tigre des neiges. Et ça démarre fort avec « Finger on the Trigger », un morceau entraînant, solide. « Through my veins », qui suit, est magnifique de subtilité, de musicalité. Certains titres sont plus ronflant tels « Listen, children » ou « End of the world ». Le titre « Emily » est une belle composition. Sur cet album résolument plus pop que ses prédécesseurs, on trouve un titre « I’m still the same », qui illustre cela. Gros son, rythme soutenu, avec des synthés peu originaux pour une fois. « There was a time » nous plonge dans une ambiance médiévale. Plaisant. Le rythme est celui d’une promenade dans les landes irlandaises ou écossaises. Dépaysant.

Pour terminer cette chronique, intéressons-nous au dernier album de ce coffret, à savoir « XXX« , publié en 2012. Sur la pochette verte (au-dessus), un dragon survole une nature luxuriante. Preuve des préoccupations du groupe. Préserver la nature, le monde qui nous entoure. Là encore, nos gaillards britanniques démarrent pieds au plancher avec « Tomorrow the World », une ode à la Terre. Ensuite arrive « Burry me in the willow », qui a tous les atouts d’un tube, et d’une chanson à reprendre en choeur par le public en concert. « No religion » est aussi un excellent titre, tout comme « I know how you feel ». Le clavier martelé donne le tempo du morceau, puis tout s’envole progressivement. « Face on the bridge » est très rock, loin des aspects progressif connus de leur répertoire. Pour terminer cet album, deux titres, « Reno (Silver and Gold) » et « Ghost of à chance ». Si le premier s’avère à les yeux assez classique et donc fort peu intéressant, le second qui renoue davantage avec l’essence de la musique de ce groupe, emmené ici par la voix retrouvée John Wetton, est marquant par son amplitude orchestrale. Je l’imagine joué par un orchestre symphonique. Ce serait sublime.

En conclusion, ce coffret très complet nous donne l’occasion de redécouvrir un des plus importants groupes de rock progressif qui a vu le jour dans les années 80, remettant au goût du jour un style musical qui datait de la décennie précédente. Ne boudez pas ce plaisir.

Guillaume.

Lucia D, musicienne de Fontenay.


Certains jours, la vie réserve des surprises. Venue nous déposer elle-même son premier album, Lucia Dorlet alias Lucia D est une musicienne fontenaysienne, guitariste-chanteuse en l’occurence. « Amiam« , titre de son premier opus musical, est enregistré en formation restreinte, puisque ne dépassant pas trois musiciens maximum. Elle y est en effet accompagnée de Léonce Langlois Favier au piano, et Julien Guerouet aux choeurs.

Cette image a un attribut alt vide ; le nom du fichier est luciadorlet.jpg

« Amiam » est donc composé de 7 titres, le premier étant « mes poèmes », le dernier « Sous mille feux ». Ce qui frappe d’entrée, outre la voix douce et légère de Lucia (photo ci-dessus), parfois même haut perchée, c’est la qualité d’écriture des textes pour décrire un ressenti, un amour perdu (« Amiam »). Dans « Fontenay-sous-Bois », elle évoque avec nostalgie ces souvenirs d’un temps passé dans notre ville, sur fond de piano. « Better days », seul titre chanté en anglais de l’album, soutenu de sa seule guitare acoustique, démarre doucement puis s’emballe un peu avec l’arrivée du piano et des choeurs. De quoi donner un peu d’épaisseur au morceau. « Ibrahim », raconte encore un amour, mais pour le cas, en plusieurs langues, français, espagnol, arabe, et avec un piano certes présent mais sans en faire trop. « Claire », une belle ode à sa soeur. Là encore l’écriture est très soignée, précise, presque littéraire. Pour finir ce premier mini album de 7 titres, Lucia D nous offre « Sous mille feux ». Une chanson sur un amour renaissant de ses cendres. Le piano se fait lyrique, superbe. L’ensemble de « Amiam » est agréable à l’écoute mais je ne peux m’empêcher de penser que la présence d’une basse ou contrebasse, voire parfois d’une guitare électrique, pourraient donner plus de densité à ce répertoire tout en gardant son aspect intimiste. Si cette jeune artiste se produit non loin de chez vous, poussez la curiosité, n’hésitez pas à la découvrir sur scène. Nul doute que vous passerez un joli moment.

Guillaume.